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CHARLES V LE SAGE

CHARLES V LE SAGE

Roi de France, fils aîné de Jean II le Bon et de Bonne de Luxembourg, né à Vincennes en 1338. Après la bataille de Poitiers (1356) où son père, vaincu par les Anglais, avait été emmené prisonnier à Londres, il assura la régence du royaume et négocia le traité de Brétigny avec l’Angleterre (1360). Devenu roi (1364), il imposa, avec Du Guesclin, la paix à Charles le Mauvais à Cocherel, expulsa les Anglais du royaume mais ne parvint pas à réunir la Bretagne à la France (guerre des Deux-Jeanne). Il débarrassa le pays des Grandes Compagnies, rétablit la monnaie et constitua un trésor de guerre. Il avait fait édifier ou rebâtir des monuments tels l’hôtel Saint-Pol, la Bastille, la chapelle de Vincennes et le Louvre, où fut rassemblée une imposante collection de manuscrits. Il mourut au château de Beauté en 1380.

L’histoire garde de Charles V l’image d’un roi bon et savant, sans doute grâce au contraste flatteur avec les règnes de son prédécesseur et de son successeur, tous deux désastreux. Il se voit contraint d’exercer la régence à l’âge de dix-huit ans dans des conditions déplorables. Le pays est ruiné et subit les pillages des troupes de mercenaires, et le roi est prisonnier des Anglais. Par ailleurs, il est confronté à la révolte des états de Paris, aux jacqueries des paysans et il doit lutter contre le roi de Navarre Charles le Mauvais. Jean II meurt en captivité, prisonnier des Anglais, et Charles V lui succède. Rapidement, Charles dévoile ses grandes qualités d’organisateur. Il limite les exactions des Grandes Compagnies et lève de nouveaux impôts pour renflouer les caisses de l’Etat. Il a l’intelligence de préférer des représentants de la petite noblesse aux grands féodaux, qu’il juge peu dignes de confiance. Il s’appuie notamment sur le connétable Bertrand du Guesclin, grâce auquel il viendra à bout des ambitions de Charles le Mauvais. Charles V est un intellectuel et son action dans le domaine des arts et de la culture voit rayonner la France dans tout l’Occident. Il enrichit considérablement la bibliothèque royale et fait construire le Louvre, la nouvelle enceinte de remparts de Paris, la Bastille et la Sainte-Chapelle de Vincennes. Il poursuit aussi l’œuvre d’unification du domaine royal et acquiert les comtés d’Auxerre et de Ponthieu et les duchés de Valois et d’Orléans. S’il ne remporte pas de grandes victoires, il mène une guerre d’usure qui profite aux Français à tel point qu’en 1375, les Anglais ne possèdent plus en France que la Guyenne et Calais. Le couronnement du nouveau roi d’Angleterre Richard II rouvre cependant les hostilités. La politique étrangère de Charles V se révèle moins pertinente. Il favorise l’émergence d’une Bourgogne forte en arrangeant le mariage de la fille du comte de Flandre avec son frère Philippe le Hardi, duc de Bourgogne. Mais il empêche de la sorte un mariage entre l’héritière et le roi d’Angleterre. La mort de son épouse lui porte un coup terrible. Il ne lui survit pas très longtemps et passe les derniers mois de son règne allongé dans une litière. Charles V finit par s’éteindre à quarante-trois ans dans de terribles souffrances.

Charles V, dit le Sage (1338-1380) ; roi de France [1364-1380].

Né à Vincennes le 21 janvier 1338, C. est fils de Jean II et de Bonne de Luxembourg.

D’abord duc de Normandie, il gouverne le royaume en qualité de régent pendant la captivité de son père (1356-1360). Il devient roi à la mort de celui-ci le 8 avril 1364. Les difficultés qu’il avait eu à résoudre face à Étienne Marcel et aux états généraux (1357-1358), sans compter la Jacquerie et les manoeuvres de Charles le Mauvais, roi de Navarre, l’avaient formé au gouvernement. D’un caractère prudent et mesuré, bien secondé par ses généraux, Olivier de Clisson, Bertrand Du Guesclin et Boucicaut, il reconquiert la plus grande partie du royaume, sans se montrer sur les champs de bataille. La victoire de Cocherel remportée par Du Guesclin met fin aux prétentions de Charles le Mauvais. Malgré l’échec d’Auray (1364), le traité de Guérande termine la guerre de Succession de Bretagne (1365). Charles V débarrasse aussi le royaume des Grandes Compagnies de mercenaires en envoyant une partie de celles-ci au service du marquis de Montferrat et le reste en Espagne, sous les ordres de Du Guesclin, pour soutenir Henri de Trastamare contre Pierre Ier le Cruel (1367). De nouvelles hostilités contre les Anglais sont couronnées de succès : Charles V conclut une alliance de revers avec le roi d’Écosse Robert Bruce et profite de la minorité de Richard II, qui succède à Édouard III. En 1378, les Anglais ne possèdent plus guère que Calais, Bordeaux et Bayonne. Le roi contribue à créer une flotte. Il aime les lettres et les livres, qu’il entrepose dans la tour du Louvre, lointaine origine de la Bibliothèque royale. C. commande des manuscrits somptueusement illustrés, mais aussi une importante série de traductions françaises de grands classiques : Nicole Oresme, auteur d’un célèbre traité sur la monnaie, fournit ainsi le texte, traduit du latin, de plusieurs oeuvres d’Aristote, dont l'Ethique et la Politique. Mais ce goût royal pour les oeuvres de l’esprit est moins nouveau qu’on ne l’a dit et l’humanisme parisien a déjà brillé dans le milieu des serviteurs de la monarchie sous Jean II, le roi chevalier. C. est aussi le reflet de son époque par son intérêt pour l’astrologie ; attiré à la cour, l’Italien Thomas de Pisan, père de Christine, est autant astrologue que médecin. Le plus exceptionnel chez C. est bien plutôt, outre la capacité à bien s’entourer, le grand mouvement de réflexion qui accompagne une nouvelle phase de l’idéologie royale. C’est à cette époque que les règles de succession sont définitivement mises au point, et que la loi salique (selon laquelle les femmes ne peuvent recevoir ni transmettre la couronne de France) reçoit sa formulation définitive, au prix de l’interprétation forcée d’un passage de la loi des Francs. Et dans le prologue au Songe du Verger qui lui est dédié, le roi de France est déclaré « vicaire de Dieu en la temporalité ». C. augmente les privilèges de l’Université. À Paris, il fait construire la Bastille ainsi que la muraille qui porte son nom. Marié à Jeanne de Bourgogne, il en a deux fils, Charles (futur Charles VI) et Louis d’Orléans, et une fille Catherine mariée à Jean de Berry. Il meurt à Beauté-sur-Marne, le 16 septembre 1380.

Bibliographie : R. Delachenal, Histoire de Charles V, 5 vol., 1909-1931 ; Fr. Autrand, Charles V, 1994.

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