CHAMEAU
CHAMEAU : pour connaître l'évolution de ce mot, il faut remonter au verbe grec kamptein qui signifie «courber» avec sa racine kam (être courbe). On devine ce qui a incité à dénommer kamèlos cet animal au dos courbe. Le latin camelus copie le grec ; la forme française est en partie une transposition savante. Le passage de la syllabe initiale ca en français aurait dû donner che dans une formation populaire (cf. caballu => cheval) ; le maintien de a atteste cette formation en partie savante. On trouve en ancien français des formes comme cameîl et camoille (chamelle). A partir du nom du chameau, on a inventé le mot masculin camelot (étoffe) parce qu'on croyait que le camelot était fait de poil de chameau. Selon une autre étymologie, le mot viendrait de l'arabe hamlat qui désigne une sorte de peluche de laine. Quoi qu'il en soit, ce camelot a donné camelote (produit de peu de valeur). Le mot camelote est abrégé en came dans le parler populaire d'aujourd'hui pour désigner la « drogue ». Mais l'étoffe nommée camelot n'a rien à voir avec le camelot «crieur de journaux», même si celui-ci lui doit un peu de sa forme. En réalité, ce nouveau camelot est venu de coes-melot, diminutif qui appartient à l'argot du XVIe siècle, fait sur le mot coesme, désignant le «mercier colporteur». Coesme, de même qu'un autre mot ancien caïmand (mendiant), vient du provençal caim. Le verbe caïmander (faire le caïmand), devenu caimander (jusqu'au XVIIIe siècle), a donné enfin notre verbe quémander. Voilà comment le camelot nous fait passer du chameau à la mendicité !