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CAZOTTE Jacques

CAZOTTE Jacques, Écrivain français. Né à Dijon (Côte-d'Or) en 1720, mort à Paris le 25 septembre 1792. Fils d'un greffier, il fit ses études au collège des jésuites de sa ville natale. Arrivé à Paris vers 1740, il entra dans l'administration de la marine royale. S'étant mis en relation avec des gens de lettres, il en vint bientôt à écrire des chansons, des fables et des contes qui obtinrent un certain succès, entre autres Les Mille et une fadaises (1742). En 1747, il fut envoyé à la Martinique, comme contrôleur des îles du Vent. Sa position avantageuse lui permit alors d'épouser la fille d'un haut magistrat de la Martinique. Ayant le goût des lettres, il écrivait chaque jour, sans négliger pour autant les soucis de sa charge, ainsi qu'en témoigne la rare énergie avec laquelle il repoussa l'attaque tentée par les Anglais contre le fort de Saint-Pierre (1759). Par cet exploit, il acquit de nouveaux droits à la faveur du gouvernement. Mais comme sa santé s'était altérée sous le climat des Antilles, il jugea prudent de démissionner et revint en France avec sa famille (1761). Jouissant d'une belle fortune, qui venait de s'accroître encore du fait de la mort de son frère, il put s'occuper uniquement de littérature, tant à Paris que dans son domaine de Pierry, près d'Epernay. Son premier grand ouvrage date de 1762 : Ollivier, « fable héroï-comique », sorte de poème chevaleresque en douze chants mais écrit en prose, à l'imitation de l'Arioste. Encouragé par le succès que l'ouvrage avait obtenu, il écrivit de plus belle. Sa facilité de style lui rendait la tâche aisée. Il put, en une nuit, composer tout un ouvrage d'assez longue haleine : le livret d'opéra-comique intitulé Les Sabots. Après divers ouvrages dont il est superflu de faire mention ici, sauf peut-être pour Lord Impromptu (1771), Cazotte fit paraître le livre auquel il doit vraiment sa gloire : Le Diable amoureux (1772). Ce récit fantastique demeure, sans contredit, un des petits chefs-d'oeuvre de la littérature française du XVIIIe siècle. Bien reçu à la cour et partout recherché, Cazotte avait tout pour être heureux. Cependant, on ne sait trop pourquoi, sa gaieté naturelle subit un jour une éclipse. Il donna dans l'illuminisme, allant même jusqu'à s'affilier à la secte des martinistes. Hostile à la révolution de 1789, il fut de ceux qui s'épuisèrent à indiquer à la cour des moyens de résistance. Il entretint à ce sujet une longue correspondance avec Ponteau, le secrétaire de la liste civile, et lui envoya des plans pour faciliter l'évasion de la famille royale. Cette correspondance ayant été saisie après le 10 août, Cazotte fut conduit en prison. Il avait alors soixante-dix ans. Lors des massacres de Septembre, il se trouvait à l'Abbaye avec sa fille Élisabeth, qui avait voulu le suivre pour l'assister. Par ses supplications comme par son héroïsme, celle-ci désarma les tueurs. Épargné, Cazotte fut reconduit en triomphe jusqu'à son logis. Malheureusement, trois ans plus tard, en 1792, il fut arrêté de nouveau. Condamné à mort, il monta sur l'échafaud en prononçant ces paroles : « Je meurs comme j'ai vécu, fidèle à mon Dieu et à mon roi. » De son oeuvre assez copieuse, on peut citer encore La Guerre à l'Opéra, Contes arabes et Rachel ou la belle Juive. ? « Cazotte seul, par son esprit, rappela un peu la grâce frivole d'Hamilton. » Sainte-Beuve. ? « Qui se serait attendu, dans ce siècle d'incrédulité où le clergé lui-même a si peu défendu ses croyances, à rencontrer un poète que l'amour du merveilleux purement allégorique entraîne peu à peu au mysticisme le plus sincère et le plus ardent ? » Gérard de Nerval.

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