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CATULLE Gaius Valerius Catullus

CATULLE Gaius Valerius Catullus. Poète latin. Né à Vérone entre 87 et 84 avant J.-C., mort à Sirmione entre 57 et 54 avant J.-C. Sa famille était fort en vue et entretint des rapports d'hospitalité avec César. Entre 70 et 65, Catulle séjourna à Rome, où il fréquenta un cercle de jeunes gens raffinés et ayant le culte des choses de l'esprit. Catulle est essentiellement un alexandrin; autour de lui se rassemble tout un mouvement poétique dont le thème favori est l'amour, qui aime à s'exprimer en mètres nouveaux et préfère les épigrammes, les élégies, les madrigaux aux longs poèmes. Poésie où s'affirmait l'individualiste, qui s'attaquait aux problèmes politiques et, tout en se moquant avec esprit des dictateurs, s'opposait en littérature au traditionalisme de Cicéron. Les vers de Catulle expriment la joie et la douleur, l'amour et la haine avec une grande sincérité, et parfois même un réalisme quelque peu brutal. La grâce élégante et déliée de son style passe des formes les plus élevées de l'expression à un langage courant et même trivial. Le moment culminant de sa vie et de son inspiration est sa rencontre avec Lesbie (pseudonyme de Clodia), soeur du tribun Clodius, ennemi mortel de Cicéron, et femme de Q. Metellus Celere. Belle et sans scrupules, aussi infidèle à Catulle qu'à son mari (même si elle fut moins corrompue que Cicéron nous la présente dans son plaidoyer Pro Caelio), Lesbie exalta le génie poétique de Catulle. Cette liaison, coupée de ruptures et de réconciliations, parsemée d'espérances et de joies, de mépris et d'ardents désirs, trouve son écho dans les Poésies, recueil qui comporte tout ce qui nous est parvenu de Catulle. Les autres sources de son inspiration sont : l'amitié à laquelle le poète s'abandonne avec ingénuité, et qui lui cause un violent désespoir lorsqu'elle est déçue; la satire, légère et enjouée ou cinglante et dure; la propre misère de l'auteur, qu'il exprime avec une subtile ironie. Ces thèmes sont développés avec une chaude intimité et un goût du pathétique dans ce que l'on a nommé les nugae, courts poèmes en vers variés. Les vers « doctes » les plus beaux sont d'une exquise facture alexandrine; il faut citer encore deux épithalames et des poèmes d'inspiration mythologique : Attis, Les Noces de l'hétis et de Pelée, La Chevelure de Bérénice (traduite de Callimaque, dédiée à Q. Ortalus), etc. Enfin la dernière partie du recueil comporte de courtes épigrammes en distiques élégiaques dont certains tiennent des nugae et d'autres sont plus littéraires et plus profondes. La poésie des affections familiales trouve sa plus belle expression dans les quelques vers de regret sur la mort du frère du poète. On considère Catulle, avant Cornélius Gallus, comme le véritable fondateur de l'élégie romaine. Il fut le premier à introduire l'élément autobiographique, qui distingue l'élégie romaine de l'élégie grecque. Même dans ses traductions et adaptations du grec, il sait revivre la douleur des personnages mythologiques, avec la même humanité profonde qu'il met à chanter sa propre douleur. Son amour pour Lesbie s'étant éteint, Catulle, pour apaiser sa douleur de la mort de son frère et rétablir ses finances épuisées par sa vie de dissipation, suivit en Bithynie (57 av. J.-C.) le préteur C. Memmius. Mais il ne devait rapporter que la consolation d'avoir visité la tombe de son frère; à son retour il se retira à Sirmione, sur le lac de Garde, où il mourut peu après.

? «... Ce singe qui ne sait que fredonner et Catons et Catulle,.. » Horace. ? « La grande ville de Vérone doit tout autant à son Catulle, que la petite ville de Mantoue à son Virgile. » Martial. ? « Si n'y a il bon juge... qui n'admire plus sans comparaison l'eguale polissure et cette perpétuelle doulceur et beauté fleurissante des épigrammes de Catulle, que touts les aiguillons de quoy Martial aiguise la queue des siens... » Montaigne. ? « Celui qui pourra expliquer le charme des regards, du sourire, de la démarche d'une femme, celui là pourra expliquer le charme des vers de Catulle. » La Harpe. ? « [Avec CatulleJ la poésie latine entre dans une nouvelle phase. Sans rien perdre jamais de ses mâles qualités natives, elle devient élégante, habile et savante, elle va bientôt arriver à toutes les perfections du fond et de la forme. En même temps qu'elle touchera les fibres les plus pures du coeur humain, elle saura charmer les esprits les plus délicats, ravir l'âme et la raison : Virgile et Horace sont déjà nés. » E. Fallex. ? « Ouvrons le Musset [des Romains], ce Catulle qui a chanté sur le ton triste, tendre et amer, qui leur plaisait le mieux, la claire perfidie des femmes, la sinistre et stupide obstination des amants. Le plus léger des coeurs, ici, devient grave. Il se sent, il se dit engagé tout entier à la Menteresse, qui fait son bien, son mal, son plaisir, et la vie de son rêve, et la vie de sa chair, avant d'en devenir l'horreur et le dégoût... Et cela va si droit à l'être, qu'alors se pose la haute question de littérature comparée : ne faut-il pas qu'un poète aussi fort, aussi neuf ait tout arraché de son fond ? Or... la puissante personnalité de Catulle a bien tiré de soi toute la matière du chant; du grand amour, il a fait, comme Heine, ses petites chansons; mais leur mesure et leur modèle ont été cherchés et trouvés ailleurs... N'importe quel Grec, même venu d'Afrique ou d'Asie, a le droit de l'interrompre et de prétendre, sans mentir, que « l'ordre est de lui », ou de chez lui, cet ordre qui conduit la voix, qui règle l'esprit et le coeur. » Charles Maurras. « Personne chez les Romains n 'a égalé la simplicité pathétique avec laquelle il a fait parler la passion, celle qui, une fois maîtresse de l'être tout entier, l'asservit, le dégrade et le torture. » Georges Lafaye.

CATULLE (Vérone, v. 84/87-Rome, 54 av. J.C.). Poète latin, grand représentant de la poésie lyrique, au temps de la République. Issu d'une famille aisée (son père était l'ami personnel de César), sa courte vie fut occupée par sa passion pour une femme, Lesbie, probablement Clodia, soeur de Clodius, l'ennemi de Cicéron. Parmi les 116 pièces qui nous sont parvenues, on distingue ses poèmes, imitations des poètes grecs de l'époque alexandrine (comme Les Noces de Thétis et de Pelée) et les oeuvres inspirées par son amour.

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