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Camille Bourniquel

Camille Bourniquel est né à Paris en 1918, est commandant de bord dans l’armée de l’air pendant la Seconde Guerre mondiale, découvre les milieux artistiques au lendemain du conflit, entre en 1946 à la revue Esprit dont il devient en 1957 le directeur littéraire. Son œuvre (ponctuée ici d’un ouvrage sur l’Irlande, là d’une monographie de Chopin, ou encore d’une pièce de théâtre : les Gardiens) est essentiellement romanesque. Ecrivain à la langue pure, respectueux de la tradition littéraire, Camille Bourniquel observe le monde avec le regard lucide de certains personnages forts : Corinne, la propriétaire d’une villa proche d’un lac en péril, ou Loris, le petit garçon de la mystérieuse cité des ombres. Dans l’ombre de ses romans, une rupture, une cassure, un bouleversement mettent terme aux rêves ou à l’éphémère beauté : Corinne, dans le Lac, se souvient des années folles, et observe, nostalgique, l’avancée foudroyante dans la région des bulldozers et de la spéculation moderne ; Loris — ou l’Enfant dans la cité des ombres — est contraint un jour de quitter l’univers spiritualiste et orinirique de la fabuleuse pharmacie paternelle pour retrouver mélancoliquement le langage du réel. A lire cette œuvre, on se prend à retrouver en chacun de nous ce qui secrètement mais indubitablement, nous relie au fantastique, nous rapproche de l’imaginaire, nous fiance avec l’au-delà des apparences froides, l’en-deçà du quotidien. Cela, aussi, pour expliquer l’importance qu’accorde l’auteur au rôle de la mémoire et à celui de la prédiction — voire de la prophétie. En fait, aucun des romans de Camille Bourniquel n’est vraiment clos : son œuvre est comme une grande maison où l’on entre et sort en liberté. Avec toujours un grand plaisir.