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BRETÔN DE LOS HERREROS Manuel

BRETÔN DE LOS HERREROS Manuel. Auteur dramatique espagnol. Né à Quel (province de Logrono, Espagne) le 19 décembre 1796, mort à Madrid le 8 novembre 1873. Venu dans la capitale à l'âge de dix ans (1806), il y fit de fort bonnes études chez les jésuites. Bien qu'il fût loin d'avoir l'humeur belliqueuse, il combattit par la suite comme volontaire dans la dernière phase de la guerre de l'Indépendance. Dès 1814, séduit par la vie littéraire, il se mit à fréquenter les cénacles de Madrid tout en collaborant à diverses revues. Il se fit connaître d'abord par un grand nombre de letrillas, poésies humoristiques dans le goût d'Iglesias et de Meléndez Valdés : genre dans lequel il excellait et qu'il cultiva toute sa vie. Néanmoins c'est au théâtre qu'il allait devoir sa renommée. Il ne put guère s'y consacrer tout à fait que vers 1828, ayant dû remplir jusque-là des charges dans l'Administration, tant à Madrid qu'à Javita et à Valence. Contrairement à maints écrivains de sa génération (Espronceda, Gorostiza et Martinez de la Rosa), il se garda de prendre part aux révolutions de toute sorte dont l'Espagne fut le théâtre durant le premier tiers du XIXe siècle. Son genre de vie assez paisible lui permit de devenir le plus fécond des hommes de théâtre de son siècle. Outre, en effet, une soixantaine de traductions (Racine, Voltaire, Schiller, etc.), il a produit cent soixante-quinze comédies originales. Bien qu'il ait fait ses premières armes en pleine époque romantique, il fut toujours rétif aux mots d'ordre de l'école. Sa contribution au Romantisme se réduit à quelques ouvrages, d'ailleurs médiocres, comme Don Fernando (1837). Possédant naturellement le goût de l'observation, loin de faire siens les modèles du jour, il se tourna vers la peinture des moeurs de son temps : avant tout, celles de la société madrilène (en particulier — la classe moyenne). Il convient de citer, parmi ses meilleures comédies : Je me rends à Madrid [1826], Les deux cousins [1828], Je retourne à Madrid (1828), Marcelle ou Lequel des trois (1831), Un tiers en litige (1833), Un Fiancé pour la jeune fille (1834), Tout est farce en ce monde (1835), La Rédaction d'un journal [1836], Meurs et tu verras... (1837), La Caque sent toujours le hareng [1840], L'Êcole du mariage (1852). Tout ce théâtre se signale par la précision du trait et la sûreté du métier comme par la vertu comique. Sans viser à la profondeur, Breton de los Herreros atteint souvent dans l'analyse des passions un rare degré de pénétration. Bien que de nature il soit assez pessimiste, il n'en donne pas moins le change par un certain don du rire qui purifie tout. Ajoutons qu'il dépasse tous ses contemporains dans l'art de montrer les détours du coeur féminin. Conservateur de la Bibliothèque Nationale (depuis 1847), Breton de los Herreros devint, l'année suivante, Secrétaire Pertétuel de l'Académie Espagnole.

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