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BOURGOGNE

BOURGOGNE II convient de ne pas confondre le comté de Bourgogne (à peu près la Franche-Comté actuelle) avec le duché du même nom. Durant toute la période, le premier - sauf pendant quelques années sous le règne de Louis XI - échappe à l’influence française. Au moment de l’élection d’Hugues Capet, le duché, lui, est dans la mouvance française et, sous le règne de ses successeurs, les ducs tiennent une place de choix dans la vie du royaume, grâce, en particulier, à une active politique matrimoniale. Les épouses des rois Louis X, Philippe V et Charles IV, par exemple, ou encore les fameuses « brus adultères » de Philippe IV le Bel, étaient toutes bourguignonnes. A partir du milieu du xive siècle, sous l’impulsion du duc Philippe le Hardi, le frère puîné de Charles V (qui associe duché et comté de Bourgogne, Artois et Flandre), puis de son fils Jean sans Peur, va se constituer un véritable État bourguignon qui, un temps, rivalisera avec son voisin français. Sous le long règne de Philippe le Bon (1419-1467), cet État, qui s’étend de la mer du Nord au Jura, connaîtra une remarquable prospérité en même temps qu’un vif éclat intellectuel. Parvenu à son apogée sous le règne de Charles le Téméraire, cet empire disparate s’effondrera après la mort de ce dernier. Louis XI récupérera alors le duché de Bourgogne, l’Artois, la Picardie et le Boulonnais, le reste passant aux mains des Habsbourg (voir aussi Saint Empire romain germanique).

  BOURGOGNE (duché de) Après l'extinction de cette première maison de Bourgogne (1361), le duché fut donné en apanage à Philippe le Hardi, quatrième fils du roi Jean le Bon (1364). Sous les Valois (1364/1477), le duché de Bourgogne devint, au XVe s., le plus puissant et le plus prospère État de l'Europe occidentale. Philippe le Hardi (1364/1404) et Jean sans Peur (1404/19) cherchèrent à jouer le premier rôle en France, durant les crises du règne de Charles VI ; Philippe le Bon (1419/67) fit la même politique et s'allia ouvertement avec les Anglais ; mais, son indépendance ayant été reconnue par Charles VII (traité d'Arras, 1435), il se détourna des affaires françaises pour se consacrer entièrement à l'État bourguignon dont les territoires s'échelonnaient de la mer du Nord à la Suisse. Par une habile politique matrimoniale, par des héritages, par des confiscations, rarement par la guerre, les ducs de Bourgogne avaient acquis successivement la Flandre, l'Artois et la Franche-Comté (1384), le comté de Namur (1421), le Brabant et le Limbourg (1430), le Hainaut, la Zélande, la Hollande et la Frise (1428/33) et le duché du Luxembourg (1431)... « Grand-duc d'Occident », Philippe le Bon travailla à l'unification de ses États tout en respectant les coutumes locales : institution de l'ordre de la Toison d'or (1429), création (1455) d'un Grand Conseil ambulatoire présidé par le chancelier (le plus célèbre fut Nicolas Rolin), réunion d'états généraux (1464). La cour de Dijon devint le rendez-vous européen des poètes (école des rhétoriqueurs), des artistes (Claus Sluter, Rogier Van der Weyden), des musiciens (polyphonistes « franco-flamands » tels que Binchois, Dufay, Ockeghem). Seule la Champagne et la Lorraine séparaient encore les deux parties de l'État bourguignon. Le grand dessein de Charles le Téméraire (1467/77) fut de réunir ses possessions de Flandre à celles de Bourgogne et de Franche-Comté, afin de créer entre la France et l'Empire une nouvelle Lotharingie, qu'il projetait d'étendre jusqu'à la Méditerranée. Trop ambitieux, il coalisa contre lui Louis XI, les Suisses et le duc de Lorraine René II. À sa mort (1477), l'État bourguignon fut démantelé : la Bourgogne propre revint à la France, tandis que la Franche-Comté ainsi que les provinces belges et néerlandaises allaient aux Habsbourg par le mariage de l'héritière du Téméraire, Marie, avec Maximilien Ier. Ce fut l'origine de la rivalité qui devait opposer la France et la maison d'Autriche.

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