BIZET (GEORGES)
Compositeur français né à Paris en 1838, mort à Bougival en 1875. Prix de Rome en 1857, il révéla son talent dans Les Pêcheurs de perles (1863), l'Arlésienne et surtout Carmen (1874) pourtant accueillie avec indifférence. Il n'eut pas le temps de connaître le triomphe réservé à cet opéra: la mort l'emporta le soir de la trente-troisième représentation (1875).
BIZET Alexandre César Léopold, (connu sous le prénom de Georges). Né à Paris le 25 octobre 1838, mort le 3 juin 1875 à Bougival (Seine-et-Oise). Son père, qui était professeur de chant, lui enseigna les premiers rudiments de l’art musical; dès l’âge de quatre ans il exécutait les plus difficiles dictées musicales, et à neuf ans il était admis à la classe de piano de Marmontel au Conservatoire de Paris. Six mois plus tard il obtenait un premier prix de solfège. Parallèlement à ses études instrumentales, il travaillait la composition avec Zimmermann que suppléait alors Charles Gounod. En 1852, un premier prix de piano récompensa son jeu brillant et fougueux; en 1854 il se vit attribuer un prix d’orgue dans la classe de Benoit, alors qu’il venait de s’inscrire à la classe de composition de Jacques-Fromental Halévy, le célèbre auteur de La Juive. L’Institut de France devait lui décerner en juin 1857 le Premier Grand Prix de Rome pour sa cantate Clovis et Clotilde, et le 28 janvier 1858, le jeune Bizet arriva dans la Ville Éternelle avec Fardent désir de se pénétrer de cette culture latine dont toute sa musique sera le reflet. Le premier de ses trois envois réglementaires à l’institut fut un opéra-bouffe écrit sur un livret italien : Don Procopio, dont le manuscrit a été perdu. Bizet s’attaqua ensuite à une vaste Symphonie avec chœurs sous-titrée Vasco de Gama, où il manifeste son admiration pour Bach et Beethoven. Enfin, il acheva une Suite d’orchestre en trois mouvements, dont il devait reprendre le Scherzo dans ses Souvenirs de Rome, et la Marche funèbre dans les Pêcheurs de perles. Déjà il montrait sa personnalité vigoureuse par une invention mélodique originale, et un sens de la couleur orchestrale qui le fera longtemps passer à tort pour un disciple de Wagner. A son retour de Rome, il perfectionna son métier de compositeur lyrique, en transcrivant pour le piano des opéras français, italiens et allemands qui furent publiés sous le titre, Le Pianiste chanteur. En même temps, il préparait un opéra-comique, La Guzla, dont les répétitions commencèrent Salle Favart en 1863. Mais l’auteur, soucieux de ne présenter au public que des partitions dont il fût totalement satisfait, préféra renoncer à la création de cet ouvrage, et présenter au Théâtre Lyrique Les Pêcheurs de perles qu’il venait d’achever. Les Pêcheurs reçurent un accueil assez frais, qui renforça encore les scrupules de Bizet. En 1865, il retira de l’affiche son nouveau drame lyrique Ivan IV, et le succès de ses Souvenirs de Rome aux concerts Pasdeloup ne lui fit pas oublier le demi-échec de la Jolie Fille de Perth, dont la danse bohémienne est demeurée célèbre. Six mélodies : Feuilles d'album, inspirées par des vers de Musset, Lamartine, Ronsard, Millevoye et V. Hugo, précédèrent le remaniement des Souvenirs de Rome qui devinrent la suite Roma (Allegro, Andante, Scherzo et Carnaval). Le 3 juin 1869, Bizet épousait Geneviève Halévy, fille de son ancien professeur. La même année il composait Djamileh, opéra-comique dont l’argument était tiré du Namouna de Musset, et où il pouvait manifester son goût pour un exotisme tour à tour suave, chaleureux et passionné. Le cantabile d’Haroun, le chant des bateliers, le duo final demeurent les meilleures pages de cette partition qui fut exécutée pour la première fois le 22 mai 1872. Quatre mois plus tard, L'Artésienne d’Alphonse Daudet, pièce pour laquelle Bizet avait écrit une importante musique de scène, était représentée au Vaudeville. Ici, le compositeur quittait l’Orient pour retrouver le soleil, les parfums poivrés, la tristesse fière de la Provence. Et sa route devait le conduire jusqu’en Espagne. Mais avant de livrer Carmen au public, le 3 mars 1875, il tira une petite Suite d'orchestre intitulée Jeux d'enfants de douze morceaux composés pour piano à quatre mains (Toupie, impromptu; Berceuse; Trompette et tambour, marche; Petit mari, petite femme, duo; Bal, galop). Georges Bizet fut très sensible aux sarcasmes qui menacèrent la réussite de Carmen. Dès la cinquième représentation pourtant, il pouvait entrevoir le futur triomphe de son chef-d’œuvre. Mais, profondément affecté par les violentes et injustes critiques, il devait mourir le 3 juin 1875, à Bougival où il comptait passer l’été, le soir de la trente-troisième représentation de Carmen. Peu de temps auparavant, il avait détruit la plupart de ses manuscrits qu’il hésitait à confier à un éditeur, et notamment les esquisses du Cid qui devait, l’année suivante, être présenté Salle Favart. Il demeure un des maîtres de l’art lyrique français par la concision de sa pensée, sa puissance de suggestion, la variété de son vocabulaire harmonique, la richesse et la force de son orchestration.
♦ « [Sa musique] est cruelle, raffinée, pleine de fatalisme : elle demeure quand même populaire, — son raffinement est celui d'une race. » Nietzsche. ♦ « M. Georges Bizet est un de ces ambitieux qui veulent que la Lyre chante, souffre et pleure, vive avec notre âme et nous ouvre le monde invisible, et qui ne contentent pas des turturettes... Pour ces nouveaux venus, la musique, même au théâtre, doit être non pas un amusement, une manière de passer la soirée, mais un langage divin, exprimant les angoisses, les folies, les célestes aspirations de l'être qui, pétri de fange et d'azur, est ici-bas un passant et un exilé. » Th. de Banville. ♦ «Bizet est un des musiciens qui font le plus d'honneur à l'art français... Il y a un poète antique auquel il fait penser : c'est Virgile... Comme Virgile, Bizet, tout en ayant un style personnel et bien à lui, pratique la méthode classique de l'abeille : il a des réminiscences, il fait peut-être des emprunts secrets, il prend de-ci de-là la fleur des choses; il rapproche et unifie, non pour un travail de mosaïque, mais en restant toujours fidèle au principe de la convenance de l'expression et en faisant de l'harmonie. » Combarieu. ♦ « Sa mort fut une grande perte pour l'art français, car elle arriva au moment où le jeune maître, devenu complètement sûr de lui-même, éclairé par une critique bienveillante... aurait produit sans doute ses œuvres les plus achevées et les plus accomplies. » Arthur Pougin. ♦ « Il se passionnait aussi pour les idées, fussent-elles étrangères à son art. Il avait le souci des affaires publiques et il était « avancé » en politique comme en musique. » Julien TieraotLiens utiles
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