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bestiaire

bestiaire Recueil de textes présentant des animaux réels ou fantastiques.
Commentaire Le Moyen Âge a vu fleurir de nombreux bestiaires, notamment sous la plume de Pierre de Beauvais (début du XIIe s.) et de Richard de Fournival (milieu du XIIIe s.). Dans ces œuvres, les animaux ont une valeur symbolique, religieuse ou profane, qui appelle une interprétation. Les Fables de La Fontaine (1668, 1678,1694), les Contes de Perrault (1697), les Histoires naturelles de Jules Renard (1894), les histoires pour enfants, qui mettent en scène des animaux doués de parole, s’inscrivent dans la lignée des bestiaires du Moyen Âge.
Exemple Il existe dans la mer une bête qui est appelée serre, et qui a de très grandes ailes. Quand elle aperçoit un navire à la voilure déployée, elle se dresse, les ailes étendues, s’élance au-dessus de la mer, et commence à voler à sa poursuite, comme si elle voulait rivaliser avec lui pour le gagner de vitesse [...]. La mer est le symbole de notre monde. Le navire représente les justes qui ont traversé sans danger, en toute confiance, les tourmentes et les tempêtes du monde, et qui ont vaincu les ondes mortelles, c’est-à-dire les puissances diaboliques de ce monde. La serre qui veut rivaliser de vitesse avec les navires représente ceux qui d’abord s’attachent aux bonnes œuvres, et qui ensuite en viennent à renoncer et sont vaincus par de multiples vices, à savoir la convoitise, l’orgueil, l’ivresse, la luxure, et nombre d’autres vices qui les attirent en enfer comme les ondes de la mer attirent la serre vers le fond. (Pierre de Beauvais, Bestiaire, trad. de G. Bianciotto.)



Bestiaire. Traité qui, répertoriant un certain nombre d’animaux réels ou imaginaires, en décrit les mœurs. Le genre se développe dans toute l’Europe au Moyen Age. Le premier bestiaire en France est celui de Philippe de Thaon (début XIIe siècle). Tous les bestiaires médiévaux sont issus d’une même compilation alexandrine du IIe siècle ap. J.-C., le Physiologus (ouvrage dont le nom désigne un auteur anonyme, le « Naturaliste »), qui perpétue les leçons d’Aristote. Les traits caractéristiques des animaux, qui témoignent d’une vision plus fantastique que réaliste du monde animal, ont valeur de symbole, un parallélisme s’établissant entre les comportements humains et animaliers. Le bestiaire, didactique et allégorique comme la fable, est un manuel sommaire d’histoire naturelle qui a un but moralisateur. Avec Richard de Fournival, au XIIIe siècle, qui renouvelle les règles de fonctionnement du symbolisme animal, apparaît un bestiaire d’inspiration courtoise, illustration d’une stratégie de la conquête amoureuse. Codifiée dans les bestiaires, la symbolique animalière est utilisée dans toutes les formes d’art médiéval, en littérature (ex : le Roman de Renart), comme dans les arts plastiques, peinture, sculpture, tapisserie (ex : La Dame à la Licorne, Paris, Musée de Cluny). Le bestiaire, genre essentiellement médiéval, car l’allégorie est une des figures de prédilection du Moyen Age, ne meurt pas avec lui. Apollinaire donne en 1911 Bestiaire, recueil poétique illustré par Dufy.

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