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BERNARD (Claude)

BERNARD (Claude). Illustre physiologiste français (1813-1878), professeur de physiologie au Collège de France, il fit d'importantes découvertes (foie, système nerveux). A réfléchi sur sa méthode scientifique et a exposé ses principes dans sa célèbre Introduction à l’étude de la médecine expérimentale (1865).
Bernard
(Claude, 1813-1878.) Physiologiste français, professeur de physiologie expérimentale à la Sorbonne, puis, à partir de 1855, de médecine expérimentale au Collège de France. Ses principales recherches portèrent sur la sécrétion du suc gastrique (1843), sur le rôle du pancréas dans la digestion des corps gras (1849), sur la fonction glycogénique du foie (1853) et sur le système nerveux sympathique. Il a poursuivi les travaux de Lavoisier sur la chaleur animale, et analysé les effets de certains produits toxiques (le curare, par exemple) sur le système nerveux. ♦ Globalement, il fit de la physiologie une science véritablement expérimentale, et en déduisit une analyse devenue classique de la méthode expérimentale qui consiste à abandonner l’étude de l’essence des phénomènes (leur « pourquoi ») pour ne s'intéresser qu'à leur condition d’existence (leur « comment »). Pour Claude Bernard, la seule observation anatomique du foie n’apprend rien Sur sa fonction : il faut expérimenter en dosant le glucose dans le sang pour découvrir l'organe responsable (le foie). ♦ C'est à partir de cette conception qu'il énonce les principes fondamentaux de sa discipline : rôle du déterminisme, définition d'un milieu intérieur à l'être vivant, spécificité des fonctions vitales, constance des lois de fonctionnement normal et pathologique de l'organisme. À l'encontre du vitalisme absolu, Claude Bernard a d'autre part montré que le phénomène de « la vie », bien qu'irréductible, ne pouvait être isolé du physico-chimique : il consiste en une « idée directrice » organisant ce dernier.
Œuvres principales : Introduction à l’étude de la médecine expérimentale (1865) ; Principes de médecine expérimentale (1858-1877).
Bernard C. : 1814-1878.
Docteur en médecine, célèbre par ses travaux sur la fonction glycogénique du foie, le rôle des nerfs vaso-moteurs, etc. Professeur à la Sorbonne, membre de l'académie de Médecine, de l'académie des Sciences et de l'Académie française. En 1865, paraît son œuvre essentielle L'Introduction à la médecine expérimentale qui est un véritable nouveau Discours de la méthode. Il y développe les règles de toute science expérimentale : le savant questionne la nature (rôle de l'idée-hypothèse) et l'expérience est la réponse des faits. Cette conduite expérimentale est fondée sur le raisonnement (inductif et déductif).
BERNARD Claude. Savant et philosophe français. Né à Saint-Julien (Rhône) le 13 juillet 1813, mort à Paris le 10 février 1878. Fils d’un vigneron bourguignon de situation très modeste, il apprend le latin avec le curé de son village et va ensuite faire des études secondaires aux collèges de Villefranche-sur-Saône et de Thoissey, dans l’Ain; mais la pauvreté de sa famille le contraint, à l’âge de seize ans, à prendre un emploi d’aide-pharmacien à Lyon-Vaise. A cette époque, il croit avoir une vocation littéraire et, trois ans plus tard, en 1832, il arrive à Paris apportant avec lui les manuscrits d’un vaudeville, Rose du Rhône, et d’une tragédie en cinq actes, Arthur de Bretagne, qu’il va soumettre au critique Saint-Marc Girardin : celui-ci lui déclare tout net qu’il n’a aucun tempérament dramatique et lui conseille de choisir un métier. Quelques jours plus tard, Claude Bernard s’inscrit comme étudiant à l’Ecole de Médecine. N’ayant pour vivre que le produit de quelques leçons particulières, il est reçu en 1837 à l’externat et entre à l’Hôtel-Dieu dans le service de Magendie, professeur au Collège de France; ce maître, a l’abord assez rude, aura une influence décisive sur la formation intellectuelle de Claude Bernard; de Magendie, empiriste convaincu, on a pu dire en effet que « nul ne poussait aussi loin, peut-être trop loin, le culte absolu du fait brut, et ne montrait, contre les tentations prématurées d’induction ou de synthèse, une irritation plus bougonne » (Henri Mondor). Claude Bernard devient bientôt le préparateur attitré de son maître, tout en poursuivant ses études universitaires, sans réussite remarquable d’ailleurs : en 1839, il est reçu de justesse (26e sur 29) à l’examen de l’internat; en 1843, il obtient le doctorat en médecine après une soutenance de thèse Sur le suc gastrique et son rôle dans la nutrition. La même année paraît son premier mémoire scientifique : Recherches anatomiques et physiologiques sur la corde du tympan. En 1844, il échoue à l’agrégation, à cause de la leçon assez terne qu’il avait faite sur le sang, et qui témoignait seulement de ses difficultés croissantes à se soumettre aux cadres universitaires et de l’impatience de son génie créateur avide de recherches originales. Enfermé dans le laboratoire qu’il a installé dans un réduit de la rue Saint-Jacques, délivré du souci des examens, Claude Bernard peut désormais se consacrer entièrement à de continuelles expériences dont il envoie les comptes rendus à la Société de Biologie, à l’Académie de Médecine ou à l’Académie des Sciences. La protection fidèle de Magendie va d’autre part favoriser sa carrière : en 1847, il entre au Collège de France, suppléant de son ancien maître, et, à la mort de celui-ci (1885), il lui succède comme professeur. En 1854, année de sa découverte de la glycogénie hépatique, on crée pour lui une chaire de physiologie générale à la Sorbonne et il est reçu à l’Académie des Sciences, au fauteuil rendu vacant par la mort du chirurgien Roux. De 1855 à 1859, paraissent en librairie plusieurs séries de ses leçons : Leçons de physiologie expérimentale (2 vol. 1855-56), Leçons sur les effets des substances toxiques et médicamenteuses (1857), Leçons sur la physiologie et la pathologie du système nerveux (2 vol., 1858) et Leçons sur les propriétés physiologiques et les altérations pathologiques des liquides de l’organisme (2 vol., 1859). Mais Claude Bernard, qui avait le sentiment de son originalité révolutionnaire (« La médecine scientifique, que j’avais mission de vous enseigner, n’existe pas... » : c’est par ces mots que, simple suppléant encore, il avait ouvert son cours au Collège de France), songeait depuis 1850 à un grand Traité de physiologie opératoire. En 1865, contraint à un long repos à la suite d’une entérite chronique, peut-être d’origine cholérique, il va passer sa convalescence dans son pays d’enfance et y achève sa célèbre Introduction à l’étude de la Médecine expérimentale (1865) qui devait être, dans ses projets, la préface méthodologique, soit du Traité de physiologie opératoire (publication posthume sous le titre de : Leçons de physiologie opératoire, 1879), soit de l’ouvrage dogmatique intitulé : Principes de médecine expérimentale, commencé en 1864, laissé inachevé et dont les fragments retrouvés ont été publiés en 1947 sous le titre choisi par Claude Bernard. Après l’immense succès de l'lntroduction, saluée par un fervent article de Pasteur dans le Moniteur universel et dont le professeur Henri Mondor a pu écrire qu’elle « apporte à la médecine un grand titre de noblesse et une charte », Claude Bernard, à l’occasion de l’Exposition universelle et sur la prière du Ministre de l’instruction publique, rédige un Rapport sur les progrès et la marche générale de la physiologie générale en France (1867). Il ne rentre à Paris qu’en 1868; nommé à cette date professeur de physiologie comparée au Muséum, il abandonne sa chaire de Sorbonne à son disciple Paul Bert. De nouveaux honneurs (sa nomination de sénateur par décret impérial; son entrée à l’Académie Française, au fauteuil de Flourens, le 27 mai 1869), des difficultés d’ordre privé (en 1869 il se sépare de sa femme, épousée en 1844, qui, semble-t-il, n’essaya jamais de le comprendre), enfin la profonde tristesse ressentie par Claude Bernard lors de la défaite de 1870, ne ralentissent pas le puissant rythme de sa vie de travail. Ses dernières années sont consacrées à la mise au point de la publication de ses diverses leçons : Leçons de pathologie expérimentale (1871). Leçons sur les anesthésiques et l'asphyxie (1874). Leçons sur la chaleur animale (1876), Leçons sur le diabète et la glycogenèse animale (1877), Leçons sur les phénomènes de la vie communs aux animaux et aux végétaux (1878). A sa mort, survenue à la suite d’une congestion rénale, le gouvernement, sur proposition de Gambetta, lui accorde des obsèques nationales. Outre les volumes déjà mentionnés, plusieurs inédits de Claude Bernard ont été publiés par le docteur Delhoume : Pensées (1938), Le Cahier rouge (1942). Une puissance tenace, l’équilibre, l’unité : voilà d’abord les traits caractéristiques de la figure de Claude Bernard. Sa carrière n’a pas eu à vaincre d’oppositions violentes, elle n’a pas été marquée par des querelles bruyantes, des découvertes retentissantes. Sa vie est une vie exemplaire de savant, tout intérieure. Claude Bernard pouvait aller parfois en société, aux dîners Magny, chez la princesse Mathilde, où il rencontrait Renan, Berthelot, les Goncourt, ou bien encore à Compiègne où l’invitait Napoléon III et, ces jours-là, il étonnait par ses dons de brillant causeur. Mais son état habituel, naturel en quelque sorte, c’est la méditation et le silence. Il est l’homme des laboratoires. Il y a en lui un besoin vital de la recherche, une passion de l’expérience, une ivresse impatiente de la preuve, de la découverte qui l’entraînait souvent à poursuivre ses vivisections d’animaux à son domicile même, à l’effroi et au scandale de sa famille. Claude Bernard ne cache pas son mépris pour ces « faux savants qui s’intitulent généralisateurs », car, à son avis, on ne peut atteindre aux généralisations fécondes qu’après « avoir été élevé et avoir vécu dans les laboratoires » et « qu’autant qu’on aura expérimenté soi-même et remué, dans l’hôpital, l’amphithéâtre ou le laboratoire, le terrain fétide ou palpitant de la vie ». Et ceci vaut pour l’entreprise philosophique elle-même, du moins telle que Claude Bernard entend la philosophie. Il restera toujours, dans cet ordre, un autodidacte. Il n’a pas reçu de culture philosophique universitaire. Des grandes œuvres du passé, il ne connaît guère bien que celles de Bacon et de Descartes, celle aussi de son contemporain Auguste Comte, qu’il annote tout en écrivant son Introduction à l'étude de la Médecine expérimentale. Mais sa méthodologie doit peu de chose aux livres : son immense valeur reste d’être intrinsèquement lice à la pratique, de n’être, en somme, que la traduction logique des expériences de laboratoire de Claude Bernard. Aussi, à côté des autres traités de logique, elle se distingue, et s’impose, et charme, selon les mots de Paul Jamet, par un « sentiment précis et vivant de la réalité ». Il faut d’ailleurs souligner que, tout en s’opposant vivement aux « généralisateurs », Claude Bernard ne professe pas l’idolâtrie du fait brut de son maître Magendie. Contre Bacon, et même contre Auguste Comte qui pensait que l’hypothèse ne devait plus jouer dans les sciences qu’un rôle subalterne, Claude Bernard maintient la nécessité de l’hypothèse et l’impossibilité, sans une théorie anticipée, de pratiquer des expériences, sinon à l’aventure. Seulement, la méthode hypothétique exige des correctifs : ce sera d’abord la résolution de ne tolérer que des hypothèses « prochaines », c’est-à-dire celles-là seules qui se trouvent liées par l’analogie aux faits observés; ce sera ensuite l’habitude d’un doute radical à l’égard des théories, des déductions hâtives aussitôt qu’elles apparaissent en contradiction avec un fait : « Je n’aime pas affirmer, écrit Claude Bernard; le doute est l’oreiller du savant. » La connaissance scientifique comporte donc des limites sévères. Il faut que le savant se résigne à ignorer le « pourquoi » des choses et à se contenter du « comment » ; « L’obscure notion de cause doit être reportée à l’origine des choses... elle doit faire place dans la science à la notion du rapport et des conditions. » Mais, à l’intérieur de ces limites acceptées une fois pour toutes, Claude Bernard va pouvoir démontrer — contre le préjugé encore très fort de son temps, chez un Cuvier par exemple, selon lequel la matière vivante, dans son infinie complexité, doit résister invinciblement à l’analyse de l’expérimentateur — que la méthode expérimentale, qui fait ses preuves en physique et en chimie, donc sur les corps bruts, est également applicable en physiologie, sur les corps vivants. Elle y exige, naturellement, un grand perfectionnement des techniques d’investigation : quoi qu’il en soit cependant de la complexité de l’objet étudié, la différence entre les activités scientifiques reste toujours du côté de l’objet, non du processus intellectuel, non de l’esprit, fondamentalement un. Mais la rigueur de la méthode expérimentale ne va-t-elle point établir une coupure entre la science d’une part et la philosophie de l’autre ? C’est exactement l’inverse que se propose Claude Bernard : la création d’une philosophie nouvelle, non spéculative mais pratique. Il a pu exclure la métaphysique de la science, il ne la méprise pas. Il est remarquable, au contraire, que tout en répétant l’impossibilité pour la raison d’atteindre le « pourquoi » des choses, il ne cesse, dans un tour d esprit assez kantien, d’en poser l’existence. Il y a, chez un savant aussi rigoureux que Claude Bernard, un respect de l’inconnu, qui s’exprime dans des lignes comme celles-ci : « Cette ignorance de la cause des causes fait le poète, le philosophe, quelque chose de vague et de mystérieux que je ne comprends pas, et j’en suis bien aise, car si je savais tout, je ne pourrais plus vivre. » C’est là un trait important de sa personnalité intellectuelle : toujours il s’efforce de conserver la plus grande liberté à l’égard de sa propre méthode. La fierté de cet esprit, infatigable collecteur de faits, ordonnateur d’expériences, avide de preuves, et qui proclame la nécessité scientifique du doute, se concilie ainsi avec une humilité spirituelle qui reconnaît que toutes nos connaissances sont enracinées dans un non-savoir fondamental qui est peut-être leur condition même. Claude Bernard échappe donc complètement à l’absolutisme « scientiste » de son temps et, plus qu’Auguste Comte lui-même, il incarne l’idéal comtien de l’esprit « positif ».

BERNARD (CLAUDE) Physiologiste français né à Saint-Julien (Rhône) en 1813, mort à Paris en 1878. Nommé au Collège de France en 1855, il y occupa la chaire de médecine expérimentale. On lui doit la découverte de la fonction glycogénique du foie, des nerfs vaso-constricteurs, des filets vaso-dilatateurs. Ses études portèrent aussi sur le pancréas, le suc gastrique, la chaleur animale et sa régulation, et sur certains poisons comme le curare et la strychnine.

♦ « Pasteur veut diriger la nature : moi, je me laisse diriger par elle; je la suis... Moi, je suis le secrétaire de la nature. Pasteur et les aprioristes veulent lui dicter ses réponses selon leurs idées. » Claude Bernard. « Il est si intéressant à entendre et agréable à regarder, ce Claude Bernard ! Il a une si belle tête d’homme bon, d’apôtre scientifique ! Puis il a encore un ; « On a trouvé », un On si distingué pour parler de ses propres découvertes. » Les Concourt. « On n’a rien écrit de plus lumineux, de plus complet, de plus profond sur les vrais principes de l’art si difficile de l’expérimentation. L’influence qu’il exercera sur les sciences médicales, sur leurs progrès, sur leur langage même, sera immense. » Pasteur, article du Moniteur universel sur l’introduction, novembre 1866. ♦ Sa vie, toute consacrée au vrai, est le modèle que nous pouvons opposer à ceux qui prétendent que, de notre temps, la source des grandes vertus est tarie. » Renan. ♦ « L'Introduction à la médecine expérimentale est un peu pour nous ce que fut. pour le XVIIe et le XVIIIe siècle, le Discours de la Méthode. Dans un cas comme dans l’autre nous nous trouvons devant un homme de génie qui a commencé par faire de grandes découvertes et qui s’est demandé ensuite comment il fallait s’y prendre pour les faire : marche paradoxale en apparence et pourtant seule naturelle, la manière inverse de procéder ayant été tentée beaucoup plus souvent et n ’ayant jamais réussi Deux fois seulement dans l’histoire de la science moderne, et pour les deux formes principales que notre connaissance de la nature a prises, l’esprit d’invention s’est replié sur lui-même pour s’analyser et pour déterminer ainsi les conditions générales de la découverte scientifique. » Henri Bergson. ♦ « Voir où les autres ne voient pas, pénétrer jusqu’où ils ne savent aller, s’empresser tandis qu’ils hésitent, obéir avec intrépidité aux plus audacieux développements du problème, ce n ’est qu ’une part de ses supériorités. Lire sans erreur, sans enjolivement, sans omission, la réponse d’une expérience, enregistrer ses étapes avec l’enivrante exactitude de la perfection, opter sans cesse, même contre les mouvements les plus entraînants de son invention, pour la vérité, et puis s’exprimer avec clarté, force, modestie, grandeur, voilà, jusqu’à la sublimité, d’autres traits de sa démonstration. » Henri Mondor.