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Bergson et la connaissance scientifique

« Tout le monde a pu remarquer qu’il est plus malaisé d’avancer dans la connaissance de soi que dans celle du monde extérieur. Hors de soi, l’effort pour apprendre est naturel; on le donne avec une facilité croissante; on applique des règles. Au dedans, l’attention doit rester tendue et le progrès devenir de plus en plus pénible; on croirait remonter la pente de la nature. N’y a-t-il pas là quelque chose de surprenant? Nous sommes intérieurs à nous-mêmes, et notre personnalité est ce que nous devrions le mieux connaître. Point du tout; notre esprit y est comme à l’étranger, tandis que la matière lui est familière et que, chez elle, il se sent chez lui. Mais c’est qu’une certaine ignorance de soi est peut-être utile à un être qui doit s’extérioriser pour agir; elle répond à une nécessité de la vie. Notre action s’exerce sur la matière, et elle est d’autant plus efficace que la connaissance de la matière a été poussée plus loin. » BERGSON

QUESTIONNAIRE INDICATIF

• Quel est ce « tout le monde » ? • Remarquer les oppositions : Facilité croissante— progrès... de plus en plus pénible effort pour apprendre est naturel — on croirait remonter la pente de la nature. • Que peuvent signifier ici « naturel » et « nature » ? • Qu’est-ce qui explique, selon Bergson, que nous connaissons mieux la matière que nous-mêmes (notre personnalité)? • Comment peut-on comprendre « qu’une certaine ignorance de soi est peut-être utile à un être qui doit s’extérioriser pour agir »? • La position de Bergson implique-t-elle qu’il nous soit impossible de progresser dans la connaissance de nous-mêmes? — Quel type de conversion de « l’esprit » cette position implique-t-elle pour que nous puissions progresser réellement? • L’enjeu du texte est-il de nous faire mesurer un paradoxe, ou de chercher les causes d’un état de fait et — à partir de là — déterminer comment procéder pour le changer? • En quoi ce texte a-t-il un intérêt philosophique?

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