Banalité (nom fém.)
On désigne par banalité un terme ou un discours dépourvu d’originalité, de personnalité, autrement dit une platitude. «Le duc de Réveillon parlait peu dans le monde. Et encore en parlant répétait-il plutôt une de ces banalités, un de ces lieux communs impersonnels, comme un usage auquel on se conforme, et qui ne pouvait passer pour l'expression individuelle de sa pensée particulière. » (Marcel Proust, Jean Santeuil.)
Exemple
— Quoi de neuf ? m’a-t-il dit. Vous êtes sur la Côte d’Azur ? J’ai voulu le mettre à l'aise : — C’est drôle... Je vous ai vu l’autre jour sur la promenade des Anglais... — Vous auriez dû me dire bonjour. Sa silhouette massive, le long de la promenade, et ce sac de cuir en bandoulière qu’arborent certains hommes, vers cinquante ans, avec des vestes trop cintrées, dans le but de garder une silhouette juvénile... — Je travaille depuis quelque temps dans la région... J’essaie d’écouler des stocks de vêtements de cuir... — Ça marche? — Comme ci, comme ça. Et vous ? — Moi aussi je travaille dans la région, lui ai-je dit. Rien d’intéressant... (Patrick Modiano, Dimanches d'août.)
Commentaire
Involontaire, la banalité provoque un effet de pauvreté et traduit la stérilité de la pensée. Volontaire, elle apparaît comme le masque d’une pensée qui tient à rester secrète : elle peut alors produire un effet d’affectation. Lorsqu’elle répond à un conformisme de commande, elle devient provocante.
banalité, caractère de ce qui est commun. Le nombre de réponses banales relevées dans certains tests (d’associations de mots, de Rorschach, de Rosenzweig) permet de mesurer le degré de conformité sociale et d’en déduire certaines hypothèses concernant l’adaptation, l’anxiété ou la qualité de l’intelligence d’une personne.Liens utiles
- Sans nom ni blason fiche de lecture 2022
- Corneille est un génie créateur, il a sa psychologie propre et ses personnages sont si vrais, si humains, si représentatifs que son nom a été pris pour caractériser certains mots, certains actes, certaines dispositions d'âme. On dit un mot cornélien, un trait cornélien, une âme cornélienne.
- Un des ennemis de Molière, Boursault, s'affligeait de ce que le succès de ses comédies et particulièrement de ses farces portait le plus grand tort au théâtre digne de ce nom, au théâtre « noble ». Molière abaissait l'art au niveau de la « canaille ». Que pensez-vous de ce reproche ?
- La pièce de Molière Tartuffe a pour titre le nom du personnage qui est au coeur de l'oeuvre et qui apparaît comme le personnage principal. Toutefois cette dernière affirmation semble discutable à la lecture de la pièce dans son ensemble ?
- Le romantisme a été la grande révolution littéraire moderne. On a parlé souvent de réactions contre le romantisme. On a donné ce nom à des mouvements comme le Parnasse, le réalisme, le naturalisme, le symbolisme, le néo-classicisme. Mais il ne serait pas difficile de montrer qu'ils sont bien plutôt des décompositions ou des transformations du romantisme. Commentez ce jugement ?