Baïbar ; sultan mamelouk d'Égypte [1260-1277].
Baïbar ; sultan mamelouk d'Égypte [1260-1277]. La dynastie des Ayyubides, maîtresse de l'Égypte depuis Saladin, ne maintient un pouvoir miné par les rivalités et les troubles intérieurs qu'en faisant massivement appel à des soldats venus du Nord. Le sultan ayyu-bide Al-Malik al-Salih [1240-1249] s'appuie d'abord sur des mercenaires venus du Khwarezm, puis les neutralise grâce à des esclaves (mamelouks) turcs aguerris, asservis par les Mongols et achetés dans les comptoirs de la mer Noire. Ces troupes de valeur permettent d'anéantir la croisade égyptienne du roi de France Louis IX, mais se retournent contre leur maître Turanshah, successeur d'Al-Malik [1249-1250], Un coup d'État militaire porte au pouvoir le premier sultan mamelouk, Aybak : les Mamelouks exerceront la fonction jusqu'en 1517, au cours de deux grandes périodes, celle des Mamelouks bahrites [1250-1382], ainsi nommés d'après leur caserne sur une île du Nil (bahr : « mer », « Nil »), suivie de celle des Mamelouks bourdjites, d'origine circassienne, eux aussi nommés d'après leur casernement, dans la citadelle du Caire (bourdj : « tour »). Après de sombres et sanglantes péripéties, B. devient sultan en 1260 en éliminant son prédécesseur Kutuz. Il serait né en 1223 et on l'appelle parfois aussi Bundukdar, du nom de son premier propriétaire (Marco Polo le nomme « Bondocdaire, sultan de Babylone »). Il a pris part aux grandes victoires mameloukes (La Mansûra, où Louis IX est capturé, en 1250 ; Aïn Jalud, où les Mongols sont écrasés en 1260). B. réorganise profondément l'armée, la flotte, le système de défense, les communications : quand on ne recourt pas aux pigeons voyageurs, il ne faut à un coursier que quatre jours pour aller du Caire à Damas. En janvier 1265, une énorme armée s'ébranle du Caire pour aller combattre les chrétiens. Dès cette année, B. prend Césarée et Haiffa ; en 1268, le port de Jaffa, élément clé du royaume que les chrétiens persistent à dire « de Jérusalem », puis Antioche ; en 1271, le célèbre krak des chevaliers (Hospitaliers) qui commande l'accès à Tripoli. B. a réduit la domination latine à une mince bande côtière dont les derniers lambeaux, avec Tripoli et Acre, tomberont en 1289 et 1291 entre les mains de son successeur Qalaûn. En 1276, tout juste avant son décès à Damas, il prend Césarée de Cappadoce et écrase les forces conjointes des Mongols et des Seldjoukides. Grand chef de guerre, B. est aussi un politique habile : les Mongols ayant détruit Bagdad en 1258, il accueille au Caire le dernier représentant des Abbassides et, sous couvert de légitimisme, renforce son propre prestige.
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