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BACON (vie et oeuvre)

Homme d'État et philosophe anglais. Il contribua à mettre en évidence l'autonomie des sciences par rapport à la religion et fonda la recherche scientifique sur l'idée que la nature est régie par des lois. Il est tenu pour l'un des premiers Modernes. Œuvres principales : "Novum Organum" (1620), "La Nouvelle Atlantide" (1627).

Francis Bacon est considéré comme le précurseur de la science expérimentale moderne. Il a exhorté ses lecteurs à examiner scrupuleusement les faits, tout en les mettant en garde contre la tentation de les accepter tels qu'ils se présentent.

VIE

La science de la Renaissance se détache peu à peu de la magie et de la superstition pour se fonder sur l'observation critique et l'expérimentation. Grâce à Copernic et Galilée, les mathématiques investissent les sciences de la nature.

L' homme politique
Né à Londres en 1561, il entre à Cambridge en 1573. En 1576, il se rend en France auprès de l'ambassadeur d'Angleterre à Paris. Il y reste jusqu'en 1579 et s'initie au droit. En 1584, il entre à la Chambre des Communes. Sous Jacques Ier, il est élevé au sommet des honneurs et, en 1618, devient Grand Chancelier, avec le titre de baron de Verulam. Mais sa carrière politique est marquée d'intrigues. En 1621, il est banni de la cour.

Le philosophe
Son oeuvre est abondante, écrite tantôt en anglais, tantôt en latin, comme le fameux "Novum Organum" (1620). Fin mars 1626, par un froid glacial, Bacon achète une poule et la bourre de neige pour étudier les effets du froid sur la putréfaction. Il contracte une pneumonie qui l'emporte le 9 avril 1626. Comme Pline l'Ancien, mort en observant le Vésuve, il est mort d'avoir voulu observer la réalité de trop près.

OEUVRES

Bacon est l'auteur d'une «grande oeuvre» de restauration des sciences, qu'il laisse inachevée et dont les différents livres publiés ne sont que des fragments. Il réfléchit aussi aux questions morales, juridiques et historiques et critique la religion traditionnelle.

De l'avancement des sciences (16051
Dans la première partie de sa «grande restauration», Bacon affirme, pour la première fois dans l'histoire, que pour connaître le monde, il faut pratiquer la méthode expérimentale. La logique aristotélicienne est déficiente parce qu'elle se borne à exposer des découvertes déjà existantes et ne fait pas de vérification par le contre-exemple. Pour ce qui est de la connaissance de l'homme, l'expérience doit prédominer aussi. La science de la société était jusqu'alors écrite d'une «manière dispersée». En plus de la définition d'idéaux politiques, il faut une description des «tromperies et vices» qu'on trouve dans la réalité, cette connaissance du mal étant nécessaire à l'accomplissement du bien.

Novum organum
Le titre de cet ouvrage en français est "Nouvelle méthode pour l'interprétation de la nature". A la science nouvelle, il faut fournir un instrument (Organum) nouveau (Novum) supérieur à celui d'Aristote. La connaissance des formes (ou essences) doit être obtenue par l'observation et l'induction. Or, il y a une série d'obstacles qui proviennent à la fois de notre esprit et de nos démarches. Il faut tout d'abord purger notre entendement d'une série d'illusions et ne point imposer à la nature les anticipations de notre esprit. En effet, «on ne triomphe de la nature qu'en lui obéissant» et, comme l'avait déjà dit Aristote, «connaître véritablement, c'est connaître par les causes».

La nouvelle Atlandide
Sous forme pittoresque, Bacon décrit sa méthodologie. Dans une île utopique, préservée de tout contact avec l'extérieur, un sage a établi une sorte de fondation scientifique où l'on pratique les études et les techniques les plus diverses pour obtenir de nouveaux matériaux, pour améliorer les qualités des vivants: végétaux et animaux, etc. Il y exprime aussi un rêve aux accents prophétiques: «Nous imiterons le vol des oiseaux et aurons des bateaux pour aller sous l'eau».

EPOQUE


La philosophie contre la magie
L'époque qui voit la naissance de l'esprit critique est aussi celle de la plus étrange superstition. Celle-ci n'épargne pas les plus grands penseurs. Pour se libérer des forces magiques surnaturelles, la Renaissance emprunte les voies de l'expérience. Le projet de restauration de la connaissance qui anime Bacon s'inscrit dans cette volonté de dominer techniquement la nature.

Le renouveau mathématique
Simon Stévin (1548-1620) réalise une systématisation de l'arithmétique et de l'algèbre. François Viète (1540-1603) introduit dans l'algèbre l'usage des lettres. En 1543, Copernic démontre par les mathématiques qu'il est plus commode de recourir à l'héliocentrisme. En 1597, Galilée se rallie à ce système. La faiblesse de Bacon est de n'avoir pas vu l'importance de la mathématisation de la nature.

APPORTS

Homme d'État et philosophe, Francis Bacon a marqué l'histoire de la pensée par ses théories sur l'expérience scientifique et sur l'utilité sociale du savoir. Il est à l'origine de ce que l'on devait plus tard appeler l'idée de progrès.

Science et expérience. Bacon abandonne la pensée déductive, qui procède à partir des principes admis par les Anciens, et la remplace par l'«interprétation de la nature», où l'expérience apporte des connaissances nouvelles. Cette méthode introduit dans les faits un ordre rationnel mais ne suppose pas encore d'aller et retour entre l'expérience et l'hypothèse .


Pensée et langage. Contrairement à l'imagination qui peut créer des associations erronées, la raison pour Bacon combine les idées selon un ordre naturel, qu'un langage «purifié» doit représenter. Il faut donc se défier des illusions qui trompent le jugement, de la nature de chaque homme, de la coutume ou des mots qui prêtent à confusion.


Actualité-postérité. Ses théories présidèrent aux débuts de la Société Royale des Sciences, à Londres. Au siècle des Lumières, il fut considéré comme un précurseur et appelé «le prophète du nouvel âge industriel». En considérant que «la vérité est fille du temps» et que tout savant doit renoncer aux belles constructions d'une raison trop impatiente, Bacon annonce les théories épistémologiques récentes.

BACON Francis, baron de Verulam. Né dans le Strand, près de Londres, le 22 janvier 1561, mort à Londres le 9 avril 1626. Il est l’auteur d’une vaste encyclopédie du savoir, fondée sur l’observation expérimentale et la méthode inductive, qui visait en dernier ressort à mettre la nature au service de l’homme. Sa culture s’oppose à la connaissance scolastique du Moyen Age, qu’il battit en brèche avant d’entreprendre la partie constructive de son œuvre. Son père Nicolas Bacon était Garde des Sceaux de la reine Elisabeth, et sa mère Anna Cook une femme extrêmement cultivée et d’une grande piété. C’est d’elle sans doute qu’il tint son amour inné du savoir; en tout cas elle stimula son ardeur à étudier. La position de son père lui valut en revanche de participer à la vie politique de son pays et d’être très jeune admis à la cour, de prendre goût enfin aux fastes et aux honneurs, toutes circonstances qui ne tardèrent pas à éveiller en lui l’ambition et la volonté de puissance. Toute la vie de Bacon est en effet caractérisée par ces deux passions fondamentales : amour du savoir et soif de puissance, qui dominèrent tour à tour son âme et font de lui une des figures les plus complexes de l’histoire moderne, un exemple de l’instabilité de la fortune, qui l’a comblé à la fois d’honneurs et d’infamie. Au cours de sa carrière d’homme politique et de courtisan, Bacon fut chargé de gloire et de richesses, mais il connut aussi les affres de la défaite, la honte des accusations ignominieuses, l’horreur de la misère. Ce fut dans les études qu’il trouva un réconfort et un refuge contre l’adversité, et dans le jugement unanime de l’histoire intellectuelle une source d’impérissable renommée. Ce dualisme qui éclaire les vicissitudes de l’existence de Bacon est aussi comme la clef de sa pensée : si savoir et ambition se disputent son âme, ces deux passions se fondent dans sa conception philosophique en un équilibre supérieur, en vertu duquel l’humanité trouve dans la science un instrument pour conquérir la puissance. En 1573, Bacon fut envoyé à l’Université de Cambridge pour achever ses études, et fréquenta le Trinity College pendant trois ans : il n’y conquit aucun diplôme, mais découvrit la philosophie aristotélicienne, dont il comprit les lacunes par rapport aux exigences de la nouvelle culture. En 1576 il se rendit en France, chargé d’une mission auprès de l’ambassadeur d’Angleterre à Paris. Il y resta jusqu’en 1579, et la fermentation intellectuelle qu’il connut dans les milieux culturels parisiens ne fut pas sans effet sur sa formation. Rappelé dans sa patrie à la mort de son père, il fut contraint, étant donné les difficultés financières de sa famille, d’étudier la jurisprudence pour exercer la profession d’avocat. En 1580 il entra au Gray’s Inn, collège destiné à la formation des juges et des avocats, dont il resta membre toute sa vie. Devenu avocat en 1582, il s’employa activement à trouver un poste lucratif, sans renoncer pour autant à ses aspirations scientifiques ainsi qu’en témoignent ses œuvres de jeunesse où s’ébauchait déjà, comme dans Temporis Partus Maximus qui a été perdu, le renouvellement radical du savoir dont il rêvait.
En 1584 Bacon entre à la Chambre des Communes comme représentant du Comté de Middlesex, mais il n’en résulta pour lui aucun avantage matériel, car son activité dans l’opposition et son vote, entre autres, contre la demande de subsides formulée par la Couronne au Parlement à l’occasion de la guerre contre Philippe II d’Espagne, lui valurent l’inimitié d’Elisabeth. Il rechercha d’abord la protection de son oncle, le Grand Trésorier Burleigh, puis celle de Robert Devereux, comte d’Essex, ministre et favori de la reine. Il obtint quelques charges, mais qui n’étaient guère rémunératrices. Sa situation matérielle devint si précaire qu’en 1598, bien que la publication l’année précédente de ses Essais lui eût conquis une renommée d'écrivain, il fut contraint de recourir à des usuriers, ce qui le conduisit à la prison pour dettes. En 1601, Bacon vit dans la disgrâce qui avait frappé à l’improviste son bienfaiteur le comte d’Essex, accusé d’avoir comploté contre Élisabeth, l’occasion de regagner la faveur de la reine. Avocat de la Couronne, il accusa Essex avec une telle véhémence, que celui-ci fut condamné à mort et décapité le 25 février de la même année. Chargé par la reine de rédiger la défense du procès, il n’hésita pas à flétrir la mémoire du condamné par une Déclaration des trahisons du comte d’Essex, où le disparu était représenté sous les traits les plus noirs. C’est là un sinistre épisode de la vie de Bacon : lui-même, en une apologie parue un an après la mort d’Elisabeth, essaie de justifier sa conduite, la mettant sur le compte des devoirs de sa charge et de sa fidélité a la Couronne. Mais aucun plaidoyer ne pourra le laver de la tache que jette sur sa vie un tel déploiement de forces oratoires dirigées contre l’existence, puis contre la mémoire d’un bienfaiteur. Une fois encore l’esprit devenait instrument de puissance, mais au prix peu honorable de l’ingratitude.
Bacon ne recueillit d’ailleurs pas les fruits de sa mauvaise action : la Déclaration ne parut pas assez énergique à la reine; le public, lui, jugea l’accusateur digne d’exécration. Mais la fortune parut sourire à Bacon avec l’avènement au trône de Jacques Ier en 1603. Protégé par le roi et par son favori George Villiers, duc de Buckingham, il fut élevé au sommet des honneurs en récompense des services rendus au Parlement et à la Couronne : il obtint d’abord deux pensions; fut nommé Sir; fait Conseiller Ordinaire de la Couronne en 1604; Soliciter General en 1607; Attorney General en 1613; Conseiller Privé de la Couronne en 1616; Lord Garde des Sceaux en 1617; Lord Chancelier et baron de Verulam en 1618; vicomte de Saint-Alban en 1621. Au cours de ces années, Bacon poursuit ses recherches scientifiques, ainsi qu’en témoignent ses nombreuses œuvres. Le projet qu’il avait conçu dès les années de Cambridge de cette Grande restauration des sciences, destruction du passé et fondation d’une science nouvelle, prend alors corps. Le traité en anglais, De la dignité et de l'accroissement des sciences, publié en 1605, traduit en latin avec des additions, et le Novum Organum ou Eléments d’interprétation de la nature (?) en constituent respectivement la première et la deuxième partie. Toujours dans la même période Bacon écrivit un grand nombre d’œuvres, comprises ou non dans le plan de la « grande restauration » : De la sagesse des Anciens [1609]; Parasceve ad historiam naturalem et experimentalem (1620); Histoire du règne du Roi Henry VII (The History of the reign of King Henry the Seventh, 1622]. Les ouvrages suivants ont paru à titre posthume : Lecture savante sur le statut des mœurs [The learned reading upon the statute of uses, 1600]; Valerius Terminus (1603); Partis secondae Delineatio et Argumentum (1606-1607); Pensées et vues sur l’interprétation de la nature (1607); Redargutio philosophiarum (1609); De Principiis atque originibus (1611-1620); Descriptio glogi in intellectualis (1612), etc. Pour Bacon, le chemin des honneurs ne devait pas être très long. Fidèle à la Couronne et lié aux aristocrates, il soutint sans hésitation les visées absolutistes du roi, prenant la défense des usurpations progressives de pouvoir effectuées aux dépens du Parlement. Mais le mécontentement couvait; l’opposition méditait sa revanche. Et quand l’opportunité se présenta, le Parlement, qui ne pouvait s’attaquer au roi en personne ni à son favori Buckingham, mit Bacon en état d’accusation. L’affaire ayant été portée devant la Chambre des Lords, on lui fit un procès pour vénalité et concussion. Au cours du jugement le philosophe, cédant peut-être aux prières du roi et de son favori, n’essaya pas de se décharger sur ceux qu’il avait servis, mais reconnut en partie ses torts et s’en remit à la clémence de la Chambre. Le 3 mai 1621 la sentence fut prononcée : Bacon était condamné à une amende de 40 000 livres, à être emprisonné dans la Tour de Londres pour le temps qu’il plairait au roi, à être banni de la Cour et privé de toute charge. La grâce royale atténua la rigueur de cet arrêt, et rendit un mois plus tard la liberté au philosophe, qui chercha dans les études une consolation à ses malheurs.
Au cours des dernières années de sa vie, il publia une Historia naturalis et experimentalis ad condendam philosophiam sive Phaenomena universi (1622), et une Histoire de la vie et de la mort (1623). La mort le surprit tandis qu’il achevait ce vaste répertoire scientifique qu’est Sylva sylvarum, paru à titre posthume en 1627. Il était tombé malade pour avoir voulu, par un jour de grand froid, observer l’efficacité de la neige pour préserver les chairs contre la putréfaction. Dans son testament il en appelait à la postérité pour l’honneur de son nom. En ce qui concerne la science son vœu fut exaucé.

♦ " Le chancelier Bacon ne connaissait pas encore la nature; mais il savait et indiquait tous les chemins qui mènent à elle. Bavait méprisé de bonne heure ce que les fous en bonnet carré enseignaient sous le nom de philosophie dans les petites maisons appelées collèges; et il faisait tout ce qui dépendait de lui afin que ces compagnies, instituées pour la perfection de la raison humaine, ne continuassent pas de la gâter par leurs quiddités, leurs horreurs du vide, leurs formes substantielles, et tous ces mots que non seulement l’ignorance rendait respectables, mais qu’un mélange ridicule avec la religion avait rendus sacrés. » Voltaire. ♦ « Bacon est le prophète des vérités que Newton est venu ensuite révéler aux hommes. » Horace Walpole. ♦ « Je ne sais comment je me suis trouvé conduit à lutter mortellement avec le feu chancelier Bacon. Nous avons boxé comme deux forts de Fleet Street, et, s’il m’a arraché quelques cheveux, je pense bien aussi que sa perruque n’est plus à sa place. » Joseph de Maistre. ♦ « Excommunié par de Maistre, qui croyait, peu accueilli par les héritiers de ce Descartes, qui ne doutait de rien, restez, vous, ce que vous étiez, — un libre et hardi investigateur de toute noble étude, un amateur éclairé de toute connaissance et de toute belle pensée, un écrivain éclatant et perçant, dont les mots honorent tous les sentiers où vous avez passé, et avec qui Von trouve à s’enrichir chaque jour, dans quelque voie que l'on s 'engage. » Sainte-Beuve.

BACON Roger. Moine anglais, surnommé le Docteur Admirable. Né aux environs de Ilchester (Somerset) vers 1214, mort à Oxford le 11 juin 1294. Entré dans l’ordre franciscain, il reçut à Oxford l’enseignement d'illustres maîtres tels que Adam de Marsh et Robert Grosseteste, auquel il voua une irréductible admiration et qui lui inspira certaines de ces conceptions audacieuses sur le caractère mathématique des sciences de la nature. Esprit vaste, novateur et profond — certainement un des plus grands savants de son époque —, passionné de sciences naturelles, il étudia les langues et les mathématiques : Miroir des Mathématiques, l’astronomie, la philosophie, la médecine : Des moyens de retarder les infirmités de la vieillesse et de conserver nos sens, la physique et la chimie : il découvrit que le calendrier julien était erroné, fit d’intéressantes découvertes en optique : Traité de perspective et d’optique , décela les points faibles du système de Ptolémée et fut l’un des premiers à secouer le joug d’Aristote. Familier de l’alchimie : Miroir de l'Alchimie mais adversaire de la magie : Des œuvres secrètes de la Nature et de l'Art et de la nullité de la Magie il n’en fut pas moins soupçonné de sorcellerie et de commerce avec le diable. Ardent polémiste, il s’attaqua aux plus célèbres de ses contemporains, entre autres, Albert le Grand, au point de se rendre suspect à l’Université et à son Ordre. Quittant alors Oxford, il se rendit à l’Université de Paris, où il poursuivit ses études de 1242 à 1250 environ, ne tirant profit, semble-t-il, que de l’enseignement du logicien Guillaume de Shyreswood, pour retourner ensuite à Oxford, où, en butte aux
antipathies, soupçons et persécutions, il enseigna cependant jusqu’en 1257. Frappé de l’interdiction d’enseigner et de publier, il regagna le siège de l’Ordre, à Paris, où il fut l’objet d’une étroite surveillance. Mais un de ses amis et admirateurs, Guy Foulques, devint pape en 1265, sous le nom de Clément IV, et le prit sous sa protection, lui demandant en outre de rédiger une œuvre qui pût servir de base à une réforme de renseignement ecclésiastique des sciences. Il écrivit ainsi, entre 1267 et 1268, ses trois célèbres ouvrages : l'Opus majus, l'Opus minus et l'Opus tertium, qui lui valurent une renommée retentissante ainsi que de nouvelles inimitiés : celles-ci ne se manifestèrent sérieusement qu’en 1277 (Clément IV étant mort depuis 1269), année où certaines de ses thèses furent condamnées par Girolamo de Ascoli, général de l’ordre des franciscains, et l’évêque de Paris, Étienne Tempier. Il se peut qu'il ait alors été emprisonne. Il aurait été libéré en 1292. A cette date il composa son dernier ouvrage : Compendium studii theologiae.


♦ « Parmi les choses qui le rendirent recommandable, il faut premièrement compter sa prison, ensuite la noble hardiesse avec laquelle il dit que tous les livres d’Aristote n’étaient bons qu’à brûler; et cela dans un temps où les scolastiques respectaient Aristote beaucoup plus que les jansénistes ne respectent saint Augustin. » Voltaire. ♦ « Roger Bacon fut un des génies les plus surprenants que la nature ait produits, et un des hommes les plus malheureux. » Diderot.




[…] de sa vie, la santé. La nature devient le lieu d’expérimentations les plus diverses (Bacon) ; l’homme n’ayant que des devoirs envers les autres hommes (Kant), il peut devenir […]


Bacon, Francis, baron Verulam, vicomte de Saint-Albans (Londres 1561-Highgate 1626) ; philosophe et homme politique anglais, juriste et essayiste. Fils du lord-gardien du Sceau de la reine Élisabeth, Sir Nicholas Bacon (1509-1579), neveu de Lord Burghley, et proche conseiller du favori de la reine, le comte d’Essex, B. dispose ainsi de brillantes relations qui, s’ajoutant à ses remarquables dons intellectuels et à la sûreté de son jugement en matière politique, le prédestinent à exercer d’importantes fonctions gouvernementales. Mais son ambition démesurée et trop visible ainsi que l’hostilité de la reine, qui ne lui pardonne pas de s’être opposé, à la Chambre des communes, aux exigences fiscales du gouvernement (1593), lui ferment tout d’abord la carrière politique. Ni sa participation - très critiquée - à la cruelle condamnation prononcée contre son protecteur Essex, accusé de haute trahison, ni l’avènement de Jacques Ier ne comblent ses espoirs. C’est seulement en 1607, en récompense de sa prise de position énergique en faveur d’une union étroite entre l’Angleterre et l’Écosse, qu’il est nommé sollicitor général de la couronne, avant d’être promu attorney général. Partisan d’un pouvoir monarchique fort et pourvu de tous les moyens nécessaires pour mener à bien les indispensables réformes, il contribue à la chute de son rival, Sir Edward Coke. L’idéal politique de B. n’est pourtant pas celui d’un absolutisme irrespectueux du Parlement et du droit, mais plutôt celui d’une collaboration harmonieuse entre toutes les forces de la nation. Nommé en 1617 lord-garde du Grand Sceau, et en 1618 grand chancelier, grâce à la faveur du futur duc de Buckingham, il est accusé en 1621 de corruption dans l’exercice de l’activité judiciaire liée à sa fonction. Il est alors destitué par le Parlement et condamné à de lourdes peines d’amende et de prison, mais le roi le gracie. Ses prises de position en faveur de la pacification de l’Irlande, de l’union entre l’Angleterre et l’Écosse, de la colonisation de l’Amérique, de la réforme juridique et de la suppression des derniers vestiges de la féodalité dans la vie anglaise font apparaître B. comme un homme aux vues réformatrices pénétrantes et très en avance sur son temps, mais qui n’a cependant pas pu faire grand-chose pour hâter leur réalisation, en raison de son influence politique relativement limitée. B. consacre les cinq dernières années de sa vie aux travaux philosophiques et littéraires qu’il a jusque-là menés de pair avec son activité politique, et auxquels il doit l’essentiel de sa notoriété. La grande oeuvre projetée par B., l’Instauratio Magna, devait être une synthèse encyclopédique de la totalité du savoir et poser le fondement d’une nouvelle méthode d’acquisition des connaissances ; elle devait par là montrer à l’humanité comment rétablir sa domination sur le monde, perdue à la suite du péché originel. Cet ouvrage est resté à l’état d’ébauche. Son fragment le plus important, le Novum Organum, met l’accent sur l’expérience comme point de départ de toute connaissance et revendique une démarche inductive de la science fondée sur l’expérience ; cet ouvrage a beaucoup contribué à populariser l’étude des sciences de la nature et à émanciper la recherche scientifique vis-à-vis du contrôle exercé par l’Église. Par ses Essais, B. est également à l’origine d’une nouvelle forme littéraire. Son style élégant, sa prose expressive en font un des plus grands maîtres de la langue anglaise.

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