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BACHELARD (vie et oeuvre)


Philosophe français dont l'œuvre est consacrée à une réflexion sur la rationalité scientifique contemporaine, ainsi qu'au symbolisme des éléments (eau, feu, etc.) dans le discours poétique. Principaux ouvrages : "Le Nouvel Esprit scientifique" (1934) "La Formation scientifique" (1938), "La Psychanalyse du feu" (1938).
A une époque de grandes révolutions scientifiques, Gaston Bachelard s'efforce de faire la part de l'imagination dans la théorie scientifique et, inversement, de proposer une science objective de l'imagination poétique. Gaston Bachelard a consacré une grande partie de son œuvre à l'étude de l'imaginaire . Il s'est penché sur la rêverie matérielle: rêverie du feu, de la terre, de l'air, de l'eau. Il a également étudié le psychisme du rêveur dans un ouvrage dont le titre est «La Poétique de la rêverie»..
VIE
Le passage du XIXe siècle au XXe siècle se caractérise par de grandes révolutions philosophiques et scientifiques, et annonce le drame de la Première Guerre mondiale.
Formation
Parcours intellectuel
OEUVRES
Gaston Bachelard s'efforce de distinguer la part de l'imagination dans l'esprit scientifique. Il propose par ailleurs de fonder une science objective de la création poétique.
Essai sur les connaissances approchées
Dans ce premier livre, Bachelard soutient qu'en physique comme en mathématiques, il n'existe pas de connaissances exactes et définitives. La connaissance scientifique est une suite d'approximations.
L'Intuition de l'instant (1932)
S'opposant à Bergson qui soutient que le temps est une durée, Bachelard montre que nous ne saisissons le temps qu'au cœur de l'instant vécu, nouveau, «créateur».
Le nouvel esprit scientifique
Bachelard, réfléchissant sur les problèmes de la science contemporaine (relativité d'Einstein, mécanique non newtonienne), montre que les chemins de la découverte vont du théorique à l'expérimental.
La Formation de l'esprit scientifique (1938)
L'idée principale de ce livre est qu'il s'agit de «psychanalyser» l'esprit scientifique afin de le purifier. L'inconscient «désirant» a tendance à déformer le réel. Former un esprit scientifique, c'est lui apprendre à renoncer à l'affectivité , à séparer les intérêts qu'il porte spontanément à la vie et les intérêts, plus austères, qui sont ceux de la science objective.
La Psychanalyse du feu (1938)
Cet ouvrage introduit l'autre aspect des recherches de Bachelard. Il s'agit d'une première étude sur l'imagination comme puissance première de l'esprit humain. Bachelard se propose de fonder une «chimie», une «physique» de la rêverie qui pourrait «préparer des instruments pour une critique littéraire objective». Les grands aspects élémentaires de la nature sont la source de l'imagination poétique. Après le feu, Bachelard étudiera l'eau ("L'Eau et les rêves"), l'air ("L'Air et les songes"), la Terre ("La Terre et les rêveries de la volonté"), la rêverie elle-même ("La Poétique de la rêverie").
EPOQUE

Les bouleversements scientifiques

Travaux de Hertz (découverte des ondes électromagnétiques -1886), de Roentgen (rayons X -1895), de Pierre et Marie Curie (radium - 1898), de Einstein (théorie de la relativité restreinte - 1905), de Rutherford (désintégration artificielle de l'atome -1918), de Louis de Broglie (mécanique ondulatoire - 1923), de Heisenberg (mécanique quantique - 1924).
Les courants intellectuels
APPORTS
Non seulement Bachelard est l'un des plus grands épistémologues de ce siècle, mais il a également su jeter les bases d'une nouvelle critique littéraire.
Le philosophe et les sciences. Bachelard montrera que les sciences n'avancent pas en affirmant mais en niant les certitudes passées. D'autre part, les sciences s'approchent du réel, mais ne le connaissent jamais totalement. L'approximation est plus féconde que la certitude.
Enfin, Bachelard se proposera de «psychanalyser» les connaissances objectives afin de les «purifier», c'est-à-dire d'éduquer l'esprit scientifique. L'esprit scientifique, pour bien connaître, doit se méfier de ses désirs, de ses rêveries inconscientes.
Le philosophe et la poésie. Bachelard, en constituant une doctrine de l'imagination, offre à la critique littéraire des outils aussi solides que féconds.

Postérité-actualité. Les sciences avancent, la littérature reste… Pour qui s'intéresse à l'histoire des sciences, Bachelard est un auteur majeur. Mais il faudra d'autres philosophes pour analyser les méthodes des sciences à venir. En ce qui concerne l'aspect poétique de son oeuvre, le temps peut passer. Privilège des poètes: ils ne meurent jamais…


Gaston Bachelard est un personnage hors du commun. Né à Bar-sur-Aube, employé des postes, licencié ès sciences puis professeur de physique et chimie dans la même ville, il réussit en 1922 l'agrégation de philosophie, et enseigne cette discipline à la Faculté de Dijon, avant de devenir un extraordinaire professeur à la Sorbonne jusqu'en 1954. Épistémologue par formation, philosophe par passion, poète par imagination, il a écrit une ouvre singulière et abondante. Penseur très original, il s'enracine dans une triple tradition : - la science contemporaine de la première moitié du XXe siècle ; - Carl Gustav Jung à qui il emprunte la notion d'inconscient collectif avec laquelle il enrichira la " psychanalyse de la connaissance " ; - les poètes et les écrivains, d'Hésiode à Michaux en passant par Lautréamont. Il analyse les conditions de la connaissance scientifique et soutient qu'elle progresse essentiellement par une victoire sur les " obstacles épistémologiques " constitutifs de cette connaissance. Aussi faut-il psychanalyser notre raison car cet obstacle épistémologique est une entrave à la connaissance scientifique, entrave qui est inhérente au savoir lui-même et non pas à des difficultés liées à l'objet. La coupure épistémologique est une rupture méthodologique, c'est-à-dire un changement de concepts et de méthodes à l'intérieur d'une science. Bachelard définit l'histoire des sciences en distinguant trois étapes qui correspondent à des moments de rupture : - l'étape pré-scientifique (de l'Antiquité jusqu'au milieu du XVIIe siècle), - l'étape scientifique (de la fin du XVIIIe siècle jusqu'au début du XXe siècle), - le Nouvel Esprit scientifique (à partir de la théorie de la relativité jusqu'à nos jours). La psychanalyse de l'esprit scientifique recherchera et détectera donc des valeurs et des projections inconscientes entravant le savoir. Le rationalisme structure un centre actif où s'échangent les vérités de la raison et les vérités d'expérience : la raison se construit en dialoguant avec l'expérience et en s'appliquant à elle. Bachelard montre ainsi que la pensée scientifique, loin d'apparaître de façon immédiate, se constitue à travers une série d'étapes. Le premier des obstacles que la pensée scientifique rencontre est l'opinion. Mais la science se forme aussi contre l'immédiateté sensible, contre cet autre obstacle qu'est la " substance ", contre la certitude, ainsi que contre certaines croyances d'ordre sexuel. Ce qui caractérise le fait scientifique de notre siècle, c'est son caractère abstrait. Loin d'être donné et immédiat, il s'élabore théoriquement. Ainsi, Bachelard, en réfléchissant sur la pensée scientifique, pose également le problème de l'erreur sur le plan épistémologique. Il s'attache, par ailleurs, au registre de l'imaginaire, irréductible à une imagination simplement reproductrice. L'imaginaire dépasse infiniment le réel car il exprime la pleine liberté de l'esprit. L'oeuvre de Bachelard possède donc deux faces, une face diurne et une face nocturne. La première rassemble la raison, l'action, et la maîtrise du monde comme de soi-même. La seconde recoupe le rêve et la poésie, le cour et le sentiment. L'invention théorique de Bachelard repose sur le fait d'avoir lié matière et âme, séparées par la tradition philosophique depuis Platon. La matière a, de fait, une âme comme l'indique la langue poétique. Et l'âme ne se sépare pas d'une matière, car toute émotion s'appuie originellement sur l'un des quatre éléments (eau, terre, air ou feu) pour pouvoir se communiquer. C'est par le monde que l'émotion crée son propre monde. Il faut donc corriger quelque peu l'image dualiste que Bachelard nous offre. Certes, il s'est toujours gardé de confondre science et poésie. Mais son analyse du mouvement, qui ne cesse d'induire des effets dans l'âme et dans le langage, ouvre sur une fascinante unité de la nature et du langage mise en évidence par la poésie qui supprime les oppositions de la tradition métaphysique et rationaliste.

[…] en tout cas en ce sens que Bachelard nous invite à réfléchir : « L’arithmétique n’est pas plus que la géométrie une promotion […]

[…] sérieux et terrible comme un sphinx, n’est pas difficile à psychanalyser », note G. Bachelard, La “Formation de l’Esprit scientifique“, Vrin, p. 248) ou de ses fonctions […]


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