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AUTRUI

Du latin alter, « autre ». - Adjectif : différent, dissemblable. - Nom : toute conscience qui n’est pas moi. - Autrui : les autres hommes, mon prochain. • Platon identifie l'Autre à l'hétérogène, au divers et au multiple, par opposition avec le Même et l'Un. • Pour Kant, l'humanité en tout homme est sacrée. Aussi la loi morale nous interdit-elle de ravaler autrui au rang d'un moyen au service de nos fins. • Comme l'a bien remarqué Sartre, l'Autre est fondamentalement mon alter ego, c'est-à-dire ce moi (ego) « qui n'est pas moi » (alter).

AUTRUI. n.m. L’être humain avec qui je suis en rapport d’échanges, d’amitié. Proche du terme chrétien de «prochain». — «Vivre pour autrui» (Auguste Comte). Moi-avec-autrui (Merleau-Ponty). Heidegger, après Husserl, a insisté sur la dimension essentielle de l’intersubjectivité du Mit-sein («être-avec»).

AUTRUI

« C’est l’autre, c’est-à-dire le moi qui n’est pas moi » (Sartre). ♦ Ce mixte de proximité et de distance, s’il nous interdit de mettre autrui entre parenthèses au nom d’une autonomie individuelle qui n’est que pure fiction idéologique, comme le montre Marx, peut en revanche donner lieu à un véritable affrontement illustré sur le plan existentiel par l’analyse sartrienne du regard. Autre danger : l’indifférenciation anonyme du « on » qui nivelle les différences entre les sujets. ♦ La qualité des rapports que l’homme noue avec autrui dépend donc non seulement de la sympathie qui est investie, mais aussi de la connaissance réciproque des protagonistes, et, à cet égard, rien ne remplace, semble-t-il, les vertus du dialogue. C’est notamment ce que soulignent certains courants phénoménologiques (Husserl, dans les Méditations cartésiennes, Merleau-Ponty, dans la Phénoménologie de la perception), qui n’affirment pas pour si peu l’abolition de la distance entre les consciences ou les sujets, mais proposent des analyses permettant d’échapper à ce qu’il y a de potentiellement conflictuel dans la façon dont les consciences cherchent à faire réciproquement reconnaître leur liberté (cf. Hegel, dialectique du maître et de l’esclave dans la Phénoménologie de l’esprit). ♦ C’est précisément en scrutant le face-à-face indépendamment de tout désir de fusion, et parce qu’autrui constitue originellement l’affirmation d’une altérité radicale, que Levinas s’écarte de toutes les analyses antérieures : si autrui exige mon respect (qui n’est ni amour ni indifférence), c’est par la signification que porte son visage, équivalant à une sommation morale, dès lors que l’on parvient à le voir avant qu’il se confonde avec un groupe, une famille ou une communauté. Ce que suggère le visage, c’est la loi « Tu ne tueras point », et autrui devient alors l’origine de l’exigence éthique. Médité à la façon de Levinas, autrui par sa seule présence invite à inverser les relations entre la métaphysique et l’éthique : alors que toute la tradition philosophique considère la première comme fondatrice, c’est au contraire l’éthique qui garantit la possibilité de la vie en commun.

AUTRE / AUTRUI

1. Dans la philosophie classique, l'Autre est l'un des termes du couple : «le Même et l'Autre» qui désigne deux concepts fondamentaux de la pensée, à savoir l'altérité (toute chose, tout être n’existe qu’en étant séparé, différent, des autres) et l'identité (toute chose, tout être doit aussi se définir par le fait de demeurer identique à soi-même, de demeurer le même).

2. Autrui désigne tout autre homme qui n’est pas moi, qu’il ait un visage individuel ou un visage collectif (l’autre ou les autres). J.-P. Sartre écrit : «Autrui c’est l’autre, c’est-à-dire le moi qui n’est pas moi » — c’est-à-dire un sujet que je ne suis pas.