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ATTILA ET LES HUNS

Roi des Huns en 432, surnommé le « fléau de Dieu », il dévasta l'Europe jusqu'à l'Adriatique et soumit les empereurs d'Orient et d'Occident. Franchissant le Rhin, il ravagea la Gaulé, épargnant toutefois Lutèce défendue par sainte Geneviève, mais fut vaincu par le général romain Aetius aux champs Catalauniques (451). L'année suivante, il s'avança jusqu'à Rome que le pape Léon III sauva en négociant. Il mourut eh 453 et son vaste empire se morcela.

HUNS Nom donné à des peuplades turko-mongoles établies tout d’abord vers la mer d’Aral et le Causase et qui, du Ier au Ve siècle, menacèrent ou soumirent tantôt leurs voisins méridionaux, tantôt ceux de l’Orient, tantôt ceux de l’Occident. À plusieurs reprises, ils faillirent se rendre maîtres de l’Empire chinois, mais en furent repoussés vers la fin du Ier siècle. Se retournant alors vers les territoires situés à l’Ouest, ils furent à l’origine des Grandes Invasions. En 405, ils occupèrent le bassin du Danube. En 406, divisés en plusieurs branches, ils pillèrent la Perse et ravagèrent le royaume des Burgondes. Le Romain Aetius les repoussa aux champs Catalauniques (451), et ils quittèrent la Gaule. La mort de leur chef Attila (453) entraîna la dislocation de leur empire, et les peuples qu’ils avaient soumis reprirent leur indépendance.

Huns. Peuple nomade, cavaliers redoutables originaires de l’Asie centrale. Ils sont décrits par l’historien contemporain Ammien Marcellin comme des sauvages qui buvaient le sang des ennemis qu’ils avaient massacrés. Leur progression vers l’ouest au IVe siècle de notre ère, en direction de la région située au nord de la mer Noire, causa la terreur et la migration à grande échelle des peuples barbares de l’autre côté des frontières de l’empire romain. Par la suite, les Huns occupèrent la région de la Hongrie moderne, de la Roumanie et du sud de la Russie. Sous leur chef Attila, ils mirent l’Italie à sac, mais épargnèrent Rome. Après la mort d’Attila en 453, son empire fut démantelé au profit de ses fils et cessa alors de jouer un rôle important dans l’histoire.

Attila. Roi des Huns (434-453 apr. J.-C., connu sous le nom d’Etzel dans la saga germanique médiévale) ; il dirigea un empire qui s’étendait des Alpes à la mer Caspienne. En 452, il envahit l’Italie et mit plusieurs cités à sac, mais on le persuada de se retirer sans entrer dans Rome. Alors qu’il se préparait à envahir à nouveau l’Empire oriental qu’il avait ravagé dans les années 440, il mourut soudainement lors de sa nuit de noces. Ses exploits et sa mort sont le sujet des chapitres 34 et 35 de Déclin et chute de l'Empire romain d’Edward Gibbon.

Roi des Huns (vers 434/53). Après s'être débarrassé de son frère Bléda, Attila régna seul à partir de 445 et rassembla sous son autorité toutes les tribus des Huns (446). Surnommé par ses adversaires le fléau de Dieu, il envahit à deux reprises (441/43, 447/49) l'empire d'Orient auquel il imposa des tributs considérables. En 448, il envahit les Balkans et pénétra en Grèce jusqu'aux Thermopyles. Incité par le Vandale Genséric à attaquer le royaume wisigoth de Toulouse et appelé à l'aide par la princesse Honoria, sœur de Valentinien III, il fit irruption en Gaule, et s'avança jusqu'à Orléans. Mais le patrice Aetius et le Wisigoth Théodoric Ier l'obligèrent à en lever le siège. Revenant alors vers la Champagne, Attila fut vaincu à la bataille des champs Catalauniques (sans doute à Moirey, près de Troyes, été ou automne 451). Repoussé de Gaule, il répara ses forces et, en 452, surgit en Italie du Nord, dévasta Aquilée, Milan, Padoue, forçant les populations à se réfugier dans les montagnes des Apennins ou dans les lagunes de l'Adriatique. Attila fut arrêté par la diplomatie du pape st Léon le Grand, qui le rencontra à Mantoue et le persuada de s'éloigner, moyennant un tribut. Son empire ne lui survécut guère : décimés par la peste, les Huns se replièrent bientôt vers la Volga.




Attila (v. 395-453); roi des Huns [434-453]. En 375, avec une brutalité et une rapidité extrêmes, des hordes de cavaliers huns anéantissent l’armée du vieux roi des Ostrogoths Ermanaric. Trois ans plus tard, ils sont au contact des armées romaines en Thrace. Les Huns font leur apparition en Europe. Démons sortis de l’enfer, ressemblant plus à des bêtes qu’à des hommes, tels les décrivent leurs contemporains Ammien Marcellin et Claudien. Jusqu’au XXe siècle, ils survivent dans la mémoire de l’Occident comme le symbole de la force destructrice. Quelquefois pourtant s’oppose à cette image noire une autre plus claire. Ainsi le poème allemand des Nibelungen, rédigé au début du xme siècle, présente, sous le nom d’Etzel, le roi des Huns A. comme un noble souverain qu’aiment à servir les meilleurs des héros. Ce contraste entre ces deux images s’explique en partie par la formation et par l’histoire du royaume des Huns. Ce peuple nomade, de langue non indo-européenne, qui participe sans nul doute à la civilisation des Steppes mais dont on connaît mal les origines (plutôt à rechercher dans les peuples proto-turcs des K’Ouen que dans celui des Hiong-non des sources chinoises), entame au début du IVe siècle une double migration. Venus de Sibérie occidentale, situés vers 375 entre Volga et Oural, ils se dirigent alors les uns vers l’ouest, l’Ukraine, la Roumanie (v. 396) puis le bassin Pannonien (v. 390), les autres vers le sud, l’Arménie, puis l’Iran. Le groupe le plus important prit le chemin de l’ouest. Il y jouera un rôle déterminant pendant près d’un siècle. Bousculant des peuples germains (Goths) et iraniens (Alains, Roxo-lans), ils provoquent d’importants et divers mouvements de population : par exemple, alors que les Goths se réfugient dans l’Empire romain (375-378), Alains et Roxo-lans s’agrégèrent aux Huns. Ces derniers, cavaliers, vivant surtout de l’élevage, de la chasse et du pillage, n’étaient pas organisés en groupes fermés, mais se déplaçaient par clans, vaguement rattachés les uns aux autres, et opérant le plus souvent de façon séparée. Ces guerriers étaient redoutables certes, mais divisés et faciles à manipuler. Ils n’eurent pas tout d’abord de mauvaises relations ni avec l’Empire romain d’Orient qui favorisa leur installation en Pannonie (en gros, la Hongrie actuelle), ni avec celui d’Occident dont ils étaient les amis et les auxiliaires. Ils ne constituèrent un danger que lorsqu’ils formèrent vers 425-434 un véritable État, transformation qui semble être l’oeuvre des rois Mundiock et Rua, père et oncle d’A. Ce royaume comprenait pour sujets, outre de vrais Huns, des peuples turcs, iraniens et germaniques dont l’alliance ou la subordination revêtaient différentes formes, et des populations romaines. Ainsi la souveraineté des Huns s’établit finalement sur un espace immense et mal défini allant, pour certains, de la Caspienne jusqu’à l’Oder, et du Danube à la mer du Nord. Cet ensemble, où la proportion de Huns était finalement faible, constituait davantage une fédération de peuples qu’un État. Les Huns comptaient même l’empereur romain d’Orient Théodose II parmi les souverains qui devaient leur verser tribut : il avait obtenu en 430-431 qu’ils épargnent son territoire contre une redevance annuelle. Inspirée, semble-t-il, de l’État sassanide, cette royauté héréditaire avait substitué à la vieille structure sociale tribale une noblesse de cour où Romains, Germains et Huns se côtoyaient. Cependant la force de cette monarchie naissante résidait toujours dans la cavalerie héritée des tribus nomades, armée de l’arc, du lasso, de l’épée à un ou deux tranchants. Avec A., « les Huns furent la puissance dirigeante du monde barbare » (L. Musset). Son règne commence en 434, en compagnie de son frère Bleda qu’il fait assassiner vers 445. Très conscient de la grandeur de la dignité royale dont il est revêtu, A. accroît la puissance et l’autorité de la royauté, développe des embryons d’une administration centrale, transforme son palais de bois et sa cour en une sorte de capitale, la troisième en Europe, après Rome et Constantinople. Pendant les seize premières années de son règne, A. se tourne vers l’Orient, fait doubler puis tripler le tribut annuel que lui verse l’empereur Théodose II et envoie ses troupes piller l’Empire romain d’Orient, dont presque toutes les grandes villes sont ravagées (Naïssus, Viminacum, Sirmium, etc.). En 449, il reçoit même une ambassade de Théodose II. A. est à l’apogée de sa puissance. A cette époque, l’Empire d’Occident, exposé aux attaques de Barbares chassés de chez eux par les Huns, n’a pas eu à souffrir des Huns eux-mêmes. Mieux : à plusieurs reprises, il reçoit une aide armée des Huns et Aetius, ami des Huns, qui dirige l’Occident rend à A. la Pannonie occidentale. En 450, A. change de politique et regarde vers l’Occident divisé, où plusieurs groupes font appel à lui, en particulier Honoria, soeur de Valentinien III, lui offre sa main. Il ne s’agit donc pas d’une volte-face irréfléchie mais du résultat d’une préparation diplomatique. Son but ? Plus que des conquêtes, faire du butin. Le mariage étant écarté, A. marche sur les Gaules au printemps de 451 avec 30 000 hommes. Il remonte le Danube, traverse le Rhin vers Mayence, ravage Trêves, Metz, néglige Lutèce, pousse jusqu’à Orléans atteint le 14 juin. Pendant ce temps, Aetius a rassemblé une armée composite que renforcent les Wisigoths de Théodoric. Le 20 juin 451, le choc a lieu aux champs Catalauniques (Campus Mauriacus) entre Troyes et Châlons. Pour A., c’est une semi-défaite : il rentre en Pannonie. Dès l’année suivante, il descend en Italie, y apporte la dévastation (prise d’Aquilée, de Milan, de Pavie, Padoue, Vérone) et, alors qu’il songe à marcher sur Rome, rencontre le pape Léon Ier et deux hauts dignitaires de l’Empire avec lesquels une trêve est négociée. A la fin de l’été, les Huns sont de nouveau en Pannonie où A. meurt brusquement (453). Son royaume ne survécut pas aux luttes entre ses fils qui se disputent son héritage tandis que les peuples soumis reprennent leur autonomie. Les Huns disparaissent rapidement de l’histoire de l’Occident et après le règne de Zénon [474-431] c’est un silence définitif. Leur importance historique, amplifiée par la littérature, réside dans une certaine accélération de la crise du monde ancien qu’ils ont provoquée. La réunion de presque toutes les forces des Barbares - en particulier des Germains - installés au nord des Alpes sous leur souveraineté leur a rendu possible l’exploitation complète de l’Empire d’Orient. Cependant l’image de terreur qu’ils ont laissée n’est que partiellement justifiée. Aussi bref fut-il, l’Empire des Huns a redessiné l’image ethnique et politique de l’Europe centrale. Et ses effets sont encore sensibles aujourd’hui. Bibliographie : L. Musset, Les Invasions. Les vagues germaniques, 1969 ; Sous la direction de J.Y. Martin, Attila, les influences danubiennes dans l’ouest de l’Europe au Ve siècle, Caen, 1990.

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