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attelage

On donne traditionnellement le nom d’attelage à une figure microstructurale de construction. Celle-ci consiste en la coordination de deux dépendances syntaxiques formellement hétérogènes : nom et infinitif, infinitif et subordonnée relative ou conjonctive, nom et subordonnée, adjectif qualificatif et subordonnée - ce sont là les cas typiques les plus courants. On peut s’interroger sur le caractère figuré de ces appariements dépareillés. D’un certain point de vue, ce serait plutôt des faits de grammaire historique, correspondant à des usages langagiers d’époque, marqués d’aucune particularité (sinon, pour nous, que ce ne sont plus les nôtres), comme il arrive par exemple souvent dans la langue du xviie siècle, vue depuis le xxe ou le xxie siècle. Mais il peut y avoir des faits plus subtils, difficilement analysables en termes d’archaïsme, de préciosité, ou d’imitation littéraire du parler populaire, comme on en trouve chez les auteurs contemporains. Ainsi dans cet échantillon de Le Clézio (c’est un personnage qui parle) : je lui ai dit non, et de partir. L’attelage réside dans la coordination, en fonction de complément d’objet premier, de non et de de partir : tous deux complètent le verbe, l’un est direct et a la forme d’un adverbe, l’autre est indirect et a la forme d’un infinitif. Ajoutons que l’attelage se combine ici avec un jeu sur les modalités du verbe de discours dire. L’attelage est donc éventuellement plus intéressant qu’on serait porté à le penser : c’est-à-dire qu’il existe peut-être.
=> Figure, microstructurale, construction.


Attelage ailé (L') « Tout ce qui est âme a charge de tout ce qui est inanimé ; or, l’âme circule à travers la totalité du ciel, venant à y revêtir tantôt une forme tantôt une autre. C’est ainsi que, quand elle est parfaite et ailée, elle chemine dans les hauteurs et administre le monde entier ; quand, en revanche, elle a perdu ses ailes, elle est entraînée jusqu’à ce qu’elle se soit agrippée à quelque chose de solide ; là, elle établit sa demeure, elle prend un corps de terre qui semble se mouvoir de sa propre initiative grâce à la puissance qui appartient à l’âme. Ce qu’on appelle “vivant” c’est cet ensemble, une âme et un corps fixé à elle, ensemble qui a reçu le nom de “mortel”. ». Le philosophe complète volontiers par la métaphore du char : l’âme n’est pas seulement ailée ; une fois incarnée, elle ressemble à un véritable « attelage ailé ». De fait, Platon imagine que l’âme est composite et qu’elle est triple - à cette triplicité correspondra celle de La République. Il faut concevoir en effet un aurige, la raison, qui doit conduire ensemble deux chevaux qui tirent l’un et l’autre le char dans des directions opposées : un cheval noir, le concupiscible, et un cheval blanc, l’irascible. Le premier cherche à entraîner l’attelage sur le bas-côté, du côté des appétits et du sensible, le second se cabre et résiste, cherchant à maintenir sur le droit chemin le véhicule. Ces trois parties de l’âme renvoient à celles qui s’équilibrent dans la Cité juste : les philosophes conduisent en effet un attelage où peinent ensemble laboureurs (le cheval noir) et guerriers (le cheval blanc). Connaissance, désir et volonté : tels sont les trois manifestations de la vie psychique.