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ASILE

Dans l'Ancien Testament, certaines villes étaient désignées comme des lieux d'asile pouvant préserver les meurtriers de la vengeance, selon le Deutéronome (chapitre 4, 42), à condition qu'ils aient tué involontairement un homme qu'il ne haïssait pas auparavant. En se réfugiant dans l'une de ces villes, le meurtrier avait la vie sauve. L'autel pouvait servir aussi de lieu de refuge en cas de meurtre non prémédité (Exode 21,12-14). Les églises perpétuèrent cette tradition au Moyen Âge.

asile (droit d’). À l’origine tous les temples étaient asyloi, c’est-à-dire inviolables, et ceux qui venaient se réfugier en suppliants dans un temple, au pied d’un autel ou d’une statue d’un dieu, jouissaient de cette inviolabilité. Cependant, afin d’éviter un abus qui aurait permis à tout condamné d’échapper à sa peine, on réglementa ce droit qui, à l’époque classique, ne fut absolu et reconnu que dans certains temples, à la suite d’un décret des amphictyons, de la décision d’un prince ou d’une vieille tradition qui faisait remonter ce privilège à des temps très anciens. Parmi ces temples privilégiés on peut citer : le Parthénon, le temple d’Asclépios à Épidaure, l’Héraion d’Argos, le temple de Poséidon dans l’île de Calaurie où se réfugia Démosthène, ceux d’Athéna Aléa à Tégée et d’Athéna Chalciœkos à Sparte où se réfugia Pausanias, ceux d’Apollon à Délos, Claros et Didyme, près de Milet. Les fugitifs (accusé, condamné, esclave fuyant les mauvais traitements de son maître, soldats talonnés par leurs ennemis vainqueurs) pouvaient vivre ainsi dans le temple et le territoire sacré lui appartenant, autant que leurs moyens le leur permettaient. Dans le temple de Ganymède à Phlionte (Péloponnèse), on suspendait aux arbres du bois sacré les chaînes des suppliants, qui y trouvaient un asile sûr. Après la bataille de Coronée, des vaincus ayant cherché un asile dans le sanctuaire d’Athéna Itonia, Agésilas leur accorda la liberté. Cependant, si toute tentative de violence sur un suppliant était considérée comme un sacrilège et unanimement condamnée, il arrivait que, dans la passion des luttes de partis, on passât outre, comme ce fut le cas à Corcyre lors des combats civils, pendant la guerre du Péloponnèse. En général, on préférait user de ruse ou de patience ; ainsi, à Sparte, Agis, fils d’Eudamidas II, s’étant réfugié dans le temple d’Athéna, ses ennemis parvinrent à l’en faire sortir par des promesses fallacieuses et le firent mettre à mort. Lors de la tentative de révolution de Cylon, les conjurés s’étant placés sous la protection des Érinyes, auprès de leur autel sur l’Acropole, on leur promit la vie sauve, mais une fois sortis du territoire sacré, ils furent mis à mort ; considérée comme sacrilège, cette ruse causa l’exil des Alcméonides. Démosthène, poursuivi par les Macédoniens, s’étant réfugié dans le temple de Poséidon à Calaurie, sachant qu’il devrait en sortir poussé par la faim et ne voulant pas tomber entre les mains de ses ennemis, préféra s’empoisonner. Quant aux esclaves, si leurs réclamations paraissaient fondées, on leur permettait de changer de maître.

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