ARMAGNACS (FACTION DES)
Bernard, comte d'Armagnac, combattit d'abord les Anglais puis, pendant la démence de Charles VI, ayant pris le parti de la famille d'Orléans (il était le beau-père du duc d'Orléans, assassiné par Jean sans Peur, duc de Bourgogne), il s'opposa au parti bourguignon, et entra dans Paris en 1413. Nommé connétable, puis ministre, il dirigea le royaume d'abord avec l'appui de la reine Isabeau de Bavière, puis en l'évinçant et en la faisant enfermer à Tours. Le duc de Bourgogne la délivra, et marcha sur Paris. Les Parisiens, las de la toute-puissance du comte d'Armagnac, de ses exactions et de ses impôts, ouvrirent les portes de la ville aux Bourguignons le 29 mai 1418 et massacrèrent le comte qui s'était réfugié chez un maçon.
Armagnac, au Moyen Âge.
La maison d’Armagnac remonte aux premières années du Xe siècle. Leurs territoires sont limités d’abord à la partie occidentale de l’actuel département du Gers. Mais, en 1140, le comté de Fezensac s’y adjoint puis, au XIIIe siècle, le pays des Quatre-Vallées et plus tard encore le Pardiac, le Fezensaguet, l’Astarac, la Lomagne, qu’ils dominent à la manière de princes quasi indépendants. La maison d’Armagnac est longtemps en conflit avec la maison de Foix. Il faut citer Géraud V [1254-1285], qui se reconnaît vassal d’Henri III d’Angleterre en 1254 et combat pour cette raison Alphonse de Poitiers. Battu par le sénéchal du roi de France, Eustache de Beaumarchais, il demeure deux ans prisonnier. Bernard VI [1285-1319] lui succède. Sous son règne s’ouvre la succession de Gaston VIII de Béarn (1286). Il épouse Cécile de Rodez, héritière du comte de Rodez. Jean Ier [1319-1373] rattache par mariage les vicomtés de Lomagne et d’Auvillars puis le comté de Charolais. Il guerroie en Italie pour Jean de Luxembourg, roi de Bohême ; il y est fait prisonnier. En France, il sert de lieutenant au roi Philippe VI en Languedoc et Gascogne. Après le règne de Jean II [1373-1384], Jean III [1384-1391] rattache à l’Armagnac le comté de Comminges, par son mariage avec Marguerite. Capitaine général pour le roi de France en Languedoc (1385), il part ensuite en Italie pour secourir son beau-frère Giovanni-Galeazzo (Jean-Galéas) Visconti et y meurt sans héritier mâle. Son frère Bernard VII [1391-1418] lui succède. Il augmente ses domaines du Pardiac et du Fezensaguet, en faisant périr Géraud III, comte de Pardiac, et ses deux fils. À la cour du roi de France Charles VI, qui sombre dans la folie, il prend le parti du duc Louis d’Orléans. Après l’assassinat de ce dernier à l’instigation du clan de Bourgogne (1407), il devient le chef de la faction adverse et sa maison donne ainsi son nom à la guerre civile entre « Armagnacs » et « Bourguignons ». Son rôle est conforté par le mariage de sa fille Bonne avec l’héritier du duc d’Orléans, Charles d’Orléans. On croit un instant au rétablissement de la paix (ligue de Gien), mais les bandes armées recrutées par Bernard VII (les Gascons sont de redoutables mercenaires) ravagent les environs de Paris (1411) puis le Beauvaisis et la Picardie. La paix de Bourges (juill. 1412) rétablit un peu le calme. Mais en 1413, Paris tombe aux mains des Armagnacs. Après Azincourt (1415), le roi nomme Bernard VII connétable et celui-ci exerce la réalité du pouvoir pendant trois ans. Mais quand les Bourguignons triomphent en 1418, Bernard est massacré par le peuple parisien. Jean IV [1418-1450] lui succède. Il prend le parti du roi de France Charles VIL Mais l’indépendance des comtes d’Armagnac commence à peser au roi de France quand la guerre avec les Anglais est liquidée. Comme Jean a voulu s’emparer du comté de Comminges, le roi envoie contre lui une armée et il reste prisonnier et dépouillé de ses terres deux années durant. Jean V [1450-1473], son successeur, est surtout célèbre pour la passion incestueuse qu’il nourrit pour sa soeur Isabelle, qu’il épouse secrètement. Il est pour cette raison poursuivi, condamné au bannissement et dépouillé de ses biens (1460). Louis XI lui rend cependant ses domaines lors de son avènement. Jean V participe pourtant ensuite, contre le roi, à la Ligue du Bien public. Rentré en grâce, il recommence à intriguer contre les agents du roi et trouve la mort à Lectoure. Ses Etats passent à son frère Charles VII, qui a séjourné quatorze ans dans les prisons du roi de France avant de recouvrer l’héritage, sévèrement limité et contrôlé par le roi. Charles meurt en 1497 sans héritiers.
Bibliographie : C. Samaran, La Maison d’Armagnac au xve siècle, 1908 ; D. Labarre de Raillicourt, Généalogie et biographie de la maison d’Armagnac, 1966 ; B. Schnerb, Les Armagnacs et les Bourguignons. La Maudite Guerre, 1988.
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