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Arius (v. 260-336) ; prêtre alexandrin.

Arius (v. 260-336) ; prêtre alexandrin. Né à Alexandrie, ce disciple de Lucien d'Antioche, A., est le plus important des premiers chrétiens hérétiques tant par l'influence qu'il eut de son vivant que par les conséquences politiques et religieuses que la prédication de sa doctrine provoqua. Vers 320, un conflit éclate à Alexandrie entre l'évêque Alexandre et A. devenu un prêtre influent. L'objet du différend ? La nature du Fils. A. met en effet en cause le dogme trinitaire. Il affirme que le Logos de Dieu ne peut être qu'une créature et qu'il y eut un temps où Dieu n'était pas Père. Dès lors, le Logos ne peut être de la même substance que le Père et n'appartient pas à la divinité. Le Christ, fils et verbe (Logos) de Dieu, lui est donc inférieur et ne peut lui être consubstantiel. Mais comme il crée à son tour une créature parfaite, le Saint-Esprit, A. ne rejette pas la Trinité. Simplement, elle est constituée de personnes différentes quant à leur nature et à leur substance. Hiérarchisée, elle propose en définitive un seul vrai Dieu éternel, le Père. Condamné à Alexandrie, A. propage ses idées dans la chrétienté d'Orient, en particulier parmi les évêques (Eusèbe de Nicomédie, Eusèbe de Césarée) formés à l'école d'Origène qui n'accordait au Fils qu'une divinité subalterne. Puis il rentre à Alexandrie. Les polémiques reprennent, suivies de troubles dans la rue. L'empereur Constantin envoie l'évêque Ossius de Cordoue comme « suprême juge de paix » afin de tenter une médiation. Échec ; un synode réuni en 324 à Antioche condamne A. Le conflit se poursuivant, Constantin décide la réunion d'un concile oecuménique - le premier - qui se tient à Nicée en mai 325. Y participent plus de 318 évêques, selon la tradition, presque tous orientaux. La doctrine d'A. est condamnée sans difficulté mais il fut plus difficile de se mettre d'accord sur une formule qui définissait la doctrine en la matière. Après de nombreuses discussions, on aboutit à l'adoption d'un symbole - le Credo de Nicée - qui proclame, entre autres points, la consubstantialité des trois personnes divines. Les deux évêques et A., qui avaient refusé de le signer, sont exilés en Illyrie. Pourtant A. et ses partisans (en particulier Eusèbe de Nicomédie) ne se tiennent pas pour battus. En 328, Constantin, très influencé par des évêques ariens ou proches d'A., réintègre A. et certains de ses partisans, peut-être pour des raisons théologico-politiques : à la hiérarchie trinitaire correspondrait une hiérarchie terrestre, ainsi que l'affirme l'évêque historien Eusèbe de Césarée. Puis en 335, Athanase, évêque d'Alexandrie depuis 328, défenseur de Nicée, est condamné et exilé en Gaule. A., rentré d'exil depuis longtemps, est alors totalement réhabilité. Il meurt à Constantinople l'année suivante. La disparition de Constantin, la division de l'Empire, l'activité des disciples d'A. firent rebondir l'arianisme, avec plus de vigueur en Orient qu'en Occident, sous des formes diverses et plus ou moins radicales. A l'ouest les grands princes de l'Eglise, Hilaire de Poitiers et Ambroise de Milan, l'éliminèrent ; protégée par les empereurs Constance II et Valens, l'hérésie est extirpée de l'Empire par Théodose Ier qui impose par édit à tous ses sujets l'orthodoxie catholique et qui convoque en 381, à Constantinople, le deuxième concile oecuménique, lequel confirme la foi de Nicée. C'est parmi les peuples germaniques christianisés au moment des grandes invasions que l'arianisme, propagé par l'évêque goth Ulfila (v. 311 - v. 383) qui créa une écriture et une langue littéraire gothiques pour traduire le Nouveau Testament, réussit à survivre. L'appartenance à cette hérésie sera lourde de conséquences pour les royaumes surgis à l'est de la Germanie (Ostrogoths, Lombards) et sur le territoire de l'empire, au Ve siècle. Bibliographie : E. Boularand, L'Hérésie d'Arius et la foi de Nicée, I-II, 1972-1973.

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