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aqueducs

Un des grands apports de Rome à l’architecture et aux équipements publics, ces édifices furent construits afin d’alimenter en eau Rome et d’autres villes de l’Empire. Alors que l’approvisionnement en eau des cités grecques se faisait généralement grâce à des sources naturelles, souvent transformées en fontaines, Rome n’avait au début que le Tibre et les puits de la ville. C’est le manque de salubrité et le caractère peu pratique de cet approvisionnement qui conduisirent à l’invention d’aqueducs destinés à apporter de grandes quantités d’eau pure depuis les collines éloignées. L’adduction d’eau se faisait autant que possible par des conduites souterraines en pierre recouvertes de ciment spécial. Il y avait de nombreux points de contrôle, et il fallait qu’il n’y ait pas de dépôt. Les conduites à l’air libre, reposant sur des substructures de maçonnerie solide ou sur des arches, étaient utilisées en majeure partie aux abords de la ville. Les conduites étaient en pente douce, plus ou moins uniforme. On utilisait aussi parfois des tuyaux pour certaines parties du trajet, permettant de transporter l’eau sur terrain plat, ainsi que pour la distribution dans la ville. Selon leur emplacement et leurs dimensions, elles étaient en terre cuite, en plomb, en bois ou en cuir. Nous avons des informations détaillées sur les aqueducs de Rome grâce au De aquis urbis Romae (« Les aqueducs de la ville de Rome ») de Frontin, qui fut responsable des aqueducs romains à la fin du Ier siècle av. J.-C. Il exprimait une fierté naturelle concernant ces apports pratiques de Rome à l’architecture: «Aux masses si nombreuses et si nécessaires de tant d’aqueducs, allez donc comparer des pyramides qui ne servent évidemment à rien ou encore les ouvrages des Grecs, inutiles, mais célébrés partout ! » (Aqueducs, 16). À son époque, Rome possédait neuf aqueducs ; lorsqu’elle tomba aux mains d’Alaric en 410 apr. J.-C., ils étaient au nombre de onze. Les deux premiers aqueducs de Rome étaient voûtés et souterrains : c’était l'Aqua Appia, long de 18 kilomètres, construit en 312 av. J.-C. par le censeur Appius Claudius Caecus, qui fit aussi construire la première grande voie romaine, et l'Anio Vetus (d’après l’Anio, sa source, aujourd’hui l’Aniene), long de 70 kilomètres, construit entre 272 et 269 av. J.-C. et financé avec le butin pris à Pyrrhus. Le troisième aqueduc, l'Aqua Marcia, construit sur ordre du Sénat en 144-140 av. J.-C., fut le premier à utiliser de longues sections en arcades. C’était l’un des aqueducs de Rome les plus importants, il avait presque 100 kilomètres de long, dont 11 kilomètres à ciel ouvert. Son eau froide excellente compensait les défauts de l'Anio Vetus, dont l’eau était à peine potable. l'Aqua Tepula fut construit en 125 av. J.-C., et VAqua Julia en 33 av. J.-C. par M. Agrippa. En 19 av. J.-C., celui-ci fit construire l'Aqua Virgo pour alimenter ses thermes du Champ de Mars. L’empereur Auguste fit construire l'Aqua Alsietina en 2 av. J.-C., mais son eau était si mauvaise qu’elle ne pouvait être destinée qu’aux jardins et aux naumachies de l’amphithéâtre. Les deux plus magnifiques aqueducs étaient l'Aqua Claudia (47 av. J.-C.) et l’Anio Novus (52 av. J.-C.), construits par l’empereur Claude. L’Anio Novus était long de 95 kilomètres et c’était le plus élevé, certaines de ses arches mesurant plus de 30 mètres de haut. À proximité de Rome, ces deux aqueducs se réunissaient pour former deux conduits superposés sur les mêmes arches, le Claudia en bas et l'Anio en haut. Les autres aqueducs étaient l'Aqua Traiana (construit par Trajan en 109) et l'Aqua Alexandrina (construit par Sévère Alexandre en 226). Il y avait aussi des aqueducs importants dans les provinces, le plus remarquable étant le Pont du Gard, près de Nemausus (Nîmes). La construction et l’entretien des aqueducs étaient très onéreux, et les travaux étaient habituellement un passif pour la collectivité. Sous la République, les édiles étaient principalement responsables de l’approvisionnement en eau. Sous l’Empire, un personnel nombreux était employé pour veiller à l’entretien efficace du système. L’eau qui coulait dans les aqueducs était propriété publique; à son arrivée, elle était entreposée dans des réservoirs, castella, et ensuite distribuée dans les fontaines publiques, les thermes et chez les personnes privées, qui versaient une redevance pour ce privilège. Dans les premiers temps, toute l’eau fut utilisée pour les besoins publics et les citoyens avaient seulement l’usage privé de l’eau qui fuyait des conduites. Plus tard, les citoyens eurent le droit de louer un approvisionnement en eau en insérant une dérivation dans les conduites principales. Sous l’Empire, les réservoirs privés furent autorisés, qui alimentaient des citernes dans les maisons louant un approvisionnement, et une administration complexe se développa pour empêcher les propriétaires de frauder l’État.