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APERCEPTION

Terme créé par Leibniz à partir du mot perception. Chez Leibniz, perception accompagnée de conscience ; perception vive et claire, par opposition aux petites perceptions.

• Si tous les organismes vivants sont doués, selon Leibniz, de perception, seul l'homme est capable d'aperception : par un retour sur lui-même, il peut prendre conscience de son état intérieur.

APERCEPTION. n.f. ♦ 1° Ce terme a pour origine une distinction faite par Leibniz entre la perception («état intérieur de la monade représentant les choses externes») et l’aperception, «qui est la conscience ou la connaissance réflexive de cet état intérieur» ; il y a selon lui des perceptions «dont on ne s’aperçoit pas», ce sont les «petites perceptions», ou «perceptions insensibles». ♦ 2° Kant, a) Aperception empirique. Conscience de soi qui accompagne une représentation, b) Aperception transcendantale, ou pure, ou originaire. Rapport au «je pense», celui-ci accompagnant nécessairement (même s’il n’est pas conscient) toute représentation pour qu’elle soit une pensée ; c’est le principe d’unité de toute représentation, faisant la synthèse de la diversité du contenu donné à la sensibilité ; c’est donc le principe suprême de la spontanéité. ♦ 3° Maine de Biran. Conscience intérieure et immédiate du moi dans son activité consciente. ♦ 4° William James et la psychopédagogie moderne. Perception consciente et réfléchie qui s’unit à l’expérience passée ; c’est «la pensée à son degré supérieur du développement» (Delacroix) ; l'appréhension est une simple réception alors que dans l'aperception on construit réflexivement à partir de ce qu’on reçoit.

APERCEPTION. « Processus mental par lequel un contenu psychique est amené à une compréhension claire ». C’est un phénomène complexe où interviennent la pensée qui permet la reconnaissance et le ton affectif qui donne une estimation de valeur. Pour qu’un contenu inconscient puisse devenir conscient et « fixé » dans l’esprit, un certain savoir préalable est nécessaire. « Car sans l’existence de concepts conscients, l’aperception est impossible. Ceci explique nombre de perturbations névrotiques qui sont dues au fait que certains contenus sont constellés dans l’inconscient mais ne peuvent être assimilés faute de concepts aperceptifs pour les saisir ». Les contes et les légendes, les idées religieuses et philosophiques jouent ce rôle.

APERCEPTION ANTITHETIQUE. En fonction de la pensée anti-téthique que nous trouvons fréquemment chez le névrosé ce dernier aperçoit le monde suivant un schéma où prédomine l’opposition bon-mauvais, haut-bas, etc. Le névrosé se situe par rapport aux autres dans l’optique de la formule hégélienne maître-esclave et il cherche à définir sa place dans ce schéma.

APERCEPTION TENDANCIEUSE. L’individu n’aperçoit pas le monde de façon objective. Parmi les phénomènes qui se déroulent autour de lui il fait un choix, retenant certains, rejetant d’autres. C’est en fonction de sa structure, de son style de vie que ce choix se réalise ; des événements en concordance avec la personnalité sont retenus, d’autres écartés. Prenons un exemple : quatre personnes se promènent en forêt. Le premier admire la qualité du bois et pense aux meubles qu’on pourrait en tirer. Le second apprécie la diversité des couleurs et imagine le tableau qu’il pourrait peindre. Le troisième, inspiré par l’ambiance, crée une poésie. Le quatrième goûte la tranquillité et le calme du lieu. Inutile de dire qu’il s’agit d’un fabricant de meubles, d’un peintre, d’un poète et d’un ami de la nature. Leur axe d’intérêt et leur finalité coïncident avec la structure de leur personnalité.

APERCEPTION (n. f.) 1. — Pour Leibniz (qui a créé le mot), conscience ou connaissance réflexive qu’a la monade de son état intérieur. 2. — Pour Kant, conscience du moi, qui peut être empirique ou transcendantale : il s’agit, en ce dernier sens, de l’aperception pure et spontanée (je pensé), qui possède pour tout le divers de la pensée un pouvoir d’unification originaire.