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ANSELME

ANSELME. (Saint). Né à Aoste (1033) ; moine bénédictin à l’abbaye du Bec (Normandie), dont il fut abbé, et où il enseigna ; nommé archevêque de Cantorbéry (où il mourut en 1109) ; théologien-philosophe, il unit foi et raison : «Fides quaerens intellectum (La foi cherchant l’intellect)» ; «Credo ut intelligam (Je crois pour comprendre)». Platonicien, disciple de saint Augustin. Célèbre pour avoir formulé une preuve de l’existence de Dieu qui sera reprise par Descartes et que Kant appellera preuve ontologique. Un petit opuscule de 98 pages contient trois de ses œuvres, éditées et traduites par Koyré (Vrin éditeur ; titre : Proslogion).
Anselme (saint)
(1033-1109.) Théologien et philosophe, l'un des pères de la scolastique. Né à Aoste (Italie) et mort archevêque de Canterbury. ♦ Reprenant de Platon l'idée que celui qui connaît la lumière du Vrai connaît Dieu, il prend parti dans le débat sur les relations entre la raison et la foi en proposant une solution presque dialectique, assez proche de saint Augustin : si la foi cherche l'intelligence (fides quaerens intellectum - c'est le sous-titre de son Proslogium), celle-ci cherche à son tour la foi, et ce va-et-vient fonde l'alliance indissoluble de la foi et de la raison. ♦ On attribue fréquemment à saint Anselme la paternité de l’argument ontolo gique, mais en fait, l'argumentation qu'il développe dans son Proslogium est orientée moins dans le sens d'une démonstration de l'existence de Dieu que par le souci de précisément montrer la compatibilité de la foi avec le plein exercice de la raison. ♦ Partant, en effet, d'une définition de Dieu comme « être au-delà duquel rien de plus grand ne peut être conçu », Anselme, jouant sur la distinction traditionnelle entre existence dans le réel et existence en idée, montre que, si l'on affirme que Dieu n’existe pas, on est bien celui que les Psaumes qualifient à juste titre d'« insensé », puisque, en comprenant la définition proposée de Dieu, on a dans l'esprit l'idée qui lui correspond (« Dieu » est alors doté de l'existence en idée), alors que d’autre part, en niant l’existence de Dieu, on admet implicitement qu'il pourrait exister un autre Dieu, qui serait ainsi supérieur (puisque doté des deux sortes d'existence) à l'être au-delà duquel on ne peut rien concevoir de plus grand - ce qui est évidemment contradictoire, c'est-à-dire « insensé ».
ANSELME de CANTORBÉRY, saint. Né dans le Val d’Aoste, en 1033 ou 1034, mort à Canterbury, le 21 avril 1109. Trois pays ont des raisons particulières de vénérer sa mémoire : l’Italie, la France et l’Angleterre. Le Val d’Aoste où il naquit, d’une illustre famille apparentée à la comtesse Mathilde de Toscane et à la plus haute noblesse du Piémont, lui donna seulement le décor de sa jeunesse. Puis, au sortir d’une crise spirituelle assez éprouvante, il connut la France, ses écoles, reçut l’enseignement de maîtres renommés; c’est en France qu’il rencontra un autre Italien illustre, le bienheureux Lanfranc, qui devait devenir son guide et son ami. Entré a vingt-six ans à la célèbre abbaye du Bec-Hellouin, en Normandie, dont Lanfranc avait là charge à cette époque, Anselme ne tarda pas à le remplacer sur le siège abbatial. C’est dans cette communauté qu’il pria, enseigna, écrivit jusqu’en 1093. En 1066, Guillaume le Bâtard, duc de Normandie — le futur Conquérant — avait lancé outre-Manche ses troupes d’invasion. L’Angleterre ayant changé de dynastie, Lanfranc avait, en 1070, accepté des mains du vainqueur le siège épiscopal de Cantorbéry. Quand il mourut (1078), Anselme, son disciple préféré, lui succéda comme primat d’Angleterre. Il n’en résulta pour lui que des tourments et il ne put prendre possession de son siège qu’en septembre 1093. En effet, le roi, Guillaume le Roux (1087-1100), qui était loin de valoir son père, affichait à l’égard de l’Eglise un esprit de violence et de domination, contre lesquels Anselme protesta avec courage. Le conflit tourna au drame et l’archevêque, sachant sa vie menacée, trouva refuge en Italie, puis en France, où il mit à profit son repos forcé pour méditer et composer un vaste traité sur l’incarnation — Pourquoi Dieu se fit homme . Après la mort de Guillaume le Roux, Anselme, de retour en Angleterre, pouvait espérer accomplir en paix sa mission; il n’en fut rien, car Henri Beauclerc (1100-1135), plus avisé que son père, nourrissait les mêmes ambitions. Le grand prélat, ne pouvant admettre qu’un envahisseur despote fasse peser sur l’Eglise sa tutelle, éleva encore la voix. Agé de soixante-treize ans, il préféra reprendre le chemin de l’exil. De France, puis de Rome, des condamnations répétées frappèrent le roi, qui dut finalement se soumettre.Vainqueur mais épuisé, Anselme, qui avait recouvré son siège, ne tarda pas à mourir. Ame douce et pensive, cœur tendre, jamais, cependant, il n’avait reculé dans les batailles livrées au nom de Dieu. Le rôle de saint Anselme comme théologien fut à la hauteur de son action apostolique. Il écrivit, en effet, pour l’école du Bec (que Lanfranc avait fondée, et à laquelle il donna tous ses soins) le dialogue De grammatico, empreint d’une grande rigueur logique, puis le Monologion de Divinitatis essentia mono-logium et le Proslogion seu Alloquium de Dei existentia que l’on peut considérer comme deux ouvrages qui se complètent mutuellement. Réfutant le moine Gaunilon qui, dans sa Défense de l'ignorant , avait émis des doutes sur son fameux argument ontologique, Anselme publia l'Apologétique . Citons encore :De fide Trinitatis et de Incar-natione; De processione Spiriti Sancti contra Graecos, De veritate; De libero arbitrio; De casu diaboli; De conceptu verginali et de originali peccato; De concordia praescientiae et praedestinationis necnon gratiae Dei cum libero arbitrio; Meditationes et orationes, sans compter sa riche correspondance, très importante pour l’étude de l’homme et de son œuvre. Anselme de Cantorbéry fut canonisé en 1496 par le pape Alexandre VI; le pape Clément XI, en 1720,1e proclama Docteur de l’Eglise. Anselme, dans son célèbre argument de l’existence de Dieu, montra le premier la pensée dans son opposition à l’être et chercha à en prouver l’identité. Il ne manqua à l’argument de saint Anselme que la conscience de l’unité de l’être et de la pensée dans l’infini. » Hegel.
♦ « Saint Anselme est peut-être le plus grand philosophe du Moyen Age, entre le VIe et le XIIIè siècle. » Ch. de Rémusat. ♦ « Saint Anselme, par cela même qu’il se détournait de la théologie vers la métaphysique, posait au XIe siècle, dans l’innocence et la sécurité de sa foi, les problèmes que la métaphysique agite depuis qu’elle existe, sans les résoudre. » Barbey d’Aurevilly. ♦ « Puissant en œuvre et en parole, il fut un phare, une lumière de doctrine et de sainteté. » Pie X.

ANSELME DE LAON. Théologien français. Né et mort à Laon (Aisne), vers 1050-15 juillet 1117. Fils d’un laboureur, il fit sans doute ses études à l’abbaye du Bec, en Normandie, sous le magistère de saint Anselme de Cantorbéry, avec lequel on l’a parfois confondu. Après avoir, vers 1076, tenu à Paris une école qui jeta les fondements de l’université, il revint à Laon vers 1100 pour diriger l’école attachée à la cathédrale dont il avait été élu archidiacre. Son enseignement attira bientôt des élèves venus de toute l’Europe, parmi lesquels Guillaume de Champeaux, Gilbert de la Porée et surtout Abélard, qui fut l’élève d’Anselme vers 1113 et a laissé de lui un portrait féroce, nous le montrant fort indécis sur le fond de sa doctrine, et semblable au figuier maudit de l’Evangile, qui porte des feuilles mais ne peut donner de fruits. Il est vrai qu’Abélard avait été chassé de l’école par Anselme, pour avoir prétendu gloser lui-même sur Ezéchiel. D’une modestie exemplaire en tout cas, Anselme de Laon refusa plusieurs fois l’épiscopat et l’anoblissement de sa famille; en 1107, il joua un rôle d’apaisement décisif lorsque la population laonnaise soulevée assassina l’évêque Gaudry, imposé par l’Angleterre. On possédé de lui une Glose explicative de l'Ancien et du Nouveau Testament, et l’un des premiers exemples de Livre des Sentences systématique, dans un cadre certainement inspiré par Jean Scot Érigène, et qui a servi de modèle à Nicolas d’Amiens dans son De la Doctrine catholique , à Gilbert de la Porée, et surtout à Pierre Lombard. ♦ « Faisant de la fumée mais point de lumière. » Abélard.


ANSELME (saint), docteur de l’Église (Aoste, 1033 - Canterbury, 1109), un des premiers scolastiques, célèbre par sa preuve ontologique de l’existence de Dieu. Il fut moine, puis abbé de la célèbre abbaye du Bec, puis archevêque de Canterbury. La preuve ontologique est appuyée par sa philosophie platonicienne et exprimée dans le Monologium.


ANSELME (Antoine), prédicateur et écrivain français (L'Isle-Jourdain 1652 -Saint-Sever 1737). Il vint, comme précepteur du fils du marquis de Montes-pan, à Paris, où Mme de Sévigné ratifia le jugement de ses compatriotes méridionaux qui, pour son éloquence, l'avaient surnommé « le Petit Prophète ». Il a laissé des Sermons et des Oraisons funèbres (1718).

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