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ANE DE BURIDAN

ANE DE BURIDAN. Buridan, recteur de l’université de Paris au XIVe siècle, fut un philosophe nominaliste. On lui attribue un argument, qui ne se trouve pas dans les écrits que nous avons sous son nom ; selon cet argument, un âne, ayant également faim et soif, et placé à égale distance d’un seau d’eau et d’une botte de foin, mourrait de faim et de soif sans pouvoir se décider. Les interprètes ne sont pas d’accord sur l’utilisation de cet argument ; il prouverait le libre arbitre, parce que, s’il y avait déterminisme, l’âne mourrait de faim ; mais il condamnerait le libre arbitre (entendu comme liberté d’indifférence), parce que l’âne serait incapable de se décider. Ce raisonnement se trouvait déjà chez Aristote : «Un homme, également affligé d’une faim et d’une soif très intense, se trouvant à égale distance d’aliments et de boissons, de toute nécessité, cet homme resterait immobile» (De Caelo, II, 13).
BURIDAN (JEAN) Jean Buridan, philosophe et professeur à l'université de Paris au XIVe siècle, est connu surtout par son exemple de l'âne mourant de faim entre une botte de foin et un seau d'eau parce qu'il n'arrive pas à choisir par lequel commencer ; ce qui permet à Buridan d'expliquer sa théorie du libre arbitre. Buridan (âne de), fable célèbre attribuée au philosophe scolastique Buridan, et mettant en scène un âne qui se laisse mourir de faim entre un boisseau d'avoine et un seau d'eau, faute d'avoir pu choisir entre deux biens équivalents. C'est, contrairement à ce que l'on croit généralement, une preuve par l'absurde que, dans la réalité, le choix se fait toujours, et qu'il y a un dynamisme de l'acte indépendant de tout motif objectif.

Incapable de décider par quoi commencer son dîner, hésitant entre le picotin d’avoine et l’abreuvoir, l’ânesse se laisse mourir de faim et de soif. Cette courte fable attribuée au philosophe du XIVe siècle Jean Buridan, élève puis adversaire de Guillaume d’Occam, reformule la question posée dans l’Antiquité par Aristote : comment un chien peut-il choisir entre deux nourritures également désirables ? Il s’agit dans un premier temps de donner une illustration de ce que l’on nomme un « dilemme » en logique. Par « dilemme », l’on entend, en effet, non un choix impossible mais plutôt une situation dans laquelle, quel que soit le chemin emprunté ou la décision prise, le résultat est identique. C’est l’argument « cornu » de l’ancienne rhétorique : que je choisisse A ou B, j’aboutis dans tous les cas à C, ce qui rend le fait de devoir choisir entre A et B absurde. Mais l’apologue est surtout destiné à distinguer l’homme de l’animal, en ce que le premier trouve toujours en lui une puissance de détermination : « Que d’ailleurs l’âme a une telle puissance, bien que n’étant déterminée par aucune chose extérieure, cela se peut très commodément expliquer par l’exemple de (l’ânesse) de Buridan », écrit Spinoza. « Si, en effet, l’on suppose un homme (au lieu d’une ânesse) dans cette position d’équilibre, cet homme devra être tenu non pour une chose pensante, mais pour l’âne le plus stupide, s’il périt de faim et de soif. ». Cet état, que l’on pourrait assimiler à une liberté totale, Descartes la nomme « liberté d’indifférence » et, aux yeux du philosophe, elle représente le plus bas degré de liberté. Nous l’éprouvons aujourd’hui à travers l’expérience d’une consommation de masse qui nous entretient dans une liberté illusoire et, partant, décevante. C’est ce qu’analyse en 1968 Herbert Marcuse dans un texte désormais célèbre, L’Homme unidimensionnel. Le philosophe y condamne « le besoin de maintenir des libertés décevantes telles que la liberté de concurrence de prix préalablement arrangés, la liberté d’une presse qui se censure elle-même, la liberté enfin de choisir entre des marques et des gadgets ». C’est la liberté qu’offrent les linéaires des centres de grande distribution : choisir des produits identiques empaquetés dans des emballages différents.