ANARCHIE
- ANARCHIE, n.f. Le mot grec signifie «absence de pouvoir, d’autorité». ♦ 1° Sens propre (on dit aussi «anarchisme»). Doctrine politique rejetant toute organisation sociale contraignant l’individu ; par exemple : Stirner (l'Unique et sa propriété, 1845), philosophe allemand disciple et adversaire de Feuerbach ; pour Stirner, l’individu («l'Unique») seul a une valeur absolue ; Bakounine, révolutionnaire anarchiste russe, activiste, exclu de la première Internationale par Marx en 1872 (Étatisme et Anarchie, 1873) ; Proudhon, pacifiste révolutionnaire français (textes 131-132) ; 1968 : «Interdit d’interdire.» ♦ 2° Sens vague (à éviter). Désordre résultant d’une absence d’autorité : «Le pays sombre dans l’anarchie.»
- anarchie, état d'un peuple qui n'a pas ou n'a plus de gouvernement. — Platon définissait l'anarchie comme un cas limite de la démocratie : lorsque chacun veut imposer sa volonté au pouvoir, et que le gouvernement, par souci de sa popularité, veut faire plaisir à chacun, c'est alors qu'advient l'anarchie, d'où sort naturellement la tyrannie. C'est en général le cas lorsque le gouvernement n'a plus l'autorité nécessaire pour arbitrer d'une manière décisive les antagonismes politiques, économiques ou sociaux. L'anarchisme est une attitude fondée sur le refus systématique de tout pouvoir établi et sur l'affirmation qu'il n'y a rien de supérieur aux valeurs individuelles. Proudhon, qui préconisa la suppression de la propriété privée et du gouvernement, est considéré comme le « père de l'anarchisme » ; mais ce sont surtout les Russes Bakounine et Kropotkine qui ont tiré les conséquences les plus radicales de l'anarchisme : < Détruire tout ce qui existe sans distinction et aveuglément, avec cette seule pensée : le plus possible et le plus vite possible. » Les anarchistes se définissent finalement comme des "nihilistes", soucieux seulement de détruire et non de construire, des révoltés incapables d'être de véritables révolutionnaires.
- ANARCHISME
« Absence d’autorité ou de pouvoir ». L’idée même renfermée dans l’étymologie grecque d’anarchisme s’oppose à la tendance à la construction de grandes machines de pouvoir qui a marqué tout le xxe siècle. Les thèmes principaux de l’anarchisme furent définis par des penseurs du xixe siècle et du début du xxe siècle - notamment par Michel Bakounine (1814-1876), Pierre Kropotkine (1842-1921), Pierre Joseph Proudhon (1809-1865), Fernand Pelloutier (1867-1901), Élisée Reclus (1830-1905) et Errico Malatesta (1853-1932) - de façon divergentes : certains insistant sur la violence nécessaire à la fin du vieux monde, d’autres sur l’idéal individualiste, tandis que s’élaboraient des utopies de collectivisme et de pacifisme. Les mouvements politiques anarchistes du xxe siècle ont été universellement présents, et universellement vaincus, de la Russie à l’Espagne, de la Chine aux États-Unis. Des drapeaux noirs (ou noirs et rouges des mouvements communistes libertaires) ont été brandis par des organisations puissantes comme la CNT (Confédération nationale du travail) en Espagne ou se sont multipliés en Europe autour de 1968 avec des mouvements extra-parlementaires. Mais les anarchistes ont plus été capables de proposer des thèmes de mobilisation (ils furent en pointe dans la lutte pour le droit à l’avortement ou l’objection de conscience) que de structurer des luttes de longue durée : l’anarcho-syndicalisme français du XIXe siècle a été comme étouffé par le réformisme et le bolchevisme. Ce qui est en cause est moins la difficulté pour tout mouvement anarchiste à s’organiser, ce qui suppose des formes d’autorité, que la puissance des appareils politiques totalitaires et, par ailleurs, la capacité des démocraties industrielles à satisfaire certaines aspirations individualistes. Cependant, l’anarchisme, sans avoir trouvé de théoriciens de la fécondité de ceux du xixe siècle, à partir des années 1980 a su réussir un renouvellement, du moins intellectuel, par sa connexion avec l’écologie politique.
- Anarchie, anarchismeDu grec anarkhia, « absence d'autorité » (du préfixe privatifs- et arkhè, « commandement », « pouvoir », « autorité »). - Anarchie : état de désordre et de confusion dans lequel sombre la société quand le pouvoir politique est absent ou impuissant. - Anarchisme : doctrine politique qui rejette toute intervention de l’Etat dans l’organisation de la société. • Si les anarchistes (Proudhon, Bakounine) refusent toute contrainte extérieure à l'homme (« Ni Dieu ni maître »), ils ne prônent pas pour autant le désordre. Ils veulent en effet bâtir une société dont l'unité serait garantie, non plus par l'État, mais par la liberté individuelle et la solidarité.
- ANARCHIE (n f., étymologie : privé d’autorité) 1. — (péjoratif) État d’une société inorganisée ou désorganisée, ou sans gouvernement. 2. —Anarchisme : doctrine selon laquelle une société idéale doit se passer d’autorité (c.-à-d. d’État), et où le gouvernement des hommes doit être remplacé par l’administration des choses (Proudhon).