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Anaphore

Anaphore Répétition d’un mot ou de quelques mots en tête de phrases ou de vers rapprochés, ou encore en tête des fragments d’une même phrase. L’anaphore est un procédé rhétorique très fréquemment utilisé par les orateurs et par les poètes. Exemple tiré du Cahier d’un retour au pays natal de Césaire : « la mort étoile doucement au-dessus de sa tête la mort souffle, folle, dans la cannaie mûre de ses bras la mort galope dans la prison comme un cheval blanc la mort luit dans l’ombre comme des yeux de chat la mort hoquette comme l’eau sous les Cayes la mort est un oiseau blessé [...] » Dans Discours sur le colonialisme, le même auteur utilise le procédé d’une façon plus oratoire : « Une civilisation qui s’avère incapable de ... Une civilisation qui choisit de ... Une civilisation qui ruse ... »


ANAPHORE nom fém. - Procédé d’expression qui consiste à répéter un mot au début de plusieurs vers ou de plusieurs phrases ou de plusieurs membres de phrases. ÉTYM. : à partir du grec phero = « je porte », « je transporte » qui a donné phore en français, qu’on retrouve dans phosphore (qui porte la lumière) ou dans métaphore (qui transporte le sens donc « transfert de sens »). Littéralement « porter de nouveau ». L'anaphore sert à renforcer l’expression d’un sentiment, que ce soit l’indignation, le regret, l’enthousiasme, etc. Sa principale fonction est donc de produire un effet d’insistance. La littérature classique et moderne use abondamment de ce procédé. CITATIONS : Avril, l'honneur et des bois Et des mois, Avril, la douce espérance... Avril, l'honneur des prés verts... (extrait de « Avril » de Rémy Belleau, poète du XVIe siècle) Sommeil ! — Râtelier du Pégase fringant ! Sommeil ! — Petite pluie abattant l'ouragan ! Sommeil ! — Dédale vague où vient le revenant ! (extrait de Les Amours jaunes de Tristan Corbière, poète du XIXe siècle) L’anaphore est souvent utilisée par les orateurs, car elle permet de donner de l’ampleur au discours. —> Répétition

Anaphore. Phénomène de reprise. En syntaxe, l’anaphore désigne la reprise d’un terme par un substitut, par exemple d’un substantif par un pronom ou d’un verbe par un proverbe comme faire :
Il cuisine bien, mais il le fait rarement.
Les substituts sont des anaphoriques. L’anaphore en syntaxe est de même nature que la cataphore qui consiste cette fois pour un substitut à annoncer un terme, comme le dans l’exemple suivant, qui annonce la proposition complétive :
Je vous le disais bien, qu’il allait pleuvoir.
En rhétorique, l’anaphore est un cas particulier de répétition où l’unité répétée se trouve en tête de segment, vers, verset, membre de phrase :
Amants, ô tard venus parmi les marbres et les bronzes, dans l’allongement des premiers feux du soir,
Amants qui vous taisiez au sein des foules étrangères, Vous témoignerez aussi ce soir en l’honneur de la Mer.
(Saint-John Perse, Amers)
L’anaphore s’oppose à l'épiphore, où l’élément répété l’est en fin d’unité :
Nous avions rendez-vous avec la fin d’un âge. Nous trouvons-nous avec les hommes d’un autre âge ?
(Saint-John Perse, Vents)
et qui donc se rencontre rarement en poésie puisqu’on évite la rime d’un mot avec lui-même.



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