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ANALYSE

ANALYSE, n.f. (gr. analusis «action de décomposer», de «détacher») opposé à «synthèse». ♦ 1° Sens général. Décomposition d’un tout en ses éléments (ex. : en chimie, l'analyse de l’eau par électrolyse). ♦ 2° Analyse psychologique. Recherche des éléments dont un état psychique est fait, par exemple une passion complexe (décomposée en amour, jalousie, tristesse, espoir, etc.) ; Spinoza a analysé les passions humaines. ♦ 3° Analyse régressive (ou «poristique» pour Viète). Propositions déduites en chaîne, la première n'étant pas démontrée au départ, mais l’étant parce que la dernière est vraie ; c’est une démonstration qui montre que la proposition conséquence découle d’un principe vrai. ♦ 4° Analyse réflexive. Réflexion sur le donné (la plupart du temps psychique) pour aboutir aux fonctions dont il dépend ; proche de 2°, en diffère en ce qu’elle cherche à atteindre l’esprit dans son unité de sujet. ♦ 5° Analyse transcendantale (Kant). Recherche des éléments a priori de la connaissance intellectuelle (les concepts purs, ou catégories). ♦ 6° Jugement analytique. Dont l’attribut est contenu dans le sujet (tout corps est étendu) ; s’oppose aux jugements synthétiques. ♦ 7° Synonyme de «psychanalyse», a) Analyse didactique. Analyse que subit celui qui se destine à la profession de psychanalyste, b) Autoanalyse. Freud, qui n’a pas pu avoir de psychanalyste (!), et qui fut cependant psychanalyste, a exposé son «auto-analyse» dans quelques lettres et dans la Science des rêves. ♦ 8° Narco-analyse. L’exploration de l’inconscient s’effectue après introduction de narcotiques (pentothal, par exemple), qui brisent les résistances et censures.
C'est l’analyse que fait celui qui se destine à devenir psychanalyste. Cette analyse se fait auprès d’un analyste confirmé, préalablement à l’exercice de la psychanalyse, ou dans le temps où l’analyste débutant commence lui-même à prendre des patients en psychanalyse. Il y analyse en particulier ses contre-transferts, c’est-à-dire ses réactions inconscientes aux transferts de ses patients. La question de savoir dans quelle mesure l’analyse didactique est un travail d’investigation intérieure de même nature que la psychanalyse, et dans quelle mesure elle est un travail de formation sanctionné par une autorisation institutionnelle d’exercer le métier d’analyste est un problème débattu par les psychanalystes.


analyse, décomposition d’un tout en ses éléments. L’analyse est le mécanisme de la. pensée qui concentre l’attention sur chacune des. parties d'un ensemble et recherche leurs liens possibles. Elle forme avec la synthèse une unité, un ensemble complémentaire de la réflexion. Procédant par différenciations successives, depuis le global jusqu’aux éléments premiers, l’analyse est rejointe par la synthèse bien avant que son œuvre ne soit achevée ; rapidement, les regroupements se manifestent et le schéma complet apparaît, dont l’intelligence peut se saisir. Cette méthode semble la plus efficace pour vaincre les difficultés rencontrées par l’esprit sur la voie de la connaissance, aussi est-elle utilisée dans la plupart des procédés, pédagogiques. L’apprentissage de la lecture par la méthode globale, par exemple, est fondé sur ce principe. Dans le domaine psychologique, la même démarche permet de découvrir les motivations de certains comportements, en s’exerçant sur les. rêves, les oublis, les lapsus et les attitudes dont l’analyse fait, apparaître les significations cachées. Dans le monde du travail, l’analyse des tâches et de la relation « homme-machine » occupe'une place déterminante. Elle permet de calculer la valeur relative des taches et leur juste rémunération, de désigner les-circuits les plus simples et les gestes inutiles, de prévenir les accidents et de donner aux apprentis une formation rationnelle.


analyse didactique La formation des psychanalystes requiert, en plus des connaissances théoriques apprises à l’université et dans les instituts de psychanalyse, une psychanalyse personnelle, de longue durée (de deux à quatre ans), avec un analyste expérimenté, habilité par les autorités supérieures de la profession. Il s’agit, à la fois, d’une cure psychanalytique et d’un enseignement oral, individuel, auxquels doit se soumettre celui qui veut devenir psychanalyste. Après cette étape, le débutant peut entreprendre dès cures, en restant lui-même encore un certain temps sous le contrôle d'un second psychanalyste chevronné.


analyse factorielle, branche des mathématiques appliquées, conçue par C. E. Spearman pour l'analyse des résultats obtenus à plusieurs tests mentaux. D'une façon générale, cette méthode statistique cherche à faire apparaître les facteurs communs à un ensemble de variables, qui ont entre elles certaines corrélations. Lorsqu’on propose à un individu des taches différentes, on constate que ses résultats ne se répartissent pas au hasard, qu’il existe entre eux des relations déterminées : devant un écolier qui obtient de très bonnes notes en latin et en géométrie et de mauvaises en dessin, on pense, intuitivement, que les premières sont dues à une aptitude au raisonnement logique qui ne joue pas dans les épreuves graphiques. Mais, pour pouvoir l’affirmer, une confirmation objective est nécessaire. L’analyse factorielle nous la fournit opportunément. Grâce à cette technique, Spearman a pu mettre en évidence l’existence d’une aptitude générale (qu’il appelle facteur G), qui constituerait l'énergie mentale et serait assimilable à l’intelligence. Parmi les tests les plus saturés en facteur G figurent les Progressive Matrices de J. C. Raven.


narcoanalyse, méthode d’investigation du psychisme par l’injection intraveineuse d’un narcotique. En introduisant très lentement dans l’organisme soit un barbiturique euphorisant soit un tranquillisant, on provoque une obnubilation partielle de la conscience. Le sujet, bien que dans un état voisin de l’endormissement, peut répondre aux questions qu’on lui pose. Il lui est possible d’évoquer son passé, ses expériences, etc. Le contrôle étant en grande partie aboli, les sentiments refoulés et les souvenirs que l’on croyait effacés peuvent réapparaître avec leur charge émotive (abréaction). Dans certains cas de névroses traumatiques, la résurgence des émotions enfouies suffit à entraîner la guérison (catharsis). On utilise la narcoanalyse pour avoir un diagnostic précis, mais aussi pour soigner les dépressions réactionnelles ou les troubles sexuels. La narcoanalyse ne doit pas être un moyen de recueillir des aveux ou des confidences. Son utilisation doit être subordonnée à l’accord du sujet.


ANALYSE / ANALYTIQUE
A. Analyse comme opération de décomposition (contraire de synthèse = composition) 1. Décomposition d’un ensemble en ses éléments, soit matériellement (analyse chimique d'un corps), soit intellectuellement (analyse étymologique d'un mot), 2. Toute recherche des éléments d’un ensemble, même si l’on ne peut être assuré de les découvrir tous (analyse d'un événement historique; psychanalyse).
B. Analyse comme méthode 3. Démonstration qui consiste à partir de la proposition qu’on veut démontrer en la supposant établie pour, progressivement, aboutir à des propositions déjà démontrées. L’analyse est dite régressive puisqu’on ramène une proposition nouvelle à des vérités déjà connues ; elle s’oppose à la synthèse qui est progressive parce qu’elle compose des vérités connues pour en tirer des propositions nouvelles. 4. Méthode qui va de l’effet aux causes, c’est-à-dire qui cherche à « remonter» d’un phénomène à sa cause. En ce sens, elle est une méthode de découverte, et se distingue de la synthèse, méthode d’exposition. 5. Spécialement au XVIIe siècle, l’analyse désigne l’algèbre parce qu’elle procède selon la méthode définie en 3. 6. Analytique : qui procède par analyse dans n’importe lequel des sens ci-dessus. 7. Jugement analytique chez Kant : jugement dans lequel le prédicat (= attribut) est contenu dans le sujet.
Ce jugement est une définition a priori (« tous les corps sont étendus » est un jugement de ce type). Il s’oppose au jugement synthétique qui propose des prédicats non contenus dans le sujet par expérience, donc a posteriori.


Analyse Du grec analusis, « résolution d'un tout en ses parties », « dissolution ». - Décomposition d’un tout en ses éléments constitutifs, par opposition à la synthèse. - Opération intellectuelle qui consiste à remonter d’une proposition donnée à d’autres propositions reconnues vraies dont la première dépend. - Nom donné à la cure psychanalytique. • Descartes fait de l'analyse le deuxième précepte de sa méthode : il s'agit de diviser chacune des difficultés rencontrées « en autant de parcelles qu'il se pourrait et qu’il serait requis pour les mieux résoudre ».

ANALYSE. Au propre : Toute méthode permettant de remonter aux causes. En psychoth. : Exploration des souvenirs, des états de conscience et des comportements en vue d’en déceler l’enchaînement causal. ANALYSE DIRECTE. Proposée en 1953 par Rosen pour la psychothérapie de patients psychotiques, l’analyse directe a pour but de faire pénétrer l’analyste dans l’univers fermé des psychotiques. Des interprétations directes sont données au patient, de manière à établir une communication d’inconscient à inconscient.


ANALYSE (n. f., étymologie : solution régressive, décomposition ; opposée à synthèse) 1. — (Sens vulg.) Décomposition d’une notion ou d’un être en ses éléments (synthèse = composition). 2. — Méthode de résolution des problèmes qui consiste à les supposer d’abord résolus (synthèse = démarche inverse). 3. — Méthode qui consiste à démontrer la vérité d’une proposition en déduisant à partir d’elle une proposition évidente ou déjà démontrée, la synthèse consistant à raisonner à partir des définitions et principes premiers ; cf. Galilée ; Syn. résolution. 4. — Raisonnement qui part de l’effet pour remonter aux causes, la synthèse consistant à aller des causes aux effets. 5. — Démarche allant du conditionné à la condition ; cf. analyse réflexive qui consiste à remonter de l’activité du sujet au sujet lui-même. 6. — Méthode de découverte, opposée à synthèse, méthode d’exposition ; cf. Descartes ; ce sens se déduit de 2 comme de 4 (nous connaissons d’abord les effets des causes premières). 7. — Comme méthode, l’analyse n’est pas nécessairement Syn. de composition. Condillac utilise le terme pour désigner la méthode qui suit l’ordre naturel dans lequel nos idées nous sont données par composition ou décomposition ; synthèse est alors Syn. d’artificiel (péjoratif). 8. — En math., théorie des fonctions ; l’utilisation du terme est surtout due à Descartes (géométrie analytique) qui désignait ainsi l’application de l’algèbre à la géométrie comme promotion de la méthode analytique, en référence à Pappus. 9. — Sans référence philo, particulière, le terme sert à désigner toute recherche des éléments (en psychanalyse : analyse du psychisme, analyse didactique : analyse que subit pour sa formation le psychanalyste, auto analyse : analyse psychique effectuée sur soi-même, analyse chimique, analyse des faits, etc.). 10. — Analytique : a) Qui procède par analyse en une acception quelconque, b) Jugement analytique : pour Kant, tout jugement qui affirme d’un sujet un prédicat contenu dans sa définition (c.-à-d. jugement qui n’apprend rien), opposé à jugement synthétique qui effectue une liaison entre un sujet et un prédicat non contenu dans celui-ci ; tout jugement d’expérience est synthétique, tout jugement analytique est a priori, c) par extension, est utilisé auj. pour qualifier les propositions déduites des seuls axiomes logiques, d) (n. f.) Pour Aristote, nom de la logique formelle ; Kant utilise le nom en ce sens (analytique transcendantale), mais avec référence au sens 5. e) Philosophie analytique : on désigne sous ce nom un courant philosophique anglo-saxon, fort complexe et diversifié, mais largement inspiré de Russel. On peut le caractériser comme une tentative d’expliquer les concepts sur la base de leur représentation à partir du langage de la logique mathématique.

Analyse du sujet par lui-même, recourant à la technique psychanalytique des associations libres et de l'interprétation des rêves, l'autoanalyse est au fond une forme d'introspection qui utilise une connaissance des outils psychanalytiques. On peut supposer que Freud n'a pas eu d'autre choix que de pratiquer l'autoanalyse, puisqu'il est l'inventeur de la psychanalyse, mais il la considère comme moins aboutie que la psychanalyse. L'autoanalyse peut être considérée comme une résistance à l'analyse elle-même, parce qu'elle permet d'éviter la relation qu'instaure la cure psychanalytique. Elle est cependant pratiquée et conseillée à ceux qui ont déjà fait une cure analytique et en particulier aux analystes.