Databac

anachronisme

ANACHRONISME nom masc. - Erreur de date par laquelle on situe dans une époque donnée des faits qui se sont produits à une autre époque. ÉTYM. : on reconnaît évidemment le radical grec chronos = « temps », qui existe dans « chronomètre », « chronologie ». Le préfixe « ana » est formé, lui aussi, à partir d’une racine grecque (ana) qui a le sens de « retour en arrière », « répétition ». En accord avec l’étymologie, le mot anachronisme désigne un décalage dans l’ordre du temps. A l’origine, il signifiait simplement l’erreur consistant à placer un fait avant sa date. Il s’est appliqué ensuite à toute erreur de date, avec quand même, le plus souvent, l’idée d’une anticipation sur des faits ou des pratiques qui se situent plus tard. Dans le film Belles de nuit, René Clair se livre à une succession d’anachronismes en situant des personnages de notre époque dans des périodes reculées de l’histoire. Le fait de jouer les tragédies de Racine en complet veston constitue un anachronisme. Certains puristes refusent l’emploi de termes n’existant pas à l’époque concernée. Ainsi, ils condamneront comme anachronique l’expression « les intellectuels du Moyen Âge », le mot « intellectuel » n’étant apparu dans son acception actuelle qu’au XIXe siècle. L’anachronisme peut aussi consister à porter un jugement sur des événements du passé à partir des catégories intellectuelles ou morales contemporaines. —► Archaïsme   anachronisme Erreur qui porte sur la succession des événements et des faits dans le temps. Commentaire On considère d’ordinaire deux types d’anachronisme : le pro-chronisme, qui pose un événement avant sa date réelle, et le métachronisme (ou parachronisme), qui place un événement après sa date réelle. On parle aussi d'anachronisme lorsque l’on place à une époque différente de l'époque réelle des usages, des idées et des sentiments. L’anachronisme devient parfois outil littéraire, procédé de style, par les rapprochements heureux qu’il opère à travers l’histoire, par le trouble qu’il jette sur les habitudes de lecture et de pensée, par l’effet de surprise qu’il provoque chez les lecteurs. Exemples Sans se soucier de la chronologie, le poète latin Virgile, dans l'Enéide (chants I, IV et VI), rapproche, dans une histoire d'amour célèbre, Énée, prince troyen du xiie siècle av. J.-C., et Didon, reine de Carthage au IXe siècle av. J.-C. Corneille parle de « cercueil » à une époque, celle des Romains, où les urnes et les sarcophages seuls existaient : Mais quoique ce combat me promette un cercueil, La gloire de ce choix m'enfle d’un juste orgueil. (Corneille, Horace, acte II, sc. 1.)

Liens utiles