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ALEMBERT

ALEMBERT (Jean Le Rond d'). Écrivain français (1717-1783), mathématicien (Traité de dynamique, 1743, où il énonce le principe qui porte son nom sur l'égalité entre les forces internes d'inertie et les forces opposées qui produisent l'accélération ; étude des dérivées partielles ; théorie mathématique de la précession des équinoxes, 1749, etc.). — Collabora à l'Encyclopédie de Diderot, dont il rédigea le Discours préliminaire et l’article «Genève» (entre autres) ; ce dernier provoqua la réaction de Rousseau (Lettre à d’Alembert sur les spectacles, 1758, qui dénonce la mise en scène de l’immoralité, et préconise des fêtes populaires), à la suite de laquelle la rupture se consomma entre Rousseau et les encyclopédistes, Voltaire en tête. — Sa pensée associait empirisme et déduction : ainsi, les propositions de géométrie, déduites les unes des autres, « ne sont toutes que la première proposition, qui se défigure, pour ainsi dire, successivement et peu à peu dans le passage d’une conséquence à la suivante... » (Disc. prélim.)
Philosophe, mathématicien et physicien, né à Paris. Fils naturel de Mme de Tencin et d’un commissaire général d’artillerie. Enfant prodige en matière de mathématique, il est déjà célèbre dans toute l’Europe à vingt-trois ans (et c’est à cet âge que l’Académie des sciences le reçoit). Par amitié pour les « philosophes », il acceptera de cautionner, du moins jusqu’en 1758, l’aventureuse Encyclopédie de Diderot: d’abord sur le plan scientifique ; puis sur le plan moral. À ce titre, il fut chargé d’en rédiger le Discours préliminaire (1751). En principe cette introduction ne devait être qu’une tentative de classification méthodique de toutes les sciences et de tous les arts qui constituaient la matière du dictionnaire, mais elle fut aussi (et surtout) un exposé de la marche en avant de l’esprit humain. Sur le plan littéraire, le Discours en question est, bien à tort, l’essentiel de ce qui reste vivant dans l’œuvre de cet auteur ; mais on devrait sauver encore - car elles sont assez actuelles -ses Réflexions sur l’usage et sur l’abus de la philosophie dans les matières de goût (1761).


ALEMBERT (JEAN LE ROND D’)
Écrivain, philosophe et mathématicien né à Paris en 1717, enfant naturel de Mme de Tencin (femme écrivain qui tenait un salon célèbre), d’Alembert avait le génie des mathématiques. Ami de Voltaire, il fonda, avec Diderot, l’Encyclopédie, à laquelle il travailla de 1751 à 1759, et dont il écrivit le Discours préliminaire. On lui doit des ouvrages de physique, de mathématiques mais aussi de philosophie (où il prône le scepticisme et là tolérance) et de littérature. Frédéric le Grand, roi de Prusse, chercha en vain à l’attirer à Berlin, tout comme Catherine II qui le voulait en Russie. Membre de l’Académie française, menant une vie modeste malgré les honneurs dont il était comblé, il mourut à Paris en 1783.


ALEMBERT Jean-Le-Rond d’. Mathématicien et écrivain français, l’un des plus illustres représentants de l’esprit philosophique au « siècle des lumières ». Né à Paris le 16 novembre 1717; mort de la pierre le 29 octobre 1783, dans cette même ville. Il était le fil naturel de Mme de Tencin et d’un commissaire d’artillerie nommé Destouches. Abandonné à sa naissance sur les marches de la chapelle de Saint-Jean-Le-Rond (d’où son nom, auquel il ajouta celui de d’Alembert), il fut recueilli par la femme d’un humble vitrier, Mme Rousseau, qu’il regarda toujours comme sa véritable mère. Grâce aux subsides que son père ne cessa de faire parvenir pour l’entretien et l’éducation de son enfant, celui-ci put faire d’excellentes et solides études, au collège Mazarin. Parvenu en classe de philosophie, le brillant élève de théologie qu’il était se découvrit une passion pour la géométrie et les mathématiques qui allait grandir bien vite. C’est ainsi qu’à peine âgé de vingt-deux ans il publie un Mémoire sur le calcul intégral (1739) qui assure d’un coup sa réputation. Deux ans plus tard, un autre mémoire, cette fois Sur la réfraction des corps solides (1741), non seulement consolide sa position dans les milieux scientifiques, mais encore lui ouvre, la même année, les portes de l’Académie des Sciences. Toutefois, l’œuvre principale à laquelle son nom reste attaché : le Traité de dynamique vit le jour en 1743; et c’est dans ce Traité que se trouve énoncé, pour la première fois, l’un des principes essentiels de la mécanique classique et qui est précisément connu sous le nom de « Principe de d’Alembert ». Etablissant avec une rigueur toute scientifique que la statique devait être dorénavant considérée comme un cas particulier de la dynamique, le Traité apportait une véritable révolution dans l’étude de certains phénomènes de la nature. En plus de cet ouvrage, d’Alembert a laissé d’autres écrits qui sont en quelque sorte la mise en œuvre et l’application à des questions particulières, des principales idées contenues dans son Traité : ce sont un Mémoire sur la cause générale des vents (1746) grâce auquel il remporta le prix proposé par l’Académie de Berlin pour un ouvrage qui traiterait de ce sujet (cette Académie, frappée de la supériorité de ce mémoire en reçut aussitôt l’auteur au nombre de ses membres); des Recherches sur la précession des équinoxes (1749), un Essai sur la résistance des fluides (1752). Citons encore ses Recherches sur différents points importants du système du monde (1754). Cependant, sa célébrité n’aurait peut-être jamais dépassé les cercles proprement scientifiques, s’il n’avait été intimement mêlé aux luttes et à la vie de son temps. Ami de Voltaire, de Diderot, il fut entraîné par ce dernier dans la grande aventure que furent la mise sur pied et la publication de l'Encyclopédie . Outre la rédaction de nombreux articles tant scientifiques que philosophiques, d’Alembert se chargea de revoir et superviser toute la partie mathématique. Toutefois, l’essentiel de son œuvre en ce domaine fut la rédaction du Discours préliminaire qui parut en tête du tome I de l’Encyclopédie : il y brossait, en une admirable synthèse, et dans un style vigoureux et clair, un tableau de toutes les connaissances humaines, faisant la preuve de son esprit authentiquement encyclopédique. Sa collaboration avec Diderot, qui remonte aux débuts de l’entreprise (1751), devait malheureusement cesser en 1759, peu après la polémique que souleva entre J.-J. Rousseau et lui, la publication dans l'Encyclopédie de son article sur « Genève », où il défendait la liberté des arts et s’élevait contre l’interdiction des représentations dramatiques qui sévissait à Genève depuis Calvin, article auquel Rousseau répondit par la Lettre sur les spectacles que suivit la Lettre à J.-J. Rousseau de d’Alembert. Diverses raisons ont été mises en avant pour expliquer ce retrait soudain de d’Alembert. Rappelons tout d’abord que, le 8 mars 1759, le Conseil d’Etat avait pris un arrêt interdisant la continuation de l’œuvre des encyclopédistes et retirant de la vente les volumes déjà parus. Ces difficultés survenant après tant d autres, il n’est guère niable que le découragement se soit emparé de notre savant. Tempérament beaucoup moins batailleur que Diderot, supportant mal les diffamations nombreuses dont il était accablé, il semble bien que d’Alembert ait cru sincèrement que le moment n’était plus propice à la poursuite d’une telle entreprise. En effet, la probité de l’homme, son courage en d’autres circonstances laissent supposer qu’il n’eût point reculé s’il était demeuré convaincu des chances de réussite. Esprit indépendant et droit, ni les honneurs ni la gloire ne parvinrent à entamer la simplicité de sa vie et de ses mœurs. Reçu et fêté dans les Salons, en particulier dans celui de Mme du Deffand, il n’en continua pas moins à habiter en compagnie de sa vieille nourrice, dans le logis étroit où elle l’avait élevé. Ce n’est qu’à l'âge de cinquante ans, quand les médecins lui prescrivirent formellement de changer de quartier d’habitation, qu’il se décida à ne plus vivre à ses côtés. En dépit de la pauvreté de ses ressources, et malgré les offres répétées qu’ils lui firent, ni Frédéric le Grand, qui voulait le faire nommer président de l’Académie de Berlin, ni Catherine II, laquelle lui proposa de diriger l’éducation de son fils, ne réussirent à l’attirer à leur cour. Fidèle dans ses amitiés, il ne le fut pas moins dans l’amour qu’il porta à de Lespinasse pendant plus de vingt ans, malgré les pénibles désillusions qu’une femme aussi inconstante et légère ne pouvait manquer de lui infliger. Entré en 1754 à l’Académie française, il en fut nommé Secrétaire perpétuel en 1772. En cette qualité, il écrivit des Eloges historiques des académiciens morts entre 1700 et 1770. Ces écrits ne comptent toutefois pas parmi ses meilleurs et l’on lirait avec plus de profit son Essai sur la Société des gens de lettres et les Grands (1753), où il s’en prend avec fougue aux écrivains qui ont accepté de vivre à l’ombre des grands de ce monde. Parmi ses autres ouvrages, de nature proprement littéraire, il convient de rappeler ses Mélanges de philosophie, d’histoire et de littérature (1753-1783), un Essai sur les éléments de philosophie et sur les principes des connaissances humaines (1759), ses mémoires Sur la Destruction des Jésuites (1765) et aussi sa Correspondance avec Voltaire, que publia Condorcet et où le fond de sa pensée - sa philosophie est sceptique en matière de religion et de métaphysique — est exprimé avec une grande vigueur et une merveilleuse vivacité. Les dernières années de sa vie furent assombries par la maladie. Ses exécuteurs testamentaires furent Watelet et Condorcet, lequel prononça son Eloge funèbre devant l’Académie des Sciences. ♦ « Il ne laissait du reste rien voir de sa supériorité qu’il semblait ignorer lui-même. » Chabanon. ♦ «... les yeux petits, mais le regard vif, la bouche grande, un sourire très fin, un air d’amertume et je ne sais quoi d’impérieux, un mouvement inquiet dans les sourcils, un son de voix si clair et si perçant qu’on le soupçonnait beaucoup d’avoir été dispensé par la Nature de faire à la philosophie le sacrifice cruel qu’Origène crut lui devoir. » Grimm. ♦ « Jamais je n’aurais cru qu’un génie si fort, si beau par la raison et la sagesse pût habiter le même corps avec un cœur aussi tendre, aussi aimant, aussi constant. » Marmontel. ♦ « On m’écrit de Pétersbourg que l’impératrice fait proposer à M. d’Alembert daller élever son fils. J’ai répondu là-dessus que M. d’Alembert avait de la philosophie, du savoir et beaucoup d’esprit, mais que s'il élevait ce petit garçon, il n’en ferait ni un conquérant, ni un sage, qu’il en ferait un Arlequin. » J .-J. Rousseau. ♦ « Ce que j’aime passionnément de M. d’Alembert, c’est qu'il est clair dans ses écrits comme dans sa conversation, et qu’il a toujours le style de la chose. Il y a des gens de beaucoup d’esprit dont je ne pourrais en dire autant... Le premier écrivain de ce siècle. » Voltaire. ♦ « Diderot et d’Alembert placés au nombre des plus beaux génies que la France ait produits, est une chose parfaitement ridicule. » Chateaubriand. ♦ « Une des puissances du XVIIIe siècle. » Sainte-Beuve.