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ADMIRATION

ADMIRATION, n.f. (lat. mirus «surprenant», «merveilleux»). ♦ 1° Sens courant. Surprise accompagnée d’un sentiment joyeux et agréable, allant du respect à l’enthousiasme. ♦ 2° Descartes. Etonnement devant l’insolite ; passion première et origine de toutes les autres, car elle précède tout jugement sur la valeur de la chose (Passions de l'âme, II, 53 : « L’admiration est une subite surprise de l’âme qui fait qu’elle se porte à considérer avec attention les objets qui lui semblent rares et extraordinaires »). Voir cependant le texte cité dans la note qui suit. ♦ 3° Une note très importante de Maurice Blondel se trouve dans le Vocabulaire de la philosophie de Lalande : « Le terme admiration comporte trois usages philosophiques : a) Chez Aristote ou Spinoza, le vulgaire admire que les choses soient comme elles sont ; le savant admirerait qu’elles fussent autrement : la connaissance de la nécessité inhérente à l’ordre total supprime donc l’admiration ou la transforme en une impassible contemplation intellectuelle, - b) Chez Descartes, l’admiration est la passion fondamentale du philosophe (Traité des passions, II, 53) ; consistant d’abord en une surprise qui provoque la recherche et reste l’âme de la philosophie parce qu’il faut toujours pouvoir s’étonner, elle survit à la découverte même, et devient un sentiment de joie esthétique et métaphysique, comme l’indique la fin de la troisième Méditation, où Descartes s’arrête devant Dieu pour “considérer, admirer et adorer l’incomparable beauté de cette immense lumière. — c) Ollé-Laprune a vu dans l’admiration le ressort moral de la philosophie, l’âme de l’éducation, le viatique de la vie spirituelle, la récompense finale d’un amour de la vérité comme elle en avait été le commencement et l’attrait : le rôle que d’autres attribuent à la curiosité, à l’inquiétude, il le fait jouer à ce sentiment de joie confiante qui épanouit l’être dans la possession toujours accrescible d’une réalité infiniment riche et bonne... » [« Accrescible » : qui peut s’accroître] (V. fin de la troisième Méditation de Descartes).

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