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ACTE

ACTE. n.m. ♦ 1° Métaphysique. Actus, en lat. scolastique, traduit les termes aristotéliciens énerguéïa et entélékhéïa (ce dernier rendu parfois par « entéléchie ») ; il s’oppose alors à « puissance ». Aristote donne plusieurs exemples qui montrent que l’acte achevé {entélékhéïa) résulte d’un processus {énerguéïa) au cours duquel un sujet, qui en avait la puissance, acquiert une certaine perfection déterminée : l’ignorant (sujet en puissance par rapport à la science) apprend (il accomplit un changement intellectuel) et devient savant (il possède alors la science en acte) ; le feu en acte communique au bois (en puissance de brûler) par réchauffement (changement qualitatif) le pouvoir de s’enflammer (le bois devient alors feu en acte) ; le sculpteur, à coups de ciseau dans le marbre (statue en puissance) réalise peu à peu (processus) un Hermès (acte). Si l’on distingue l’actualisation comme processus {énerguéïa), on dira donc que l’acte est une certaine perfection déterminée. {Traité § 250.) À partir de ce sens, saint Thomas d’Aquin montrera que, pour tout être créé, habens esse (ayant reçu d’être), se trouve, au plus intime de son existence, la communication créatrice, qui fait qu’il est, réellement : cet esse {être, à l’infinitif) est pour lui comme l’acte par rapport à la puissance, c’est-à-dire que c’est par là que son essence (sa nature) particulière existe en réalité : a) « Nihil enim habet actualitatem, nisi in quantum est ; unde ipsum esse est actualitas omnium rerum, et etiam ipsarum formarum (Car rien n’est en acte, sinon en tant qu’il est ; d’où : être est cela même qui est l’acte de toutes les choses, et même de toutes les formes) ». (Som. théol. 1° q. 4, a.l) b) « Quamdiu igitur res habet esse, tamdiu oportet quod Deus adsit ei, secundum modum quo esse habet. Esse autem est illud quod est magis intimum cuilibet, et quod profundius omnibus inest (...). Unde oportet quod Deus sit in omnibus rebus, et intime (Tant donc qu’une chose a d’être [d’exister], tant faut-il que Dieu lui soit présent, selon la manière particulière qu’elle a d’être. Etre est donc ce qui est le plus intime pour chaque chose, et ce qui lui est le plus profondément intérieur (...). Ainsi faut-il que Dieu soit en toutes choses, et intimement) » {Ibid., q. 8, a. 1). Pour Aristote, comme pour les scolastiques, Dieu est Acte Pur, c’est-à-dire qu'il ne lui manque rien dans l’ordre des perfections (il n’est pas d’abord « en puissance ») : saint Thomas d'Aquin précisera ce point en établissant que l'Acte Pur est identiquement Puissance Active, par opposition à la puissance passive qui caractérise la disposition « en puissance » décrite ci-dessus. ♦ 2° Psychologie. Ce que l’on fait, c'est-à-dire un mouvement (volontaire ou non) qui a un commencement et un terme, souvent aussi un but. ♦ 3° Morale (opposé à « intention »). Action, ou au contraire refus de se laisser entraîner ; (ex. : acte de courage, de résistance, de générosité, etc.). ♦ 4° Sociologie. Opération déterminée par un code (acte juridique, acte notarié, etc.).
Acte

Du latin actum, « fait accompli» (participe passé substantivé de agere, «agir», « faire »). - Toute conduite qui traduit l’accomplissement d’une volonté consciente. - Par opposition à la pensée ou à la parole, toute conduite qui entraîne une modification observable de l’environnement. - Désigne, chez Aristote, ce qui est pleinement réalisé ou achevé, par opposition à puissance. - Acte manqué : acte qui « manque » son but, qui ne correspond pas aux intentions conscientes de son auteur (exemple : le lapsus).
• Dans la terminologie d'Aristote, une maison en acte est une maison qui est effectivement construite. Tant qu'elle n’existe que sur les plans de l'architecte, elle est en puissance. • Dieu, pour Aristote, est « acte pur » : toutes les perfections sont réalisées en lui, aucune d'elles ne demeure à l'état virtuel. • Pour certains philosophes du langage, comme J. L. Austin (1911-1960), les paroles échangées sont des actes à part entière (cf. les énoncés « performatifs »).
ACTE (n. m., étymologie : ce qui est fait). 1. — (Stricto) Exercice d’un pouvoir ou d’une faculté, résultat de cet exercice. 2. — La réalisation en cours ou achevée. 3. — Opération ayant un effet légal ou pièce la constatant (acte judiciaire). 4. — Opposé à puissance ; pour Aristote, désigne soit ce qui est en train de s’accomplir, soit l’être réalisé ou achevé (c.-à-d. la forme opposée à la matière) : le mouvement est l'acte du mobile en tant que tel ; Syn. entéléchie ; la capacité d’exercer une activité peut être dite en acte (propriété donnée), quoiqu’elle soit en puissance par rapport à son exercice ; Aristote distingue alors l'acte premier et l'acte second : tout homme est en puissance musicien, celui qui a appris la musique est musicien en acte (acte premier), il peut jouer de la musique et être alors en un autre sens musicien en acte (acte second) ; l’âme est l’entéléchie première d’un corps en puissance de vie. 5. —Acte manqué : acte non conforme à l’intention consciente ; pour Freud, résulte d’un conflit de cette intention avec un désir inconscient. 6. —Acte épistémologique : « Saccade du génie scientifique qui apporte des impulsions inattendues dans le cours du développement scientifique » (Bachelard) ; opposé à obstacle épistémologique. 7. —Action : a) Exercice d’un pouvoir, exécution d’un acte, fait d’agir. b) Toute activité d’un être dont il est explicitement la cause ; opposée à passion. c) par extension, influence exercée sur un autre être, d) Ensemble des actes d’une personne ou d’un groupe, e) (phys.) Produit de l’énergie par le temps. f) Principe de moindre action : principe selon lequel l’action au sens e est toujours un extre-mum, c.-à-d. que sa variation est nulle. 8. —Activité : action au sens a. 9. —Agent (adjectif actif) : a) Qui accomplit un acte ou une action au sens b ; opposé à patient, b) Intellect agent : pour Aristote, intellect qui, étant cause efficiente de nos pensées, est séparé, impassible et sans mélange, étant par essence un acte ; opposé à intellect patient : partie de l’âme qui reçoit la forme intelligible. 10. —Actuel : qui est en acte, c.-à-d. achevé, réalisé ; opposé à potentiel, virtuel ; par extension, présent.