ABD EL-KADER
Émir arabe né près de Mascara (Algérie) vers 1807, mort à Damas en 1883. Défenseur de l'Algérie, il affronta les Français qui en faisaient la conquête sous les ordres du général Bugeaud. La prise de sa smalah (camp où étaient regroupés sa famille et ses vassaux) par le duc d'Aumale (1843) le contraignit à se réfugier au Maroc dont il obtint l'appui (1844). Les combats reprirent jusqu'à la bataille d'Isly remportée par Bugeaud la même année. Abd el-Kader finit par se rendre au général Lamoricière en 1847. Interné en France avec sa famille, il fut libéré par Napoléon III au moment de la proclamation de l'Empire. Il vécut alors à Damas où il se fit le défenseur des chrétiens maronites lors des massacres de 1860.
ABD EL-KADER ou ABD-AL-QADIR, Muhyi al-Din al-Hasani (près de Mascara, 1808-Damas, 1883). Émir arabe. Il organisa durant 15 ans (1832-1847) la résistance contre la conquête de l’Algérie. Issu d’une famille d’origine chérifienne, musulman convaincu mais aussi théologien, il fut proclamé sultan des Arabes en 1832 et mena la guerre sainte (djihad) contre les Français, qui reconnurent par le traité de la Tafna ( 1837) son autorité sur les deux tiers de l’Algérie dans l’espoir d’y établir un protectorat. Abd el-Kader en profita pour étendre son autorité jusque dans le Constantinois et mit en place un État arabe islamique. Cependant, en 1839, il décida de reprendre la lutte et s’empara de la Mitidja. Vaincu après trois années de combat, Bugeaud lui portant le coup décisif, Abd el-Kader dut se réfugier au Maroc après la prise de sa smala par le duc d’Aumale (1843). Les défaites de son allié, le sultan du Maroc (bataille de l’Isly, 1844) obligèrent Abd el-Kader à se résigner à la paix ; indésirable au Maroc, il dut se livrer aux Français ( 1847). Interné en France, il fut libéré par Napoléon III. Retiré en Turquie à Brousse (1853) puis à Damas (1855), il consacra le reste de sa vie à l’étude et à la méditation religieuses. Considéré comme le fondateur de la nation algérienne, ses restes furent transférés en Algérie en 1966.
Abd el-Kader (Hachem Darough 1808-Damas 1883) ; émir de l’Oranie. D’une famille chérifienne liée à la confrérie Qâdiriya (son père est un marabout influent), il est élu émir des tribus de l’Oranie dès 1832. Chef religieux, il organise une armée régulière de 10 000 hommes et jette les bases d’un État algérien. En 1834, il signe avec le général Desmichels un traité qui le reconnaît comme souverain de l’Oranie. Ses victoires à La Macta (1835), à Rachgoun (1836) et la déroute des troupes du général Clauzel devant Constantine imposent de nouvelles négociations en 1837. Profitant des rivalités à l’intérieur de l’état-major adverse (entre Bugeaud et Damrémont), il signe le très avantageux traité de la Tafna qui lui permet de s’étendre à l’est. En 1839, son armée ravage la Mitidja ; commence alors un combat sans merci avec le général Bugeaud (qui dispose de 100 000 soldats en 1846) pour la conquête totale de l’Algérie. À la guérilla des cavaliers d’A., Bugeaud oppose des troupes mobiles qui harcèlent l’ennemi et utilisent la tactique de la terre brûlée. Repoussé dans l’ouest de l’Algérie, A. est soutenu par le sultan du Maroc qui l’accueille après la prise de sa smala en 1843. Le bombardement de Tanger en 1844 et la défaite des Marocains sur l’Isly renversent cette alliance. Traqué comme hors-la-loi, A. se bat jusqu’en 1847 puis se rend au général Lamoricière (on lui promet l’exil à Alexandrie). Emprisonné en France de 1848 à 1852, il est libéré par Napoléon III. Figure mystique et tolérante, il s’occupe exclusivement de théologie soufie à Damas où il vit à partir de 1855. Il protège les chrétiens lors des troubles de 1860, devient franc-maçon en 1864, mais refuse son soutien aux ambitions françaises en Syrie et désavoue en 1871 les révoltes algériennes.
Bibliographie : Abd el-Kader, Écrits spirituels, éd. M. Chodhiewicz, 1982 ; S. Aouli, R. Redjala, P. Zoummeroff, Abd el-Kader, 1994 ; B. Étienne, Abd el-Kader, 1994.