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Parménide


Parménide (v. 515-apr. 450 av. J.-C.). Philosophe grec d’Élée (lat. Velia) au sud-ouest de l’Italie, une colonie grecque fondée en 540 av. J.C. par Phocée, la plus septentrionale des cités ioniennes en Asie Mineure. On dit qu’il donna des lois à sa cité. Selon la tradition, il fut un élève du philosophe ionien Xénophane, mais il ne lui resta pas fidèle, préférant s’associer avec les pythagoriciens. On dit qu’il visita Athènes tard dans sa vie et, qu’il rencontra Socrate. Il fut le fondateur de ce qu’on appelle l’école éléate de philosophie, et le premier philosophe grec dont les doctrines survivent sous une forme presque intacte. On les trouve dans une série cohérente de citations provenant du poème didactique (perdu) dans lequel il exposa sa pensée. Écrit en hexamètres, le poème consiste en un prologue et deux sections intitulées le Chemin de la Vérité et le Chemin de l'Apparence. Le prologue s’ouvre sur une allégorie décrivant le voyage de Parménide sur un char, passant par les portes qui conduisent de la Nuit au Jour, c’est-à-dire du raisonnement faux au raisonnement vrai, ce dernier étant représenté par une déesse qui révèle au philosophe, dans le Chemin de la Vérité, la vérité des choses, dans leur essence véritable. Elle commence par définir les deux méthodes possibles de recherche, incompatibles entre elles : soit une chose « est et ne peut pas ne pas être»; ou elle «n’est pas et elle doit ne pas être ». La seconde méthode est rejetée sur la base qu’il est impossible de concevoir le non-existant : on peut seulement penser ou parler sur « ce qui est ». Il y a une troisième manière qui combine les deux autres : les mortels ordinaires, trompés par la perception des sens, croient qu’une chose à la fois est et n’est pas («ce qui est» peut devenir quelque chose de différent, c’est-à-dire ce qu’il n’était pas jusqu’à présent, par le biais du changement). Cette idée est rejetée elle aussi comme intrinsèquement contradictoire. Une fois que l’on a établi la prémisse : «une chose est», par élimination, comme la seule possibilité, Parménide (par la voix de la déesse) en déduit tout ce qui suit: «ce qui est» n’est sujet ni à la naissance ni à la mort; il est un et non divisible ; il est complet en lui-même et non exposé au changement. Toutes ces conclusions sont atteintes par la raison seule, sans recours aux sens. Cette section est suivie par le Chemin de l'Apparence, dans laquelle la déesse, à partir de l’acceptation des contraires, la lumière et les ténèbres, bâtit une cosmologie qui représente, semble-t-il, les croyances erronées des hommes, fondées sur les sens. Parménide les rejette, croyant seulement dans le Chemin de la Vérité. Sa cosmologie a eu peu d’influence apparente par la suite. Ce n’est donc pas une catastrophe si le texte de cette partie est trop fragmentaire pour permettre une reconstruction. Mais en décrivant une cosmologie cohérente, Parménide semble ici admettre la possibilité de la structure et de la forme dans le monde des sens. La nature mutuellement exclusive des deux chemins peut indiquer que Parménide considérait le monde expliqué par les sens et le monde expliqué par la raison comme radicalement différents et comme des constructions sans rapport entre elles, seul le second représentant la réalité. L’intérêt du Chemin de l'apparence résidé aussi dans le fait incident que Parménide envisage ici, pour la première fois dans la pensée grecque, les exigences d’une théorie scientifique, qui devrait rendre compte de tous les phénomènes observés, d’une manière conforme, en étant cohérente et systématique. Les doctrines de Parménide (et de son disciple Zénon, incroyablement brillant) vont souvent contre l’expérience et le sens commun, mais il fut le plus influent des philosophes présocratiques; il a montré que même ce que les hommes considèrent comme fondamentalement vrai est sujet à questionnement (pour la réponse des atomistes à Parménide, voir Démocrite).

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