Y a-t-il des valeurs universelles ou toute valeur est-elle particulière ?
Publié le 15/05/2020
Extrait du document
«
L'analyse du professeur
Dans les Lettres Persanes, Montesquieu manie l'ironie avec talent pour montrer à quel point le regard d'un individu baigné
d'une culture différente de la culture occidentale peut être surpris par les modes de vie des parisiens, empesés à ses yeux
par des conventions et des codes inutiles voire vains.
Au-delà de l'amusement suscité par la lecture des différentes lettres
échangées par Rica et Iben, l'ouvrage ne manque pas de poser la question du relativisme culturel, et résonne aujourd'hui
comme prophétique, à l'heure où les différences de pratiques culturelles interrogent profondément nos valeurs et nos façons
de penser.
La question « Une culture peut -elle être porteuse de valeurs universelles ? » se pose donc avec acuité pour toute
société, dans la mesure où la culture fédère les individus, bien plus profondément d'ailleurs que les règles juridiques ou les
modes passagères.
Cette question a ceci de problématique qu'il semble bien que les valeurs et les codes culturels font
l'objet de convictions qui dépassent largement l'assentiment passager.
Il en va en effet, dans une culture, d'un ensemble de
pratiques et de valeurs construites dans l'histoire et adoptées par des groupes de personnes, cet ensemble déterminant une
identité à laquelle adhère profondément chacun.
Dès lors, par sa culture un individu donne un sens à son existence, à
l'exclusion ou tout au moins à la différence des autres cultures qu'il pourrait choisir.
Il a ainsi le sentiment que son mode
d'existence est celui qui lui convient le mieux, ce qui consiste implicitement pour lui à accorder une valeur supérieure à son
choix, sans toutefois nécessairement le conduire à renier le choix des autres.
Un paradoxe apparaît ainsi.
Si un individu est
conduit à faire un tel choix, c'est qu'il accorde une universalité à son adhésion, au sens où tout être humain y adhérerait de la
sorte s'il en comprenait exactement les enjeux.
Mais cette universalité postulée reste accompagnée de réserves, puisque
non seulement plusieurs cultures existent dans le temps mais surtout toute personne raisonnable ne peut prétendre
absolument que ses propres valeurs devraient s'imposer aux autres.
Dès lors, si une culture est réellement porteuse de
valeurs universelles, elle est forcément exclusive de valeurs différentes, ce qui implique que toutes les cultures sont
composées des mêmes valeurs.
Cela revient -il à penser que toutes les cultures sont les mêmes, ou au contraire que
certaines cultures ne sont pas vraiment des cultures ? À l'inverse, si les cultures ne sont pas porteuses de valeurs
universelles, comment expliquer qu'elles déterminent de tels processus d'identification personnelle ?
Nous nous attacherons à montrer que la culture se construit par une adhésion qui n'implique pas nécessairement
d'universalité mais un simple choix axiologique dont la portée se limite à ceux qui optent pour lui.
Néanmoins, il nous faudra
montrer les difficultés d'un tel point de vue, puisque l'identité qui se construit par le choix des pratiques culturelles se veut
universalisable, c'est-à-dire dépasse la subjectivité de celui qui y adhère pour créer une identité commune à un groupe
humain.
Nous tenterons alors, en dernière instance, de montrer que ce processus d'universalisation interne à la construction
culturelle, sans être par essence exclusif de tout autre système culturel, définit cependant des valeurs et des pratiques
composant particulièrement chacune des cultures, et condamne ainsi toute portée culturelle universelle.
Plan proposé
Partie 1
a Il paraît tout d'abord que l'adhésion à une culture dépend de conditions factuelles, au premier rang desquelles l'éducation,
que ne choisit pas positivement l'individu mais auxquelles il est soumis en raison de sa naissance dans une société et dans
un contexte familial.
b Dès lors, la culture à laquelle il adhère est une culture particulière, qui dépend elle-même d'une histoire et de rapports
construits qui n'ont d'autre vocation que d'exprimer des habitudes prises ensemble par un ou des groupes humains.
c En ce sens, vouloir donner à une culture particulière une vocation universelle en prétendant que les valeurs construites
sont valables au-delà du contexte de leur élaboration revient à faire des choix subjectifs des choix objectifs et éternels, ce.
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