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Une théorie sans expérience nous apprend-elle quelque chose ?

Publié le 17/01/2022

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* Théorie ou rêverie?Une théorie sans expérience semble d'abord avoir un caractère arbitraire comme pour la rêverie, la déconnexion par rapport à l'expérience semble autoriser toutes les extravagances; une théorie sans expérience serait alors un système fictif, une « vue de l'esprit » qui ne nous apprend rien. * Validité et véritéApprendre, c'est en effet acquérir de nouvelles connaissances; or une théorie sans expérience est une pure construction intellectuelle dont la seule qualité peut être la validité logique; pour parler de connaissance, il faut au contraire qu'il y ait un rapport entre des idées et un objet réel. * Une méthode intellectuelle?Que nous apprennent alors les mathématiques? Descartes les considérait comme une méthode intellectuelle qui fournit un modèle pour toutes les sciences expérimentales, l'intuition intellectuelle des « vérités mathématiques » tenant lieu d'expérience. Mais l'apparition d'une infinité de systèmes géométriques ou algébriques possibles complique et enrichit à la fois la fonction des mathématiques. II. ... mais une expérience sans théorie est aveugleIl semble donc difficile de parler d'une progression des « connaissances lorsqu'il s'agit de théories coupées de l'expérience.

Théorie et expérience sont deux notions souvent associées, car elles entretiennent un rapport complexe. En effet toutes deux permettent la connaissance : l’une la permet par l’intellection et la réflexion, tandis que l’autre l’apporte par l’action. D’ailleurs, en grec théorie vient de theôria et signifie contemplation, regard désintéressé. Pratique se dit prattein et veut dire agir. Ces deux modes de connaissance semblent s’opposer et se nécessiter dans le même temps. En effet, la théorie nécessite un mouvement de l’esprit, tandis que l’expérience demande un mouvement du corps. Cependant, toutes deux se complètent et s’affirment. Nous pouvons, par exemple, apprendre quelque chose à l’école (comment construire une horloge) et ne le comprendre véritablement qu’en fabricant réellement l’horloge. De même, nous pouvons construire un objet immédiatement (du premier coup) et comprendre ensuite par la théorie ce que l’on a fait, grâce aux calculs, ou aux lois géométriques. Mais alors, est-ce qu’une théorie qui reste purement théorie et ne se matérialise jamais nous apprend véritablement quelque chose ? En effet, la théorie nous donne à connaître, mais la pratique nous montre que c’est possible. Théorie et expérience vont-elles de paires ou bien est-ce que l’une d’elle est inutile ?

« III.

Science formelle ou métaphysique Nous venons de voir l'importance de l'expérience pour la progression des connaissances; et pourtant on peutenvisager trois fonctions importantes des théories « sans expérience ». • L'importance des sciences formellesLes sciences purement formelles comme la logique ou les mathématiques peuvent tout d'abord nous fournir desconnaissances précieuses sur les possibilités de l'esprit humain et sur l'organisation des connaissances : y a-t-il unou plusieurs types de rationalité ? Toutes les constructions théoriques peuvent-elles être compatibles entre elles?Ce domaine de réflexion a connu un grand essor avec l'apparition de l'informatique. • L'élaboration de modèles théoriquesLe développement des sciences formelles permet également de mettre au point des modèles plus puissants pourcomprendre l'expérience : ainsi, certaines structures de la matière sont analysables théoriquement à partir demodèles géométriques à plus de trois dimensions. • Connaître ou penser : la métaphysique Enfin, Kant a montré que certaines questions échappant au domaine del'expérience possible étaient cependant présentes de façon indéracinabledans l'esprit humain; ces questions sont celles de la métaphysique et portentsur le devoir, l'existence de Dieu, l'immortalité de l'âme.

La philosophie auraalors pour tâche, selon Kant, non plus d'en faire la théorie au sensscientifique, mais de les penser avec rigueur.

Cette réflexion sur le domaine «suprasensible » ne nous « apprendra » rien mais éclairera le sens del'existence.L'emploi logique de la raison implique qu'elle recherche toujours la raison dechaque raison, la condition du conditionné, et ce, en une régression à l'infini.Cependant cet emploi logique ne peut décider si le conditionné l'estrelativement ou absolument, en d'autres termes s'il existe un inconditionné.En revanche, l'usage transcendantal de la raison, voulant donner duconditionné une explication complète, postule que le conditionné ne peutavoir d'existence réelle que s'il procède d'un inconditionné qui fonde la réalité.Cet usage refuse donc la régression à l'infini.

Mais cet inconditionné nepouvant être trouvé dans le monde phénoménal de l'expérience, la raisontranscendantale le place dans un monde suprasensible, qui est celui de lamétaphysique.

Ainsi naissent les idées transcendantales d'âme, de monde etde Dieu, lesquelles entraînent paralogismes et antinomies.

Or, tandis que lavérité de la science réside dans la coïncidence entre le concept fourni parl'entendement et l'intuition fournie par la sensibilité, il ne peut y avoir, par définition, aucune intuition métaphysique correspondant aux idées métaphysiques puisque la métaphysique prétendsaisir des objets qui sont hors du monde de l'expérience.

L'usage transcendantal de la raison est donc illégitime, etla métaphysique une pure illusion. Conclusion Pourvu qu'elle soit développée avec rigueur, une théorie sans expérience peut être riche d'enseignements mais nepeut faire progresser notre connaissance du monde et nos capacités techniques qu'à travers le processus complexede la confirmation expérimentale, qui fournit également une stimulation extérieure vitale pour le développement de lathéorie elle-même.. »

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