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Un homme sans passé peut-il être un homme libre?

Publié le 19/01/2005

Extrait du document

IntroductionOn peut opposer l'idée du passé comme poids et déterminisme (je ne peux te changer) à l'idée de liberté comme absence de contrainte : pour être libre, il faudrait ne pas avoir de passé. Mais la liberté peut être conçue autrement : comme autonomie, pouvoir de décider et d'agir par soi-même avec raison, ce qui exige connaissance et maîtrise de soi. Le passé ici semble nécessaire : mon passé me caractérise et donne sens à mon histoire individuelle, il est moi. D'où la question posée par le sujet : peut-on vraiment penser qu'un homme sans passé puisse être libre? Sa liberté ne se révélerait-elle pas illusoire ? Mais alors le problème se pose de savoir comment le passé peut être source de liberté si par ailleurs il peut se révéler contraignant : s'agit-il simplement de l'accepter et de le continuer, ou peut-on envisager une certaine forme d'action sur le passé? 1) Le passé comme contrainte niant la liberté : il faut ne pas avoir de passé pour être libre.a) Le passé comme temps révolu engendre le regret nostalgique qui s'oppose à la liberté d'action.Le passé peut être conçu comme ce qui malheureusement n'est plus, et que le temps a laissé derrière en passant : « tu ne te baigneras jamais deux fois dans le même fleuve ».   On ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve.

« d'être actifs.

Or la liberté est bien le pouvoir d'agir sans que rien ne vienne entraver l'action.

Le passé prend ici lafigure de l'obstacle, de la contrainte.

Pour être libre il faudrait alors que je ne pense plus à ce que je fus pour metourner vers l'avenir, il faudrait oublier. b) Le passé comme acte accompli dans la faute m'impose le remords qui obsède mes pensées. Plus encore, le passé peut prendre le sens d'un poids culpabilisant : ce que j'ai fait et mal fait, et que je ne peuxplus refaire.

Impossible de revenir en arrière pour réparer la faute commise et j'ai beau chercher à m'innocenter,impossible de « réduire au silence l'accusateur qui est en moi » (Kant).

Ici ce n'est plus seulement la liberté d'actionqui est compromise, c'est l'usage entier de mes pensées, c'est toute ma conscience qui est «malade ».

L'hommeportant le fardeau du passé honteux ne peut que « souffrir de réminiscences » et s'enfermer dans la maladie.

Si laliberté exige une conscience clairvoyante pour me garantir de diriger moi-même ma vie en sachant ce que je fais, lepassé ici m'en prive totalement pour me rendre dépendant d'un inconscient pathologique ! Pour être libre, il semblenécessaire de nier son passé en disant non à la faute commise : «je n'ai pas voulu cela » ou «je ne savais pas ceque je faisais » sont des formules idéales pour nier ainsi ce que l'on fut. c) Le passé comme donné s'impose comme sens à poursuivre, son exigence de continuité s'oppose à laliberté de choix. Mais le passé est aussi, et plus généralement, ce qui à un moment de ma vie a pris sens, ce que j'ai engagé.

À luiseul, il est déjà une histoire.

Parler de son passé, ce n'est pas parler d'un simple instant, discontinu ; c'est évoquerce qui est déjà une continuité.

Or la conscience humaine est ce qui donne à l'homme la possibilité d'exister : de sereprésenter à lui-même pour donner un sens, une orientation à sa vie, à travers des buts à poursuivre.

Ces buts nesont pas le fait d'un jour, ils s'enracinent dans le temps.

Le passé est alors ce qui symbolise l'émergence de cesbuts.

Aussi Sartre prend-il l'exemple du mariage, qui, avec la «maison achetée et meublée l'an dernier limitent) mespossibilités et me dicte(nt) ma conduite » (L'Être et le Néant).

Ainsi le passé m'empêche de choisir, de décider entredeux sens, ici entre celui qu'il impose à ma conscience et un autre.

Il demande qu'on lui soit fidèle, au sens où luiêtre infidèle reviendrait à perdre un peu de soi-même en changeant.

La liberté exigerait au contraire que je devienneun homme sans passé, c'est-à-dire que je rompe avec mon passé, que j'abandonne son sens en « refaisant ma vie», ne serait-ce que pour prouver que je peux encore choisir. On développera cette idée avec le texte ci-dessous: La signification du passé est étroitement dépendante de mon projet présent.Cela ne signifie nullement que je puis faire varier au gré de mes caprices lesens de mes actes antérieurs; mais, bien au contraire, que le projetfondamental que je suis décide absolument de la signification que peut avoirpour moi et pour les autres le passé que j'ai à être.

Moi seul en effet peuxdécider à chaque moment de la portée du passé: non pas en discutant, endélibérant et en appréciant en chaque cas l'importance de tel ou telévénement antérieur, mais en me « pro-jetant » vers mes buts, je sauve lepassé avec moi et je décide par l'action de sa signification.

Cette crisemystique de ma quinzième année, qui décidera si elle « a été » pur accidentde puberté ou au contraire premier signe d'une conversion future? Moi, selonque je déciderai - à vingt ans, à trente ans - de me convertir.

Le projet deconversion confère d'un seul coup à une crise d'adolescence la valeur d'uneprémonition que je n'avais pas prise au sérieux.

Qui décidera si le séjour enprison que j'ai fait, après un vol, a été fructueux ou déplorable? Moi, selonque je renonce à voler ou que je m'endurcis.

Qui peut décider de la valeurd'enseignement d'un voyage, de la sincérité d'un serment d'amour, de lapureté d'une intention passée, etc.

? C'est moi, toujours moi, selon les finspar lesquelles je les éclaire.

Sartre. Introduction. Ces lignes, extraites de « L'Etre et le Néant », se rapportent aux thèmes du passé et de la liberté.

Quelproblème soulèvent-elles ? Celui de savoir si le passé pèse sur moi, tel un ensemble de déterminismes , ou bien s'ilest matière pour une liberté humaine.

En somme, le passé œuvre-t-il dans le sens du déterminisme ou bien est-ilorgane de ma liberté ? Quelle est l'idée directrice des lignes proposées ? Présent, futur et « projet fondamental » décident du sens dupassé, qui, loin d'être un bloc inerte, est modelé par le projet humain.

Le passé n'est ni opacité ni réalité figée ; ilest l'autre face de ma pleine liberté. On saisit, du même coup, l'enjeu, l'importance décisive du texte, puisqu'il nous conduit aux portes de la totale responsabilité humaine. Le texte se divise en deux grandes parties principales divisées elles-mêmes en sous-parties : a) « La signification du passé… sa signification » : mon projet originel et mon projet présent commandent la. »

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