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Un écrivain peut-il par ses oeuvres contribué à l'amélioration de la société?

Publié le 24/02/2005

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Comment la littérature peut-elle favoriser le progrès social ? L'écrivain, par ses pièces de théâtre, par ses poèmes, par ses romans peut-il contribuer à l'amélioration de la société ? Ce sujet sous-entend que la littérature peut avoir un but « extralittéraire «. Quels rapports peut-il y avoir entre la littérature et le progrès social. Un écrivain peut-il améliorer la société ? La littérature peut-elle réellement et directement influencer le dynamisme social, comment ?

  • I- Non, l'artiste ne peut améliorer la société, car c'est aux antipodes de la définition première de l'œuvre littéraire / de l'art
  • II- Pourtant, l'art n'est peut-être qu'un moyen, et non une fin, pour l'artiste.
  • III- L'écrivain ne fait que " contribuer ", il n'est pas la cause du progrès de la société ! Est-ce que le but de l'écrivain est d'agir sur le réel ? Ou bien de cultiver l'imagination ?

« De nombreux écrivains combattent ou ont combattu pour le triomphe d'idées politiques au travers de leurs œuvres.En France, cette idée d'engagement des hommes de lettres est assez récente dans l'histoire littéraire puisqu'elleapparait au XVIIIème siècle.

Depuis, se succèdent des périodes où beaucoup d'hommes de lettres se désintéressentde la vie de la cité et des périodes où l'engagement national et politique prédomine chez la majorité d'entre eux.Historiquement, les premières manifestations de l'engagement de l'écrivain remontent à l'époque des philosophes dela Grèce antique.

Mais, l'écrivain peut-il vraiment par ses œuvres influencer la société et contribuer à sonamélioration ? De nombreux obstacles entravent la liberté d'expression des écrivains.

Cependant, au cours del'histoire, beaucoup d'entre eux, poussés par leurs idéaux, ont réussi à les surmonter. La diffusion des idées de l'écrivain et, donc, son influence sur la société peut rencontrer différents obstacles.Le premier obstacle peut être constitué par l'incapacité des destinataires de l'œuvre à la comprendre, voire à la lire.En effet, avant la Révolution, on estimait à 60% le taux d'analphabètes, sachant que les 40% restant étaientdénombrés sur leur seule capacité à signer.

Au XVIIIème siècle, le peuple n'avait pas accès à la culture littéraire nimême, tout simplement, à l'éducation.

A cet égard, les idées de certains philosophes des lumières, prônant pourtantl'égalité, sur l'éducation du peuple n'allaient pas dans le sens d'une diffusion la plus large possible des œuvreslittéraires au sein de la société.

Ainsi Rousseau affirmait: "les pauvres n'ont pas besoin d'éducation" et Voltairesoutenait : "Ce n'est pas le manœuvre qu'il faut instruire, c'est le bourgeois, l'habitant des villes." Un siècle plustard, Jules Ferry fera avancer la réflexion sur la société en faisant dépendre l'effectivité de la démocratie d'unemeilleure éducation populaire.

L'écrivain doit donc s'efforcer de rendre son message accessible à tous.

Ce n'est paschose facile quand il doit passer à travers les mailles de la censure étant alors obligé d'exposer ses idéesimplicitement.

Un certain niveau intellectuel est donc nécessaire pour saisir la pensée de l'auteur derrièrel'apparence fictionnelle de ses œuvres.

Cependant, sous les régimes totalitaires la censure est telle que même uneargumentation implicite ne peut la déjouer. Le second obstacle peut donc être constitué par la censure sous les régimes totalitaires: l'œuvre est interdite voiredétruite, donc elle ne peut être lue.

Ainsi, sous le nazisme, seuls les livres officiels étaient acceptés, les autresétant brûlés lors d'autodafés.

La "purification" du pays se traduisit, en partie, par la destruction des écrits nonseulement juifs mais aussi allemands et étrangers relevant selon la propagande nazie de "l'esprit antiallemand".L'autodafé ayant, sans doute, le plus marqué les esprits est celui de l'Opernplatz à Berlin en mai 1933: 20 000 livressont alors jetés au feu.

Toute liberté d'expression était donc prohibée, réduisant les écrivains au silence.

C'est ainsiqu'Hitler s'assura l'assujettissement de la culture au parti.

Les livres ne sont toutefois pas les seuls cibles desrégimes totalitaires.

Ainsi, Soljenitsyne, écrivain russe, est expulsé d'URSS après la publication de son ouvrage surles camps de travail forcé russes, Une journée d'Ivan Denissovitch, et de sa lettre écrite en 1967 au Congrès desécrivains soviétiques, dans laquelle il exige "la suppression de toute censure-ouverte ou cachée-sur la productionartistique".

Par la suite, le KGB le surveillera de façon de plus en plus étroite.

Il manquera d'être assassiné en août1967.

En décembre 1973, paraît à Paris L'Archipel du Goulag où il expose le système concentrationnaire soviétiquedu Goulag, qu'il a vécu de l'intérieur, et la nature totalitaire du régime.

Il avait envoyé une copie de son œuvre enOccident pour qu'elle échappe à la censure.

Cette publication lui vaudra d'être déchu de sa citoyenneté et d'êtrearrêté puis expulsé d'Union Soviétique début 1974.

Les régimes totalitaires s'emploient donc à réduire au silence lesintellectuels afin de les empêcher d'exercer une influence sur les sociétés qui les asservissent.Enfin, le troisième obstacle peut être constitué par l'écrivain lui même.

En effet, durant la seconde moitié du XIXèmesiècle, apparaît en France un nouveau mouvement littéraire, le Parnasse.

Les Parnassiens étaient partisans d'uneconception idéale de l'art et du "culte de la forme".

Pour eux, l'art n'avait aucune finalité, aucune autre justificationque lui même en tant que réalisation esthétique.

Un des précurseurs de ce mouvement était l'écrivain ThéophileGautier qui avança la théorie de "l'art pour l'art".

Par la suite, les Parnassiens se réunirent autour du poète Lecontede Lisle (Le rêve du jaguar).

Ce dernier invita, dans la préface de son recueil de poèmes antiques, l'ensemble despoètes à se réfugier "dans la vie contemplative et savante." En 1866 est publié un recueil poétique le Parnassecontemporain qui rassembla les publications d'auteurs aussi divers que José Maria de Heredia, Paul Verlaine,Stéphane Mallarmé ou encore Charles Baudelaire.

Par ailleurs, des écrivains tels que Marcel Proust pensent quel'engagement peut être synonyme d'asservissement.

Les obstacles ne sont donc pas toujours dus à une influenceextérieure mais parfois à l'écrivain lui-même qui choisit de ne pas s'engager.La mission de l'écrivain engagé, c'est-à-dire celui qui a choisi de "prendre sa plume pour une épée" et non d'adhérerà la conception parnassienne: l'art pour l'art, est donc difficile. Cependant, les écrivains ont réussi, malgré ces obstacles, à avoir une influence certaine sur la société puisqu'ils ontété à l'origine de nombreux changements positifs.

Les possibilités de prendre position sont multiples: de la critique. »

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