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Un critique contemporain définit ainsi la poésie d'Apollinaire : « [La poésie d'Apollinaire] opère un agencement sur le langage plutôt que sur les thèmes ; d'où une victoire sur la contingence et un espoir de faire du poème, plutôt qu'un reflet de l'âme, une sorte de mouvement perpétuel, source d'une énergie nouvelle, tremplin de sauts dans l'inconnu et d'un accroissement des pouvoirs de l'esprit. » Vous commenterez et discuterez ce jugement en l'appliquant au recueil Alcools

Publié le 24/08/2012

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apollinaire

Du regard jeté en arrière à l'ubiquité spatiale et temporelle. Figure récurrente de l'éloignement et de la mise à distance (ex: « A la Santé « V, « Les fiançailles « : « J'ai eu  le courage de regarder en arrière / Les cadavres de mes jours / Marquent ma route et je les  pleure « ) par laquelle le passé se fige en arrière et qui permet au poète de se survivre  autrement. Réfraction dans la figure du poète de tous ceux qui l'entourent et du passé qui  l'a créé (« Cortège «). Enfin voix prophétique de « Vendémiaire « qui s'infléchit en prière  et dans laquelle se fondent les voix unanimes - celles de l'épaisseur historique mais aussi  celles de toute la tradition poétique - à mesure qu'opère la magie du sacrifice :  concentration et ivresse définissant une nouvelle forme d' « ébriété lyrique « (Decaudin). 

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« présente est associée au souvenir, et la technique du « collage » ménage des effets de« simultanéisme »), « Fiançailles » (voir en particulier pp.115-117), « Poème lu aumariage d'André Salmon » (la deuxième strophe).

L'errance, le parcours et le départ,même allégorisés, fournissent souvent au poème son prétexte ou son cadre formel :voir « L'émigrant de Lander Road ».La persistance d'une facture symboliste dans les poèmes les plus allégoriques et les plus linéaires ou dans certaines « Rhénanes », et la subversion dont cette formefait l'objet.

Onétudiera en particulier « Le larron » (mysticisme esthético-anarchiste, abandon à unerêverie sensuelle et orientale, dette à payer aux contraintes du christianisme dont on selibère par l'humour et la fantaisie), ou « Palais » (parodie constante : polysémie du mottitre,rituel inversé de la Cène = liturgie de la création poétique menacée de faillite ?).121L'extrême diversité des registres et la subversion de la métrique traditionnelle : une prosodie qui oscille entre tradition et innovation.

On montrera que l'alchimieverbale n'estpas comme chez Mallarmé ou Valéry le résultat de la recherche méthodique d'un langagepropre à la poésie (force d'entraînement du calembour, par exemple), et que l'alternancevers libres / vers réguliers peut jouer à l'intérieur d'un même texte sans que l'alexandrinapparaisse systématiquement à contre-emploi (« Vendémiaire », fin de « Lesfiançailles »).

La suppression de la ponctuation contribue effectivement à mettre l'accentsur la forme du message puisqu'elle restitue toute sa force à la prosodie (respirationnaturelle du vers ?), mais elle peut aussi être appréciée comme un retour à l'oralité.II LE MONDE RECRÉÉ : DE LA DÉRÉALISATION À L'ENCHANTEMENTDe l'insertion du détail réaliste ou autobiographique à la fantasmagorie ou à la représentation mentale.

On montrera que le montage d'inspiration « futuriste », en tantque technique privilégiant une modernité provocante, ne joue qu'un rôle mineur (dans« Zone », essentiellement), que certains détails autobiographiques confinent àl'hermétisme, et qu'en fait la technique du mélange ou de l'alternance ne permet pastoujours d'établir une ligne de partage entre l'élément premier du poème et la montée enpuissance des images.

Ainsi l'ascension de la gloire du Christ dans « Zone », coupletlyrique et baroque, précède les strophes les plus prosaïques.

De même le début de « Lamaison des morts » ne constitue peut-être qu'une « fiction », et ce sont les derniers vers,lesquels ont sans doute une teneur autobiographique, qui changent le texte en drame de lamémoire.Les poèmes « scènes de genre » (« Schinderhannes », « Rhénane d'automne ») et le « poème-conversation » (« Les femmes ») : l'enregistrement du lyrisme ambiant.On sereportera à la déclaration d'Apollinaire : « Je crois que le poète devra s'en rapporter à lanature, à la vie.

S'il se bornait même, sans souci didactique, à noter le mystère qu'il voitou qu'il entend, il s'habituerait à la vie même comme l'ont fait au 19ème siècle lesromanciers ».

Etude de « Les femmes » : l'auteur se retire du texte pour procéder à descombinaisons et arrangements (les paroles se trouvent sur plusieurs plans et le signedevient un élément matériel visualisable : différentes typographies).

Le poème devientpolyphonie des voix simultanées du monde.De la déréalisation à l'enchantement en passant par la traversée de la souffrance ( parcours cathartique).

On pourra suivre ce parcours, au choix, dans « Poème lu aumariage d'André Salmon » (la vision à la fois allègre et tourmentée, la série decomparants métaphorisant les drapeaux, la descente aux Enfers de la bohème,l'affirmation prophétique), ou dans « Les fiançailles » : la dévotion perdue du poète pourAnnie Playden dans les soubassements du texte, l'allégorie d'amour initiale puisée dansune esthétique désuète, la double intention poétique motivée par une préoccupationesthétique et par le souvenir d'une angoisse personnelle, l'appel à la délivrance par unesorte de rupture cathartique, le triomphe final de l'ardeur qui revivifie les sens (SusanHarrow, Revue des lettres modernes, 1987).III L'ABSORPTION DU LYRISME PERSONNEL DANS UN NOUVEAU LYRISMEDu lyrisme élégiaque à la « sorcellerie évocatoire ».

On partira du modèle canonique du « Pont Mirabeau », qui par sa place presque liminaire fait office de rappel(et dont onsignalera cependant les légères dissonances mélodiques ou ruptures syntaxiques et122graphiques), et on opposera à ce poème « La Loreley », dont la forme purement musicaleapparaît déjà beaucoup plus impersonnelle (pourtant, présence du motif de la déchirureamoureuse et de la flamme, réinterprétation de la légende dans le sens du narcissisme etde l'élargissement cosmique).De la « chanson » à la « romance » : un salutaire dédoublement.

On montrera comment une nouvelle forme de lyrisme se met en place à partir d'un dédoublement du« je »(« Zone », « Cortège ») qui ménage une issue à la mélancolie ou à l'angoisse – il s'agit des'arracher à son propre passé-, et comment s'élabore la figure plus impersonnelle del' « enchanteur », en particulier dans « La chanson du mal aimé » : variations strophiqueset variations du point de vue, construction musicale qui fait se succéder époques ettonalités diverses pour les absorber dans un cycle de mort et de renaissance.Du regard jeté en arrière à l'ubiquité spatiale et temporelle.

Figure récurrente de l'éloignement et de la mise à distance (ex: « A la Santé » V, « Les fiançailles » : « J'aieule courage de regarder en arrière / Les cadavres de mes jours / Marquent ma route et je lespleure » ) par laquelle le passé se fige en arrière et qui permet au poète de se survivreautrement.

Réfraction dans la figure du poète de tous ceux qui l'entourent et du passé quil'a créé (« Cortège »).

Enfin voix prophétique de « Vendémiaire » qui s'infléchit en prièreet dans laquelle se fondent les voix unanimes - celles de l'épaisseur historique mais aussicelles de toute la tradition poétique - à mesure qu'opère la magie du sacrifice :. »

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