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TROISIEME (3eme) PARTIE DU DISCOURS DE LA METHODE DE DESCARTES (commentaire)

Publié le 04/04/2011

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IIIe PARTIE. — UNE MORALE POUR L'ACTION Au moment où la pensée s'engage sur les routes aventureuses du doute radical, l'action qui nous presse de son urgence a besoin d'être réglée pour éviter l'écueil de l'irrésolution. C'est à quoi répond la morale provisoire que Descartes condense en 4 règles : 1° La règle -de l'opinion. 2° La règle de la résolution. 3° La règle de l'autonomie, 4° La règle de la vocation. Ainsi assuré contre les risques, on peut avancer hardiment à la recherche de la vérité et, tout en se perfectionnant dans la pratique de la méthode, aboutir à des résultats dont Descartes veut bien faire part au grand public. C'est une sorte de viatique, une provision de voyage que l'on emporte avec soi sur les chemins de l'exploration philosophique. L'homme n'est pas esprit pur et la vie n'est pas sur le même plan que la méditation. Tandis que le penseur se propose de tout mettre en doute pour reviser les fondements du savoir, la personne concrète engagée dans le monde a besoin de marcher avec assurance dans l'ordre de la conduite où l'urgence de l'action exige des solutions immédiate qu'on ne saurait attendre d'une morale achevée et parfaite couronnant l'édifice de la sagesse, enfin reconstruit. 

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« ce qui ne dépend pas de nous, c'est le corps, la richesse, l'opinion d'autrui, en un mot tout ce qui n'est pasopération de notre âme.

Il précise qu'il n'a jamais dit que toutes nos pensées fussent en notre pouvoir maisseulement que s'il y a quelque chose absolument en notre pouvoir, ce sont nos pensées, à savoir celles qui viennentde la volonté et du libre arbitre, réservant ainsi l'influence que les passions exercent sur nous.

Et surtout, refusantd'enfermer la pensée en elle-même face au monde, il spécifie : Je témoigne que je n'ai point voulu dire que leschoses extérieures ne fussent point du tout en notre pouvoir, mais seulement qu'elles n'y sont qu'en tant qu'ellespeuvent suivre de nos pensées et non pas absolument, ni entièrement, réservant ainsi la faculté qu'a l'esprit detransformer le monde. D'ailleurs l'application de cette règle suppose toute une ascèse, une discipline de nos puissances car nos appétits etnos passions nous dictent continuellement le contraire et troublent notre paix intérieure en nous faisant désirerl'impossible.

Discipline qui intéresse l'entendement, lequel effectuant un rigoureux départ entre les biens, désigne àla volonté ce qu'elle peut atteindre et posséder pour acquérir la sagesse et la parfaite autonomie.

La régulation desdésirs est le secret du bonheur : tout en acceptant ceux qui ne sont pas incompatibles avec le contentement dusage, il faut apprendre à s'affranchir de ceux qui nous font rechercher des biens hors de notre pouvoir.

Comme unpetit vaisseau peut être aussi plein qu'un grand, encore qu'il contienne moins de liqueur, ainsi prenant lecontentement d'un chacun pour la plénitude et l'accomplissement de Ses désirs réglés selon la raison, je ne doutepoint que les plus pauvres et les plus disgraciés de la fortune ou de la nature ne puissent être entièrement contentset satisfaits.

Une pareille ascèse n'a rien de morose si l'on suit, comme Descartes, l'inclination que j'ai toujours eue àregarder les choses qui se présentaient du biais qui me les pouvait rendre le plus agréables et à faire que monprincipal contentement ne dépendît que de moi seul.Elle n'est pas explicitement formulée mais pourrait être énoncée simplement : suivre sa vocation1.

Pascal écrira que«la chose la plus importante de toute la vie est le choix du métier » mais en insinuant que le hasard en dispose.Descartes pour sa part choisit son destin de philosophe en toute connaissance de cause et exprime la satisfactionqu'il éprouve à s'y être attaché.

Dans cette voie, ouverte par la méthode, où il avance de découvertes endécouvertes, les joies intellectuelles que dispense la sagesse ne lui sont pas refusées.

L'attitude cartésienne estcelle d'un homme heureux.

La satisfaction et le contentement emplissant une âme qui cherche la vérité dans lasérénité et dont la certitude comblera l'attente.

Rien qui ressemble à l'inquiétude pascalienne : « Je n'approuve queceux qui cherchent en gémissant.

» Les sources de sa pensée ne sont pas dans l'angoisse existentialiste mais dansla fierté d'être homme et la félicité que nous trouvons en nous dans le bon usage des privilèges attachés à notreessence.

Foncièrement tonique, engageante et encourageante, la pensée cartésienne est une pensée en majeur1,celle d'un homme qui sait trouver la plénitude dans l'accomplissement de ses désirs réglés selon la raison. Pourtant la vocation cartésienne est exigeante; c'est celle même de la Raison en marche et qui doit poursuivreimperturbablement son travail critique.

Aussi bien les règles précédentes ne sont-elles pas définitives.

Elles ont pourfonction de rendre possible la recherche de la vérité mais ne doivent pas empêcher de changer ses opinions, si onen trouve de meilleures, et d'élaborer cette morale définitive dont Descartes donnera les grandes lignes à laprincesse Elisabeth.

Quant à la limitation des désirs, elle suppose la détermination des valeurs authentiques : Le vraioffice de la raison est d'examiner la juste valeur de tous les biens dont l'acquisition semble dépendre en quelquefaçon de notre conduite, afin que nous ne manquions jamais d'employer tous nos soins à tâcher de nous procurerceux qui sont, en effet, les plus désirables.

C'est à ces conditions que l'on obtiendra ce contentement qui naît de lavertu : Pour avoir un contentement qui soit solide, il est besoin de suivre la vertu, c'est-à-dire d'avoir une volontéferme et constante d'exécuter tout ce que nous jugeons être le meilleur et d'employer toute la force de notreentendement à en bien juger.

C'est dans cet esprit qu'il faut entendre la formule.

Il suffit de bien juger pour bienfaire qui paraît d'abord contestable : 1° Descartes ne veut pas dire qu'il suffit de connaître le bien pour l'accomplir et que la vertu s'identifie à la science.Entendement et volonté ne coïncident pas; et, dans le jugement lui-même, c'est de la volonté que dépendl'affirmation ou la négation qui commande l'assentiment aux valeurs connues.

Bien juger suppose donc nonseulement la clarté dans l'entendement mais la bonne volonté d'y voir clair et la résolution de suivre le meilleur.

Et sitout cela dépend de l'attention, c'est encore une bonne action que de l'avoir.

En d'autres termes cette maxime,intellectualiste d'apparence, reste volontariste dans son fond. 2° Bien juger, c'est porter un jugement évidemment vrai et dont la qualité soit la raison suffisante d'une actionmoralement bonne : D'une grande clarté dans l'entendement suit une grande inclination dans la volonté; mais cettedétermination de la volonté par l'entendement n'est légitime que dans le cas où nous nous réglons sur uneconnaissance évidente, ou tout au moins lorsqu'on se détermine à suivre le meilleur.Rejetant à la page suivante l'explication des lignes 147-157, nous relèverons d'abord l'effort que fait Descartes pourdéraciner de son esprit les préjugés et les erreurs, mais en même temps la vigueur avec laquelle il distingue sondoute méthodique, dont le but est de déblayer le terrain pour la parfaite certitude, d'avec le doute sceptique qui asa fin en lui-même, ruine la certitude et stérilise la pensée.

Il y a un usage positif du doute qui consiste à refuserson assentiment au jugement faux et à éliminer le douteux et le probable au bénéfice du certain.

On dégagera alorsle roc de l'évidence invincible sur lequel pourra s'élever l'édifice rationnel construit par la pensée pure.

Et au coursde ce travail critique d'une extrême hardiesse, on aura fait des expériences instructives et recueilli des observationsprécieuses pour la reconstruction méthodique de l'univers du savoir. Cependant que le doute s'attache surtout aux fondements d'ordre philosophique, les travaux purement scientifiquespeuvent se poursuivre toujours selon les règles de la méthode.

Outre les questions purement mathématiques,Descartes s'exerce à résoudre des problèmes de physique relatifs à l'optique et aux météores en particulier.

Il étudie. »

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