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Travail, servitude et liberté

Publié le 15/04/2004

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travail
Dans le système capitaliste, l'ouvrier est privé de la propriété du produit de son travail. Mais cette privation est l'expression d'une aliénation dans l'acte même de la production. Le jeune Marx oppose ici le travail qui devrait être la réalisation de l'essence de l'homme au travail aliéné qui n'est plus qu'un moyen de satisfaire ses besoins physiques, et ramène l'homme au rang de l'animal. L'expression « être générique « est un terme philosophique, utilisé en particulier par Hegel. Chaque homme appartient au genre humain. Le genre dépasse l'individu. En tant qu'être « humain «, chaque homme est donc le représentant du genre, qui dépasse son être individuel. Le genre est l'universel qui dépasse l'individu particulier. Comment cet « être générique « peut-il se manifester ? Par la conscience que chacun a de son appartenance au genre.
• Qu'est-ce qui peut amener à appréhender le travail comme servitude ? — Contraintes liées aux tâches incluses dans le travail lui-même ? Contraintes liées aux conditions (sociales, économiques) dans lesquelles s'effectue le travail ? — Nécessite extrinsèque du travail, de travailler (travailler pour « vivre «) ? — Réfléchir sur la notion de « servitude «. • Qu'est-ce qui peut amener à appréhender le travail comme « liberté « ? — Le travail comme expression de soi, comme œuvre nous manifestant. — Le travail comme accès à l'indépendance (à préciser sur quel plan, en quel sens) ? — Le travail comme libération de certaines contraintes exercées par la nature ? • Appréhender quels travaux, dans quelle mesure, en quel(s) sens peuvent relever de la « servitude « ou de « la liberté «.

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« remplace l'ouvrier par les machines, mais il rejette une partie des ouvriers vers un travail barbare et transformel'autre moitié en machines.

Il produit l'esprit, mais pour l'ouvrier il produit l'absurdité, le crétinisme. » L'ouvrier n'est pas moins aliéné, en un second lieu, dans l'acte même de la production.

C'est même là qu'est la cause de son aliénation par rapport à son produit.

« Premièrement , dit Marx , le travail est extérieur à l'ouvrier, cad il n'appartient pas à son être ; par conséquent, il ne s'affirme pas dans son travail, bien au contraire, il s'yrenie ; loin d'y être heureux, il s'y sent malheureux ; il n'y développe aucune énergie libre, ni physique, ni morale,mais y mortifie son corps et y ruine son esprit.

Et c'est pourquoi l'ouvrier ne se sent chez lui que lorsqu'il a quittéson travail ; quand il travaille, il ne se sent pas ‘à la maison' ». Un tel travail, l'homme ne peut pas l'accomplir librement ou spontanément, il faut qu'il y soit contraint : « Son travail par conséquent n'est pas volontaire mais forcé ; c'est du travail forcé.

Il n'est donc pas la satisfaction d'unbesoin, mais un moyen pour satisfaire des besoins extérieurs à lui-même.

Que le travail soit parfaitement étranger àl'ouvrier nous est clairement démontré par le fait qu'on fuit devant le travail comme devant la peste, quand iln'existe pas de contrainte physique ou autre.

Le travail extérieur, le travail dans lequel l'homme sort de lui-même,est un sacrifice de soi, une mortification. » Finalement le travail, extérieur à l'homme, imposé à l'homme, n'est plus même son travail. Ainsi, le travail, activité proprement humaine de l'homme, assurant sa domination sur le monde naturel et sa supériorité sur le monde animal, échappe ici à l'ouvrier : celui-ci n'accomplit pas son travail, mais un travail qu'il avendu et aliéné, un travail qui ne lui appartient plus, parce qu'il a loué pour un temps donné sa force de travail. De cette aliénation d'une activité essentiellement humaine, il résulte que les autres activités de l'homme perdent en l'ouvrier tout leur caractère de « culture » humaine et sont rabaissées à l'animalité.

L'homme privé deson travail se retrouve exclusivement dans l'exercice de ses fonctions inférieures ; mais celles-ci, exercées commedes fins en elles-mêmes, sont proprement instinctives ou animales : la liberté, qui y cherchait un refuge, disparaît enréalité. A l'aliénation dans le produit et dans l'acte du travail, Marx ajoute ces deux autres caractères importants du travail aliéné : aliénation de l'homme par rapport à la nature et de l'homme par rapport à l'autre homme. ¨ L'aliénation de l'homme par rapport à son produit implique l'aliénation par rapport à la nature.

Celle-ciprend pour l'homme figure d'ennemie.

C'est sur la nature que s'exerçait le travail ; l'homme s'objectivait enelle ; il produisait en quelque sorte la nature ou plutôt la reproduisait à travers chaque produit particulierde son activité.

Mais, lorsque son produit lui est enlevé c'est la nature tout entière qui cesse d'êtresienne. ¨ L'aliénation de l'homme par rapport à l'homme, dernière caractéristique du travail aliéné pour l'ouvrir, estle signe d'une réciprocité entre la condition de l'ouvrier non-propriétaire et celle du propriétaire, qui est unautre homme, son opposé. C'est ainsi que l'aliénation du travail aboutit à une polarisation des caractères de l'humanité qui se répartissent surdeux groupes d'hommes, différents et directement opposés.

Les uns et les autres ont une humanité tronquée. L'aliénation caractéristique de l'ouvrier est certes transposée sur un autre registre chez le propriétaire capitaliste :« Tout ce qui apparaît chez l'ouvrier comme activité d'aliénation, de dépouillement, apparaît chez le non-ouvriercomme état d'aliénation, de dépouillement.

» C'est l'ouvrier qui travaille sur la nature et qui opère en même temps l'aliénation.

Le propriétaire, lui, ne fait rien demanière active, mais recevant passivement un produit qui n'est pas sien, il se trouve ainsi dans un état d'extérioritépar rapport au travail, au travailleur et même à l'objet du travail qui l'a produit. Il est finalement frustré comme l'ouvrier. « Il [l'animal] produit seulement ce dont il a immédiatement besoin pour lui ou pour son petit ; il produit d'une façonunilatérale, tandis que l'homme produit d'une façon universelle ; il ne produit que sous l'empire du besoin physiqueimmédiat, tandis que l'homme produit même libéré du besoin physique et ne produit vraiment que lorsqu'il en estlibéré.

[...] C'est précisément dans le fait d'élaborer le monde objectif que l'homme commence donc à faire réellement sespreuves d'être générique.

Cette production est sa vie générique active.

Grâce à cette production, la nature apparaîtcomme son oeuvre et sa réalité.

L'objet du travail est donc l'objectivation de la vie générique de l'homme : carcelui-ci ne se double pas lui-même d'une façon seulement intellectuelle, comme c'est le cas dans la conscience,mais activement, réellement, et il se contemple donc lui-même dans un monde qu'il a créé.

Donc, tandis que letravail aliéné arrache à l'homme l'objet de sa production, il lui arrache sa vie générique, sa véritable objectivitégénérique, et il transforme l'avantage que l'homme a sur l'animal en ce désavantage que son corps non organique, lanature, lui est dérobé. De même, en dégradant au rang de moyen l'activité propre, la libre activité, le travail aliéné fait de la vie. »

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