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Tout comprendre, est-ce tout pardonner ?

Publié le 23/03/2004

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Mieux comprendre, c'est donc tendre à limiter la culpabilité. Et si nous pouvions aller jusqu'à la compréhension totale, ne serions-nous pas entraînés à écarter la faute, à excuser ? I. - Posons d'abord exactement la signification de l'excuse. Il va de soi qu'elle ne tend pas à nier les valeurs morales en elles-mêmes ; elle admet la réalité d'un mal ; mais elle n'en fait pas porter le poids à l'agent, différente en cela du pardon, qui affirme la faute en môme temps que le mal, tout en consentant à oublier. Le pardon est l'indulgence pour l'homme déclaré coupable. L'excuse écarte l'idée de la faute ; elle met l'agent hors de cause. Comment dérive-t-elle d'un effort pour comprendre ?II. - En un premier sens - sens populaire - vouloir comprendre serait l'effort sympathique de l'individu qui juge, pour se mettre à la place de l'homme incriminé, dans tout le jeu de ses sentiments et de ses pensées, dont on suivra le déroulement jusqu'à l'acte.

On dit couramment que comprendre, c’est pardonner, et que tout comprendre, c’est tout pardonner. Remarquons que la formule peut se prêter à deux interprétations en sens opposés. On peut y voir aussi bien l’exaltation du pouvoir humain de commisération envers son semblable et de la puissance de la compréhension, donc de la raison. Ou à l’inverse une formule ironique: il est facile de tout pardonner, si on réduit le pardon à la compréhension! Le pardon ne présenterait plus aucune difficulté: il suffit de comprendre, et le pardon s’ensuivrait. La formule semble donc présenter une tension interne: en même temps, la compréhension mène au pardon, et le pardon ne se laisse pas réduire à la compréhension. Il faudra donc vérifier en un premier temps, en quoi comprendre un acte peut mener à le pardonner, ce que veut dire comprendre en ce sens. Et, à partir de là, s’il n’y a que ce qu’on ne peut pas comprendre qu’on ne puisse pas pardonner. N’y a-t-il pas quelque chose qui serait compréhensible et pourtant impardonnable? Y a-t-il, par exemple, de l’impardonnable en soi

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