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Tchekhov, Anton - écrivain.

Publié le 28/04/2013

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Tchekhov, Anton - écrivain. 1 PRÉSENTATION Tchekhov, Anton (1860-1904), l'un des plus grands écrivains russes, qui a renouvelé l'art de la nouvelle et les conceptions théâtrales de son époque. 2 MÉDECINE ET LITTÉRATURE Né à Taganrog, petite ville bordant la mer d'Azov, Anton Pavlovitch Tchekhov est le petit-fils d'un serf affranchi et le fils d'un épicier qui, victime d'escrocs, fait faillite en 1876. De 1879 à 1884, il fait des études de médecine à la faculté de Moscou et publie dans plusieurs revues des récits et des nouvelles qui lui valent d'emblée une certaine notoriété. La médecine, qu'il exerce jusqu'à la fin de sa vie, parfois bénévolement, et la littérature sont les deux pôles qui aimantent sa vie. Les premiers recueils de Tchekhov, Contes de Melpomène (1884) et Récits bariolés (1886), sont bien accueillis par la critique et par le public, et, en 1887, Ivanov est représenté avec succès au théâtre de Saint-Pétersbourg. En 1888, le prix Pouchkine attribué à sa nouvelle la Steppe consacre son talent de conteur ; son théâtre reste toutefois accueilli avec réticence. En 1890, Tchekhov entreprend un long voyage au bagne de Sakhaline, dont il ramène un compte-rendu scientifique et un récit, l'Île de Sakhaline (1894) ; puis il s'établit à une centaine de kilomètres de Moscou pour se soigner des premières atteintes de la tuberculose, et soigne aussi les populations paysannes en proie à la famine et au choléra. Les dix dernières années de sa vie sont marquées par la progression irréversible de la maladie et par le sentiment de l'exil : après un séjour en France, Tchekhov doit s'éloigner de Moscou pour habiter le sud. Il s'installe à Yalta, en Crimée, et épouse en 1901 la comédienne Olga Knipper. Surtout, il entame une collaboration fructueuse avec Konstantin Stanislavski : celui-ci, en effet, monte au Théâtre d'art de Moscou les quatre grandes pièces de Tchekhov, la Mouette en 1898, Oncle Vania en 1899, les Trois Soeurs en 1901 et enfin la Cerisaie en 1904. Élu académicien en 1900, Tchekhov démissionne deux ans plus tard pour protester contre l'exclusion de Maxime Gorki. Au sommet de la notoriété, il meurt lors d'un séjour en cure dans la Forêt Noire, en juillet 1904. 3 LES VIES INTÉRIEURES Tchekhov excelle dans le genre de la nouvelle. Utilisant des thèmes réalistes, empruntés à la vie quotidienne du peuple russe, il rompt avec la règle habituelle du déroulement linéaire du récit et du point de vue unique sur l'action. Au contraire, il multiplie les effets de dissolution du point de vue et instaure une forme de subjectivité diffuse qui émane d'une multitude d'impressions fugaces, de gestes, de lieux, de bruits et de murmures. La matière narrative, de ce fait, est désormais centrée sur la vie intérieure de personnages dont il montre avec lucidité et humour les désirs et les mélancolies. Son théâtre relève du même principe, reposant sur ce qu'il nomme l'« action indirecte « : les faits y sont moins essentiels que la part d'implicite, de non-dit et de flottement de l'interprétation. Des thèmes comme la solitude, la dégradation, la mort ou le suicide y sont explorés avec un mélange d'ironie lucide, parfois cruelle, face à l'immobilisme et à la paresse des hommes, mais aussi de tendresse pour des êtres encore emplis de leur fierté perdue. S'il a été considéré comme un auteur de drames de l'âme humaine, Tchekhov, qui a écrit de nombreux vaudevilles et saynètes, a toujours revendiqué la dimension comique de ses pièces. 4 TCHEKHOV ENTRE DEUX MONDES L'oeuvre de Tchekhov témoigne d'un moment de basculement du monde russe, moment où le passé et l'avenir coexistent, moment de coïncidence des contraires : d'une part le monde féodal, toujours prégnant dans le pays du tsar Nicolas II, où le servage est à peine aboli (1861), et déjà, l'esquisse du grand chantier utopique et monstrueux que sera la Russie d'après la Révolution de 1917. C'est une dramaturgie pour un monde moribond, et bien des oeuvres portent la marque de la dégradation de la vie quotidienne et de la solitude qui en résulte (dans le milieu provincial avec les Trois Soeurs, dans le milieu intellectuel avec Ivanov) : les hommes sont ennuyés par la médiocrité du monde, et parce qu'ils s'ennuient, ils n'opposent rien à cette médiocrité. C'est aussi une dramaturgie pour un monde en train de naître, celui des débuts de l'essor bourgeois, de la perversion du champ social par l'argent, mais aussi des espoirs de renouveau (la Cerisaie). Tchekhov ouvre ainsi la voie au théâtre moderne, en saisissant à la fois la part la plus lucide (et la plus sensible au grotesque) de l'esthétique réaliste, et le sens symboliste de l'implicite et des secrètes correspondances : le bruit étrange d'une corde qui se casse, à la fin de la Cerisaie, précède les premiers coups de la hache qui s'abat sur un monde mourant. Le théâtre européen du XXe siècle est hanté par cette oeuvre étrange, à laquelle tous les plus grands metteurs en scène se sont confrontés, de Stanislavski et Meyerhold à Strehler, en passant par Stein, Langhoff, Zadek, Brook et Vitez. Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.

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