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SUJET DE BAC PREMIERE ES/STGG

Publié le 27/02/2008

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SUJET DE BAC PREMIERE ES/STGG I QUESTIONS / 4 POINTS (voir feuille n°2) II TRAVAUX D'ECRITURE (AU CHOIX !) A) COMMENTAIRE /16 POINTS Vous ferez le commentaire du texte C. B) DISSERTATION / 16 POINTS L'amour occupe dans le roman une place essentielle. En quoi sa représentation est-elle révélatrice du regard que porte le romancier sur l'homme et la société ? Vous réfléchirez à cette question en vous appuyant sur le corpus, sur les oeuvres étudiées en classe (cf. Les Liaisons dangereuses mais aussi corpus sur « l'inconstance ») et ... SUR VOS LECTURES PERSONNELLES ! (cf. Roman étudié en seconde ? ) C) ECRITURE D'INVENTION / 16 POINTS Vous rédigerez au choix l'un des deux textes suivants : - soit la lettre envoyée par un lecteur à l'éditeur dans laquelle le lecteur s'indigne que l'éditeur propose des romans comme Delly dans son catalogue. - soit la réponse de l'éditeur au lecteur qui lui aurait envoyé une telle lettre. Documents : A – Honoré de Balzac, La Femme de trente ans, 1831 B – Delly, Comme un conte de fées, 1935 C – Nathalie Sarraute, Le Planétarium, 1959. > Dans ces trois textes, le narrateur fait réagir les personnages féminins en fonction de certaines valeurs morales et sociales : vision de l'homme, places respectives de l'homme et de femme, idéal social. Pour chacun des textes, vous caractériserez ces valeurs, en étant attentif à celles qui peuvent être communes à l'ensemble du corpus. Après avoir répondu à cette question, les candidats devront traiter au choix un des trois sujets. Document A Dans La Femme de trente ans, Honoré de Balzac raconte différents moments de la vie de Julie, l'héroïne. Elle apparaît tout d'abord en 1813 éprise d'un bel officier, Victor, comte d’Aiglemont, qu'elle épousera par la suite et qui, par ses infidélités répétées, la rendra très malheureuse. Quand les manoeuvres furent terminées, l'officier d'ordonnance arriva à bride abattue et s'arrêta devant l'empereur pour en attendre les ordres. En ce moment, il était à vingt pas de Julie, en face du groupe impérial, dans une attitude assez semblable à celle que Gérard a donnée au général Rapp dans le tableau de la Bataille d’Austerlitz. Il fut permis alors à la jeune fille d'admirer son amant dans toute sa splendeur militaire. Le colonel Victor d'Aiglemont, à peine âgé de trente ans, était grand, bien fait, svelte ; et ses heureuses proportions ne ressortaient jamais mieux que quant il employait sa force à gouverner un cheval dont le dos élégant et souple paraissait plier sous lui. Sa figure mâle et brune possédait ce charme inexplicable qu'une parfaite régularité de traits communique à de jeunes visages. Son front était large et haut. Ses yeux de feu ombragés de sourcils épais et bordés de longs cils se dessinaient comme deux ovales blancs entre deux lignes noires. Son nez offrait la gracieuse courbure d'un bec d’aigle. La pourpre de ses lèvres était rehaussée par les sinuosités de l'inévitable moustache noire. Ses joues larges et fortement colorées offraient des tons brnns et jaunes qui dénotaient une vigueur extraordinaire. Sa figure, une de celles que la bravoure a marquées de son cachet offrait le type que cherche aujourd'hui l'artiste quand il songe à réprésenter un des héros de la France impériale. Le cheval trempé de sueur, et dont la tête agitée manifestait une extrême impatience, les deux pieds de devant écartés et arrêtés sur une même ligne sans que l'un dépassât l'autre, faisait flotter les longs crins de sa queue fournie ; et son dévouement offrait une matérielle image de celui que son maître, avait pour l’empereur. En voyant son amant si occupé de saisir les regards de Napoléon, Julie éprouva un moment de jalousie en pensant qu’il ne l’avait pas encore regardée. Tout à coup, un mot est prononcé par le souverain. Victor presse les flancs de son cheval et part au galop ; mais l'ombre d'une borne projetée sur le sable effraie l'animal qui s'effarouche, recule, se dresse, et si brusquement que le cavalier semble en danger. Julie jette un cri, elle pâlit ; chacun la regarde avec curiosité; elle ne voit personne ; ses yeux sont attachés sur ce cheval trop fougueux que l'officier châtie tout en courant redire les ordres de Napoléon. Ces étourdissants tableaux absorbaient si bien Julie, qu'à son insu elle s'était cramponnée au bras de son père, à qui elle révélait involontairément ses pensées par la pression plus ou moins vive de ses doigts. Quand Victor fut sur le point d'être renversé par le cheval, elle s'accrocha plus violemment encore à son père, comme si elle-même eût été en train de tomber. Le vieillard contemplait avec une sombre et douloureuse inquiétude le visage épanoui de sa fille, et des sentiments de pitié, de jalousie, de regrets même, se glissèrent dans toutes ses rides contractées. Mais quand l'éclat inaccoutumé des yeux de Julie, le cri qu'elle venait de pousser et le mouvement convulsif de ses doigts, achevèrent de lui dévoiler un amour secret, certes, il dut avoir quelques tristes révélations de l'avenir, car sa figure offrit alors une expression sinistre. En ce moment, l'âme de Julie semblait avoir passé dans celle de l'officier. Une pensée plus cruelle que toutes celles qui avaient effrayé le vieillard crispa les traits de son visage souffrant, quand il vit d'Aiglemont échangeant; en passant devant eux, un regard d'intelligence avec Julie dont les yeux étaient humides, et dont le teint avait contracté une vivacité extraordinaire. Il emmena brusquement sa fille dans le jardin des Tuileries.  1. Le peintre François Gérard (1770-1837). 2. Son amant : l'homme dont elle est amoureuse. 3 Le souverain : Napoléon. DOCUMENT B (Sous le pseudonyme de Delly furent composés de très nombreux romans sentimentaux qui connurent un succès populaire considérable. Dans Comme un conte de fées, Gwennola de Pendennek vit heureuse avec ses parents dans le château familial. Un jour, au village voisin, arrive un certain monsieur Wolf. Ils s'éprennent l'un de I'autre. Un soir, dans «la clarté rose du couchant », elle descend dans la roseraie cueillir, une corbeille de roses..:) La corbeille était pleine maintenant. Gwennola s'attardait cependant un peu, dans la tiédeur parfumée de la roseraie. Elle rêvait, la sage Gwennola car elle nétait plus en ce moment que l'amoureuse Gwennola, évoquant le souvenir du bien-aimé. Et voici qu'elle entendait, sur le sol sablé, son pas bien connu, son pas fermé et décidé d’homme énergique, un peu autoritaire. Il apparut, souriant, une flamme ardente dans les yeux quil attachait sur la jeune fille rougissante; arrêtée au milieu de l’allée. - Une fée de roses, dans cette lumière du soir... Une belle princesse des contes de fées. Il s'inclinait, prenait la main que ne songeait pas à lui tendre Gwenola saisie par une étrange timidité, par un trouble frémissant. -... Mademoiselle, je viens de voir vos parents et ils m ont autorisé à venir vous rejoindre ici, pour vous dire moi-même mon désir, mon très ardent désir.... Voulez-vous m'accorder le bonheur d'être pour toute la vie votre compagnon, votre époux très fidèle et très aimant ? Les yeux que Gwennola avait un instant baissés se relevèrent, offrant à Franz leur pure lumière et le bonheur ingénu d'un coeur virginal dont il se savait déjà le maître. - Si mes parents le veulent bien Monsieur..... moi je serai très heureuse. J'ai en vous; la plus grande, confiance... - Cela ne vous déplaira pas trop de vous appeler seulement Madame Wolf, vous qui êtes une Pendennek ? Elle secoua la tete, en souriant avec une tendre douceur. - Oh ! non ! Vous possédez-tant-de qualités supérieures qui sont tellement au-dessus de tous les quartiers de noblesse (1)! Et puis... Au moment de laisser l'aveu franchir ses lèvres, elle s'interrompit, un peu plus rougissante, les cils d’or battant au bord des paupières frémissantes. - Et vous m’aimez un peu, Gwennola ? Vous aimez Franz Wolf, tout simplement ? - Tout simplement, oui. Elle souriait de nouveau, en levant sur lui ses yeux dont le bleu velouté s'éclairait d'un chaud rayon d'amour. Franz se pencha et posa un long baiser sur la main qu'il tenait entre les siennes. - Moi, je suis tout à vous, Gwennola précieux trésor que Dieu a mis sur ma route. Je vous promets amour et fidélité... Mais il faut que je vous confesse – comme je viens de le faire à vos parents - une petite tromperie- oh ! pas bien terrible ! Elle 1e regarda avec étonnement, mais sans inquiétude, car il souriait avec une douce ironie. - Une tromperie ? - Oui, chère Gwennola Je ne m'appelle pas Franz Wolf mais Franz-Josef, archiduc d'Autriche, prince de Sohnberg par ma mère, dernière descendante de cette famille autrefois souveraine. Delly, Comme un conte de fées, Flammarion, 1935.  1.    quartiers de noblesse : degrés marquant l’ancienneté de la noblesse. Document C Dans Le Planétarium, Nathalie Sarraute restitue les mouvements intérieurs de l'être, qui se dissimulent et affleurent derrière les paroles. L'intrigue du roman tourne autour d'un couple de jeunes mariés. Devant elle partout il déblayait, émondait (1), traçait des chemins, elle n'avait qu'à se laisser conduire, à se faire souple, flexible comme un bon danseur. C'était curieux, cette sensation qu'elle avait souvent que sans lui, autrefois, le monde était un peu inerte, gris, informe, indifférent, qu'elle-même n'était rien qu'attente, suspens... Aussitôt qu'il était là, tout se remettait en place. Les choses prenaient forme, pétries par lui, reflétées dans son regard... « Viens donc voir... » Il la prenait par la main, il la soulevait de la banquette où elle s'était affalée pour reposer sess pieds enflés, regardant sans les voir les fastidieuses rangées de Vierges aux visages figés, de grosses femmes nues. « Regarde-moi ça. Pas mal hein ? qu'en dis tu ? Il savait dessiner le gaillard ? Regarde un peuu ce dessin, (ces masses, cet équilibre... je ne parle même pas de la couleur... » De l'uniformité, du chaos, de la laideur, quelque chose d'unique surgissait, quelque chose de fort, de vivant (le reste maintenant autour d'elle, les gens, la vue par les fenêtres sur des jardins, paraissait mort), quelque chose qui tout vibrant, traversé par un mystérieux courant, ordonnait, tout autour de soi, soulevait, soutenait le monde.. C'était délicieux de le déléguer pour qu'il fasse le tri, de rester confiante, vacante, offerte, à attendre qu'il lui donne la becquée, de le regarder cherchant leur pâture dans les vieilles églises, chez les bouquinistes sur les quais, les marchands d'estampes. C’était bon, c'était réconfortant. Une sensation de détente, de sécurité retrouvée, a recouvert petit à petit la douleur, la peur. Il est si ardent, si vivant, il y une telle passion... C'est cela qui lui permet de découvrir, d'inventer cette ferveur, cette intensité de sensations, ces désirs effrénés. Elle se sent bien maintenant. L'édifice ébranlé, vacillant s'est remis petit à petit d'aplomb... C'est ce qui lui manque à elle, cette passion, cette liberté, cette audace, elle a toujours peur, elle ne sait pas... « Tu crois ? Chez nous ? Mais je ne vois pas....” il riait il lui serrait le bras... « La grosse bête, non pas celle ci, voyons, c'est un fauteuil Voltaire, non, là, tendue de soie rose pâle, la bergère (2) ... » Elle s'était sentie d'un coup excitée, elle avait participé aussitôt, cela avait touché un de ses points sensibles, à elle aussi, la construction de leur nid ; elle était un peu effrayée... « Ça doit coûter une fortune... Pas ça chez nous, Alain ! Cette bergère ? » Elle aurait plutôt, comme sa mère, recherché avant tout le confort, l'économie, mais il l'avait rassurée : « Mais regarde, voyons, c'est une merveille, une pièce superbe... Tu sais, ça changerait tout, chez nous... » Le mariage seul donne des moments comme celui-ci, de fusion, de bonheur, où; appuyée sur lui, elle avait contemplé la vieille soie d'un rose éteint, d'un gris délicat, le vaste siège noblement évasé, le large dossier, la courbe désinvolte et ferme des accoudoirs... Une caresse, un réconfort coulait de ces calmes et généreux contours... au coin de leur feu... juste ce qu'il fallait... « Il y aurait la place, tu en es sûr ? - Mais oui, entre la fenêtre et la cheminée.... » Tutélaire (3), répandant autour d'elle la sérénité, la sécurité - c'était la beauté, l'harmonie. même, captée, soumise, familière, devenue une parcelle de leur vie, une joie toujours à leur portée. Nathalie Sarraute, Le Planétarium, Gallimard, 1959. 1. Il émondait: il supprimait les obstacles (émonder: élaguer). 2.Bergère: fauteuil large et profond. 3.Tutélaire : protectrice. LES CLES DU SUJET Comprendre la question Analyser comment les jeunes femmes « réagissent» face à l'homme qu’elles aiment. Cherchez ensuite les qualités qu'elles recherchent en lui. Puis cherchez les « valeurs » que cette attitude révèle. Chercher des idées Une “valeur “, c'est ce que l'on considère comme bien (valeur ce qui sert de référence (selon les époques, la gloire, la force, la liberté...). Les « valeurs sociales », c'est l'idéal social. Analyser quel rôle ces femmes attribuent, dans le couple, à l'homme et à la femme (leur conception du couple idéal). Ayez soin de souligner les points communs entre les trois textes dans cette vision du couple, de la société et de la morale. Pour réussir les questions : voir guide méthodologique. CORRIGE  Le corpus - qui comporte des textes des XIX etXX siècles - propose, à travers le regard que trois jeunes femmes portent sur l'homme qu'elles aiment, des images de la relation homme-femme, marquées par le poids des valeurs sociales et morales.  Bien que la relation de ces femmes avec l'homme qu'elles aiment soit vécue de différentes façons (l'hérôine de Balzac est l'amante du comte d'Aiglemont, Gwennola reçoit la demande en mariage de l'archiduc et le personnage de Sarraute est une jeune épouse), ces hommes exercent sur ces femmes qui les idéalisent un ascendant très fort et elles adhèrent aux représentations traditionnelles de la virilité dominatrice et de la féminité, émotive, faite de douceur, d'obéissance, d'acceptation. Le comte d'Aiglemont et l'archiduc d'Autriche incament des valeurs aristocratiques, héritage d'une société où les qualités militaires conféraient une suprématie naturelle.  Chez Balzac, la jeune fille est d'abord sous le « charme» physique des « heureuses proportions » de son amant ; le bel officier brille par ses qualités de cavalier qui s'impose à sa monture aussi bien qu'à ceux qui l'entourent. Dans le monde idéal et convenu de Delly, les privilèges de la naissance et des « quartiers de noblesse» de l'archiduc s'accompagnent de qualités humaines « supérieures » qui lui valent l'« admiration » de sa fiancée.  Le mari, chez Sarraute, représente une version édulcorée de ces modèles ; sa supériorité se fait moins distante, son autorité plus amicale (il se moque de sa jeune femme qu'il appelle « grosse bête »), mais il continue à affirmer, à ordonner et sa femme se complaît dans son rôle : elle accepte cette supériorité qui désormais s'exerce dans le domaine de la culture artistique, du bon goût.  Ces trois images correspondent-elles à un idéal féminin ( et masculin) révolu, celui du prince charmant doué de toutes les séductions, celles de la naissance aristocratique, de la beauté, des qualités physiques et humaines ? Le succès des magazines « people » témoigne de la pérennité de ces représentations malgré les dénonciations véhémentes des féministes ! Introduction (Amorce) L'amour occupe une place essentielle dans la littérature en général, plus particulièrement dans le roman. I. La passion amoureuse est révélatrice de la vision de l'homme et du monde Du côté du personnage 1. Parce que être amoureux donne sa couleur au monde Dans le roman comme dans la vie, l'amour change la vision du monde et des autres :  Un amoureux heureux voit le monde « en rose »: début de Manon Lescaut de l'abbé Prévost, La Femme de trente ans de Balzac (document A) et Le Planétarium (document C) ; phénomène aussi visible au théâtre, parce que le spectateur voit le personnage sur scène (cf. Camille dans le début de Horace de Corneille : rassurée par une voyante sur son futur avec son fiancé Curiace, elle en oublie la guerre entre leurs deux cités: « Tout Me semblait Curiace ») ou en poésie (Aragon, Le Roman inachevé, « L'amour qui n'est pas un mot » ).  A l'inverse, un personnage amoureux malheureux voit tout « en noir »: «'Un seul être vous manque et tout est dépeuplé » (Lamartine), l'universemble insupportable et hostile.  Dans le roman, le passage d'un amour heureux à un amour malheureux modifie la vision de l'homme et du monde : La Princesse de Clèves, de Mme de La Fayette. 2. Parceque la passion amoureuse est révélatrice des rapports qu’on entretient avec autrui. Rapports hommes-femmes, rapports dans la famille.  Dans l'amour vénal, l'amour infidèle : les sentiments humains et l'autre (sorte de marchandise) sont sans valeur.  La fidélité amoureuse : les sentiments humains sont précieux, l'autre est un égal à respecter. 3. Parceque l’amour est source de nombreux autres sentiments Jalousie, admiration, bonheur, malheur (Pierre et Jean de Maupassant). 4.Parceque le personnage vit son amour en fonction de ses valeurs Pour certains, il est essentiel, pour d'autres c'est un simple moyen (Bel-Ami de Maupassant). II. Pourquoi le roman est-il particulièrement apte à donner une vision de l'homme et de la vie à travers l'amour ? Le genre du roman est en rapport avec la réalité de l’époque a) Le roman a rapport avec la réalité de l’époque et rend compte de cette vision du monde. Le roman rend compte de l'évolution du couple amoureux dans la représentation qu'il en donne. Au départ, désir et nécessité d'assurer une descendance interviennent dans des domaines fortement différenciés : amour-désir avec les prostituées et concubines (exemples) ; perpétuation de la famille et de ses valeurs avec l'épouse (exemples) ; plénitude de l'amour à égalité entre l'homme et la femme dans le cadre du mariage (exemples) ; plus tard, l'amour libre de toute contrainte sociale qui « tient » par lui-même, purement sentimental .. b) Le roman peint un monde, un milieu, un contexte Le roman reconstitue dn monde et fait graviter tout un monde extérieur autour de cet amour, des personnages qui réagissent à cet amour et le jugent. Selon qu'il est ou non contrarié par les maeurs, par la société, il révèle les valeurs de cette société. Exemples : -Cas du roman par lettres qui a plusieurs narrateurs : chacun donne sa vision de l'amour teinté de sa vision du monde (Les Liaisons dangereuses, La Nouvelle Héloise) ou se montre affecté par cet amour : jalousie, admiration, remords. - L'Éducation sentimentale: Frédéric Moreau est partagé entre une bourgeoise vertueuse, Mme Arnoux, avec laquelle il vit un amour idéal jamais consommé, et Rosanette, femme aux moeurs légères qui lui fait découvrir les plaisirs de l'amour sensuel. Créant une galerie de personnages autour des aventures amoureuses de Frédéric, Flaubert brosse une fresque de la société parisienne du milieu du XIX siècle et révèle ainsi le vice sous le masque de la vertu. - Le roman libertin : la liberté du libertin ne va pas toujours de pair avec le partenaire qu'il essaie de vaincre. En fait, l'érotisme engendre le plus souvent, dans les romans libertins du siècle des Lumières, l'inégalité, le rapport de force. La société est encore inégalitaire : la femme libre est discréditée. Mme de Merteuil, lorsqu'elle est découverte, est conspuée, socialement morte. En revanche, les hommes qui accumulent les conquêtes variées sont glorifiés (Valmont). M`\"e de Tourvel ne peut que mourir, après avoir perdu sa vertu. En fait, la relation amoureuse n'est jamais apaisée dans le roman libertin. c) Le roman s’inscrit dans la durée, l’évolution de l’histoire d’amour trahit la vision du monde L'évolution de l'histoire d'amour donne une idée de la vie : selon que l'histoire d'amour échoue ou réussit (exemples), optimisme ou pessimisme du romancier. d) L’amour est source de conflits Or la vision de l'homme et du monde apparaît mieux dans les conflits (rivalité amoureuse). e) du côté du romancier  Le romancier, l'amour et la réalité Le romancier, dans sa fiction, choisit de représenter l'amour en prenant position par rapport à la réalité : la représentation de l'amour se construit : - soit par opposition à la réalité (amour idéalisé des grands romans précieux du XVII siècle, dans les romans contemporains de Delly...) ; - soit par sélection d'éléments empruntés à la réalité (romans réalistes du XIX siècle, Zola) ; - soit par amplification de ceux-ci (romans de Hugo).  Le romancier et son personnage Importance du choix du héros dans la représentation de l'amour : force de ce modèle, porteur des valeurs ou des contre-valeurs du romancier. La vie que le romancier imagine pour son héros trahit sa propre conception de la vie : un héros idéalisé - par rapport à la réalité - révèle de la part du romancier le besoin de rêver sa vie (Fabrice del Dongo de La Chartreuse de Parme par rapport à Stendhal).  Le roman permet l'incursion dans l'âme des personnages - L'existence d'un narrateur permet de faire mesurer l'effet de l'amour sur ses personnages : amour destructeur, amour qui grandit, amour qui permet de supporter les aléas de la vie... - La focalisation interne permet de mesurer le retentissement de l'amour sur le comportement.  Le romancier juge de son personnage amoureux Le regard du romancier sur ses personnages, notamment sur son histoire amoureuse ou son comportement amoureux, trahit son jugement sur eux : ironie de Sarraute (document C) à propos du couple de jeunes mariés, notamment de la femme (voir le commentaire). Les couples inventés par la fiction reflètent davantage les rêves et les craintes de ceux qui les ont conçus et de ceux à qui sont destinées les oeuvres littéraires dans lesquelles ces couples apparaissent (Les Choses de Perec). III - D'autres types d'amour que la passion amoureuse sont révélateurs du regard du romancier sur l'homme et le monde L'amour prend plusieurs formes ; de nombreux romans sont construits autour d'un héros guidé par un amour qui n'est pas la passion amoureuse. Ils révèlent aussi la conception de l'homme et du monde. Dans ce cas, le regard du romancier sur son héros - positif ou négatif - indique sa vision de l'homme et du monde : il a les mêmes valeurs s'il semble avoir de la sympathie pour son personnage ; il a des valeurs opposées s'il semble désapprouver son personnage. 1. L’amour d’autrui  Amour maternel, paternel, filial... : révèle une primauté de la valeur du lien familial (exemples).  Amour d'un pays : révèle la primauté de la valeur de la solidarité (exemples). 2.L’amour d’une idée  Amour de la justice sociale : La Condition humaine de Malraux.  Amour de Dieu : Le Journal d'un curé de campagne de Bernanos. 3. L’amour de soi Le héros qui s'aime lui-même et rapporte tout à soi : les héros ambitieux (Rastignac chez Balzac, Bel-Ami chez Maupassant) ou Julien Sorel (Le Rouge et le Noir de Stendhal) qui ne voient le monde que par rapport à soi, jugent les gens et le monde en fonction de ce qu'ils froissent ou non leur amour-propre et leur ambition. 4. Et quand il n’y a pas d’amour ? L’absence d’amour tout aussi révélatrice Dans ce cas même, le roman révèle aussi une vision de l'homme et du monde. Exemples: - Pas de passion amoureuse : Thérèse Desqueyroux et plus encore La Fin de la nuit de Mauriac : le monde est un désert amoureux. Thérèse quitte tout. - Le personnage qui n'aime rien, indifférent à tout : L'Étranger de Camus. Rend compte de l'angoisse de Camus devant l'étrangeté du monde : l'homme n'a pas de prise sur le monde, son autonomie lui échappe... :« II n'y a pas d'amour de vivre sans désespoir de vivre. » - Monsieur Ouine de Bemanos (1946) : un univers de personnages qui ne s'aiment pas (autour de l'histoire du meurtre d'un petit vacher), qui gravite autour de M. Ouine, correct professeur retraité, mais en fait maître des âmes, démon du village damné. Aucun amour dans ce roman : valeur symbolique de cette absence d'amour qui est révélateur du désespoir de Bernanos. Conclusion L'amour est essentiel dans presque toutes les eeuvres qui comportent une histoire et des personnages (roman ou théâtre, cinéma...), parce que c'est une composante primordiale de la vie réelle. La façon de vivre l'amour révèle une vision de l'autre et du monde. Mais la façon de le raconter tout autant. Le « nouveau roman » a cru pouvoir se débarrasser de cette dimension ; or la production moderne de romans, ainsi que le cinéma, populaire ou non, font rarement l'économie du sentiment amoureux.

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