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Suis-je le mieux placé pour savoir qui je suis ?

Publié le 17/01/2022

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Qui peut prétendre connaitre mieux que moi les sentiments qui agitent mon âme et leurs nuances fugitives ? Le point de vue que j'occupe sur ma vie psychique me semble privilégié voire exclusif : Je ne suis pas comme les autres quand ils s'intéressent à moi obligé de deviner la signification de mes comportements en formulant sur eux des hypothèses plus ou moins complexes. Ainsi peuvent-ils se méprendre sur mon attitude lorsque je ris jaune, alors que je sais d'un savoir immédiat ce que mon rire dissimule. La présence d'autrui ne semble donc pas pouvoir apporter quelque chose d'essentiel relativement a la conscience que j'ai de moi-même.
 Pourtant, en certaines circonstances, autrui parait plus clairvoyant que moi sur mon propre compte: chacun sait qu'il ne lui est pas indispensable de consulter un psychanalyste pour apprendre sur lui-même des vérités qu'il aurait volontiers laissées a l'ombre de sa mauvaise foi ou dans la nuit de son inconscient. Tout homme en effet ne met jamais autant d'habileté a mentir et a flagorner que lorsqu'il faut se duper lui-même. Il faut donc se demander si chacun d'entre nous est bien le mieux placé pour savoir qui il est.

« « Le professeur ne doit pas apprendre des pensées [...] mais à penser.

Il ne doit pas porter l'élève mais leguider, si l'on veut qu'à l'avenir il soit capable de marcher de lui-même.

» Kant, Propos de pédagogie . Ainsi, en élargissant le contenu du mot on observe qu'il peut tout aussi bien désigner un travail qui a été faitpar un autre.

Apprendre uniquement dans les livres, c'est faire appel au savoir de ceux qui les ont écrits etc'est donc apprendre avec l'aide des autres.

Dans tous les cas l'apprentissage suppose l'autre. Même ceux qui me sont le plus proches ne peuvent me connaître que partiellement.

Tandis que je suis avecmoi-même à tout moment de mon existence.

Je connais mes pensées et mes sentiments intimes, mes qualitéset mes défauts, j'ai en mémoire la totalité de mes actes et de ma vie.

Ce qui fait l'originalité du rapport de laconscience à elle-même, c'est l'immédiateté.

Nul intermédiaire, nulle médiation, la conscience se donneimmédiatement.

Pour Descartes, la vérité se saisit dans le présent et plus précisément dans l'instant.

En effet,c'est au moment où je prononce « je suis, j'existe » que cette proposition est vraie.

C'est dans l'instant oùelle se donne que je l'éprouve dans sa vérité.

Le présent est la seule chose qui échappe au doute.

Il sedistingue du passé qui, en tant qu'il suppose la mémoire, dépend de la fiabilité de cette dernière et de lareconstruction qu'elle implique.

Seul, le présent est ce qui peut signifier cette immédiateté.

Le présent est letemps de la vérité de la conscience. Je peux me connaîtreConnais-toi toi même disait Socrate.

La connaissance de soi est bien possible, pourvu que l'on accepte dejeter sur soi même un regard franc et sans complaisance.

Même les aspects inconscients qui nous échappentd'abord peuvent être éclairés moyennant un effort un peu soutenu de notre attention.

Pour peu que je leveuille, je peux me connaître de part en part.

Ce qui est présent dans la conscience semble directementaccessible.

Un simple regard, une simple introspection suffisent.

De plus, le sens de ce qui est présent dans ma conscience est là en sa totalité.

Avec la conscience, on est donc de plain-pied dans la signification.

Bref,la conscience est transparente à elle-même.

Et ce qui se présenterait comme une zone d'ombre ne serait quela conséquence de l'inattention ou d'une attention insuffisante.

En cela le rapport de la conscience avec elle-même diffère de son rapport avec l'objet.L'objet est une zone d'opacité pour la conscience.

Quand je m'engage dans la connaissance du mondeextérieur, je quitte le domaine de la certitude.Seule la transparence de la conscience avec elle-même ouvre la sphère de la certitude.

Autrement dit, je lisdans ma conscience à livre ouvert.

La certitude n'est jamais que l'adhésion de la conscience à une véritéreconnue par elle avec évidence comme telle. Connais-toi toi même Il ne s'agit pas pour Socrate de se livrer à une investigation psychologique, mais d'acquérir la science desvaleurs que l'homme porte en lui.

Cette science importe essentiellement — bien avant de connaître la natureou les dieux.

Comment conduire sa vie pour être heureux ; voilà la question qui hante tous les hommes.L'opinion, confortée en cela par les sophistes, identifie le bonheur à la jouissance, au pouvoir, à la fortune, àla beauté.

Sans doute tout cela n'est-il pas négligeable, mais ce sont là des biens équivoques qui peuventnous être utiles, ou nous nuire selon les circonstances, l'usage qui en est fait.

Pour qu'ils deviennent utiles, ilfaut que nous sachions nous en servir et si l'homme agit toujours en vue de son bien propre, il peut setromper sur sa définition.

Si nul n'est méchant volontairement, c'est d'abord parce que nul ne veutconsciemment se nuire à lui-même et donc ce n'est que par accident que la conduite qu'il adopte peutéventuellement s'avérer mauvaise.

Par accident, non volontairement, il faut entendre par là par ignorance : sije ne connais pas la hiérarchie des biens, je serai nécessairement malheureux.

Par exemple, celui qui consacreson existence à acquérir la richesse, en viendra naturellement à nuire à autrui, donc il s'exposera à la rigueurde la loi ; de plus c'est là un bien qui dépend en large partie du hasard et qui peut échapper à tout instant.

Ilest donc inconcevable que sachant tout cela on puisse vouloir agir de la sorte.

C'est la science qui déterminel'action, elle ne peut être vaincue par les passions, seulement par l'ignorance.Le primat donné à la science explique les railleries dont Socrate accable aussi bien les institutions, enparticulier le tirage au sort des magistrats, que l'inspiration qui permettrait à certains de bien agir par unesorte d'illumination.Faisant confiance au savoir et pensant que tous les hommes — fut-ce l'esclave — portent en eux le germe dece savoir, c'est une vision délibérément optimiste que Socrate offre de l'humanité. Je suis un sujet, pas un objet de connaissance« La subjectivité est la vérité», dit Kierkegaard dans Post-scriptum aux Miettes philosophiques.

Je ne peuxconnaître que de l'intérieur.

Je suis ainsi le mieux placé pour savoir ce que je suis et quelle est ma place dansle monde.

Et, puisque je suis libre, personne, sauf moi, ne peut prétendre savoir comment je vais agir oupenser.. »

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