Suis-je ce que je dis être ?
Publié le 27/02/2008
Extrait du document
» (CRP,
A342)
- En
distinguant sujet transcendantal et sujet empirique, Kant est donc conduit à
affirmer qu?il nous est impossible de nous connaître nous-mêmes en tant que
noumène, mais seulement comme phénomène : « le premier raisonnement de la
psychologie transcendantale ne vient nous apporter qu?une prétendue lumière
nouvelle en faisant passer ce qui est constamment le sujet logique de l?activité
de pensée pour la connaissance du sujet réel de l?inhérence ? sujet réel dont
nous n?avons, ni ne pouvons avoir, la moindre connaissance (?) hors cette
signification logique du Moi, nous n?avons aucune connaissance du sujet en soi
qui, comme substrat, se trouve au fondement de ce Moi, aussi bien que de toutes
les pensées » (CRP, A350). En d?autres termes, tout ce que je peux dire sur moi
ne relève que de l?expérience : je peux me décrire sociologiquement, en tant
qu?homme ou femme, français ou italien, blanc ou noir ; je peux me présenter,
décliner mon état civil : « Hérodote d?Halicarnasse présente ici le résultat de
son enquête? » (Enquêtes ou Historie d?Hérodote) ; je peux encore
peindre ce que je crois être les traits psychologiques de mon caractère. Mais
tout cela ne dit pas ce que je suis par essence : selon Kant, je ne peux me
décrire que comme objet d?expérience, je puis indiquer ce que je suis en train
de faire à tel ou tel moment, mais je ne peux jamais me désigner comme sujet,
c?est-à-dire comme pure spontanéité ou capacité de commencer une chaîne de
causalité (définition kantienne de la liberté ? cf. les antinomies de la raison
pure).
-
Pourtant, si je ne puis jamais dire ce que je suis, n?ayant accès à moi-même
qu?en tant que phénomène, objet d?une expérience possible, et jamais en tant que
noumène, ne faut-il pas dire, d?une certaine façon, que je suis bien ce que je
dis être ? Il faut alors entendre « dire » non pas simplement comme nommer,
désigner ou même dire ce que je suis (énoncer une connaissance), mais plutôt
comme « faire ». En effet, dire ce n?est pas seulement se référer à un objet,
mais cela peut aussi être un acte : le langage est performatif (cf. Austin,
Quand dire c?est faire). Dès lors, il est vrai que je suis ce que je dis
être, au sens où en me disant tel ou tel, je me fais moi-même ? dans le même
sens, donc, où J.-P.
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