Devoir de Philosophie

Suffit-il d'appliquer le droit pour que règne la justice ?

Publié le 27/02/2008

Extrait du document

droit
Peut-on faire régner la justice ? Ne peut-on pas dire que les notions de " règne " et de simple "application" vont ensemble ? Si la justice règne, n'est-ce pas parce que le droit est appliqué ? Mais l'application du droit tel qu'il est par principe, par la loi, pour la majorité, conduit-elle nécessairement à la justice ? Ne faut-il pas plus qu'une application du droit pour parvenir à une justice ? Le juge peut-il se contenter d'appliquer le droit comme un automate ? Le droit définit seulement des règles générales, mais le juge n'a affaire qu'à des cas particuliers. Ce qui va donner son sens aux textes de droit, finalement, c'est ce qu'on appelle la jurisprudence : l'ensemble des cas particuliers qui ont été traduits en justice et qui peuvent servir d'exemples, "l'Histoire" du droit. Faire régner la justice, est-ce que c'est seulement limité à faire régner l'ordre du droit, ou de la loi ? Ou est-ce que c'est instaurer les conditions d'une société plus équitable ? Autrement dit, est-ce que c'est faire respecter le droit ou est-ce que c'est inventer le droit qui n'existe pas encore ? Référence utile : Théorie et pratique de Kant.
droit

« essentielles garantissent les citoyens contre l'arbitraire et la violence. • L'application du droit peut redresser les injustices. La présence de lois stables, valables pour tous et connues de tous est une condition primordiale; mais leur simpleexistence ne suffit pas : le droit doit être appliqué pour que soient évitées ou réparées les injustices.

Laconnaissance des lois ne suffit en effet pas toujours, soit que leur interprétation soit épineuse, soit que leurtransgression soit tentante.

Faire régner la justice implique donc effectivement que le droit puisse être appliqué etsoit donc épaulé par une force publique elle-même soumise au droit. • Mais peut-elle faire régner la justice ? Est-il toutefois plausible que l'application du droit permette d'établir véritablement le règne de la justice? Sans douteque non.

Outre qu'un système juridique n'est jamais parfait, il ne fait qu'encadrer la conduite extérieure des individussans prétendre régenter leurs intentions intérieures.

Or, le règne de la justice ne suppose-t-il pas la disposition dechacun à contribuer à ce règne? II....

mais la seule application du droit ne peut suffire. Détaillons donc les raisons qui rendent insuffisante la seule application du droit. • Le droit ne peut être appliqué que s'il est sollicité. La première raison est que le droit doit être sollicité pour être appliqué.

Or bien des injustices sont commises sansque les victimes aient recours à la force de la loi, soit par ignorance, soit parce qu'elles en sont empêchées.

Or unÉtat qui prétend détecter la moindre injustice pour la sanctionner devient vite un État policier qui étouffe touteliberté : ce qui n'est guère favorable à un règne de la justice. • Le recours systématique au droit risque de nuire à la vertu de justice. En outre, la vertu de justice comporte une disposition à renoncer parfois à faire valoir son droit, par exemple pour nepas affaiblir davantage une personne dans une situation déjà précaire.

L'homme juste ne s'acharne pas sur unadversaire et ne tente pas de tirer profit de toute situation juridique avantageuse : cela constituerait undétournement de l'esprit des lois. • D'autant plus que le droit lui-même n'est pas toujours juste. Il faut enfin rappeler qu'aucun système juridique n'est parfaitement juste, non pas parce que les lois sont forcémentmauvaises mais parce qu'il faut souvent trancher entre plusieurs demandes toutes légitimes mais incompatibles entreelles.

Tout système juridique est plus favorable à certains individus qu'à d'autres.

Ouvrer au règne de la justiceimplique par conséquent non seulement d'appliquer le droit mais aussi de travailler à le réformer lui-même. III.

Faire régner la justice ou favoriser son règne ? L'application du droit est par conséquent une condition nécessaire mais non suffisante pour qu'advienne le règne dela justice.

Faut-il considérer cet idéal comme trop élevé? • Doit-on alors se replier sur la vertu individuelle? On pourrait alors être tenté de se contenter de pratiquer la justice en quelque sorte de façon privée, en se disantque seule la vertu de chacun contribue efficacement bien que discrètement au règne de la justice. • Lutter pour la justice ... Cette pratique privée ne peut cependant être cohérente si elle ne s'accompagne pas d'un engagement social etpolitique, car la justice n'est pas seulement une question de rapports entre deux individus, il s'agit aussi de la qualitédu « vivre - ensemble » dans la société. • ...

en respectant la liberté d'autrui. Il faut enfin rappeler qu'on ne peut décider à soi seul de « faire régner la justice » comme un caïd peut « fairerégner la terreur » dans un quartier l'établissement de la justice ne relève pas d'une action isolée aussi volontairesoit-elle.

Certes, l'exemple de ceux que la tradition juive nomme « les justes » est important, mais la justice se vit àplusieurs, et je ne puis contraindre autrui à vivre de façon juste. Conclusion L'application du droit semble donc être l'exigence minimale pour établir l'esquisse d'un règne de la justice.

Lesystème du droit trace le programme de ce que doivent être les rapports justes entre les citoyens; mais la justice. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles