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Sixième partie du DISCOURS DE LA METHODE DE DESCARTES (commentaire)

Publié le 04/04/2011

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VIe PARTIE : UNE THÉORIE DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE Schéma. — L'état des esprits n'est pas si favorable à la publication d'une Physique nouvelle, supplantant celle de la tradition. Aussi Descartes se demande-t-il s'il y a lieu de faire connaître ses idées. Des raisons militent pour et contre et l'inclinent finalement à publier des échantillons de sa doctrine dont on peut espérer qu'ils feront tomber les préventions, intéresseront les bons esprits à la vraie science et stimuleront un mouvement général de la part des savants pour coordonner leurs efforts et échanger leurs résultats; il faut s'attacher à donner une mécanique et une médecine susceptibles d'améliorer les conditions matérielles de l'existence humaine. La connaissance de la nature nous est promise et aussi l'empire sur elle. La Raison, accompagnée de l'expérience, en est l'instrument et c'est pourquoi tous les hommes doivent s'intéresser à cette recherche.

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« mêmes dont il se sert montrent qu'il songe non pas à quelque opération magique mais à une recherche rationnelle,se faisant ainsi le précurseur des Voronoff et des Bogomoletz.

Quant à lui, il devait déclarer : Au lieu de trouver lesmoyens de conserver la vie, j'en ai trouvé un autre bien plus aisé et plus sûr qui est de ne pas craindre la mort.C'est le dernier mot du sage. Songeant au développement de la physique, Descartes ne se dissimule nullement l'ampleur de la tâche.

Il y faudraitla coordination des efforts, la coopération des chercheurs et la continuité entre les générations.

Et cela à cause dela multiplicité des expériences à instituer.

C'était définir les conditions de la recherche scientifique moderne qui abesoin en effet du travail par équipes, de la communication des résultats et d'amples crédits.

Toutes chosesindiquées par Descartes, un peu plus loin, qui sont à rapprocher du passage ci-dessus qu'elles complètent.A propos du recours nécessaire aux expériences, Descartes nous donne sa théorie de l'expérience.

On voit qu'il luiaccorde une place non négligeable dans la science; mais on sait par ailleurs qu'il construit sa Physique selon uneméthode toute rationnelle dont les démarches sont a priori comme les principes qui la fondent.

Comment lever leparadoxe ? Descartes lui-même a vu la difficulté: J'admire que, nonobstant que j'aie démontré en particulier presqueautant d'expériences qu'il y a de lignes en mes écrits, et, qu'ayant généralement rendu raison dans mes Principes detous les phénomènes de la nature, j'aie expliqué par même moyen, toutes les expériences qui peuvent être faitestouchant les corps inanimés et qu'au contraire on n'en ait jamais bien expliqué aucune par les principes de laphilosophie vulgaire, ceux qui la suivent ne laissent pas de m'objecter le défaut d'expériences.

Aucune contradictioncependant.

Les expériences extérieures et sensibles ont pour objet de prolonger, de confirmer l'expérienceessentielle qui est celle de l'intuition rationnelle saisissant dans l'intelligible la vérité profonde des choses qui serévèle à l'esprit comme un donné.

En effet l'intuitus mentis est une experientia, une vision de l'entendement capablede percevoir la vérité des essences dont le monde participe.

Plus simplement la démarche cartésienne pour laconnaissance de la nature est la suivante : a) On part des premiers principes, c'est-à-dire des idées claires etdistinctes que nous avons de la nature : étendue, figure et mouvement, et aussi des lois de la nature dont nousavons en nous les archétypes ou idées innées; b) Comme garantie de leur validité, on a la certitude que donne laperfection immuable de Dieu créateur de tout ce qui est et la confiance en la puissance de vérité qui estnaturellement en nous au niveau des idées innées, c) De ces principes suprêmes on déduit toutes les conséquencesqui en découlent logiquement selon l'ordre prescrit par la 3e règle de la méthode.

On procède ainsi du simple aucomplexe et des causes aux effets, évitant de se perdre dans le foisonnement du sensible et la surabondance duréel, d) Arrivé au plan des choses particulières, on se heurte à une diversité si prodigieuse que l'esprit en est d'aborddéconcerté.

Un seul recours : multiplier observations et expériences pour arriver à rendre compte des phénomènesselon un processus qui consiste à aller, cette fois, au devant des causes par les effets en recherchant par l'analysel'essence explicative des faits.

Après avoir déduit tous les êtres dont l'existence est évidente dans la nature, oncherchera par l'expérience les faits moins apparents que la déduction devra aussi expliquer pour ne rien laisser horsdes prises de la Raison, e) Enfin une dernière difficulté résulte de l'inadéquation entre la profusion de la nature et lagénéralité des principes dont on peut déduire les phénomènes de diverses façons.

On instituera alors desexpériences susceptibles d'arbitrer les diverses explications d' un même fait en déterminant l'explication réelle.L'expérience permettra de savoir lesquelles, parmi les chaînes déductives, rejoignent la nature pour s'enfoncer enelle et s'accorder avec les faits.

C'est elle qui établira la concordance ou la discordance entre une conséquencedéduite a priori et un fait naturel constaté. Les principes que j'ai expliqués sont si amples qu'on en peut déduire beaucoup plus de choses que nous n'en voyonsdans le monde, et même beaucoup plus que nous n'en saurions parcourir de la pensée en tout le temps de notre vie.C'est pourquoi je ferai ici une briève description des principaux phénomènes dont je prétends rechercher les causes;non point afin d'en tirer des raisons qui servent à prouver ce que j'ai à dire ci-après, car j'ai dessein d'expliquer leseffets par leurs causes et non les causes par leurs effets, mais afin que nous puissions choisir entre une infinitéd'effets qui peuvent être déduits des mêmes causes ceux que nous devons principalement tâcher d'en déduire.Ce n'est pas que Descartes ait négligé de mettre par écrit ses réflexions.

C'est utile pour mieux prendre consciencede ses idées, les communiquer au public éventuellement et permettre à la postérité de les connaître; mais écrire etpublier font deux.La stérilité des controverses décourage l'auteur qui les prévoit.

En fait Descartes ne se trompait pas.

Dès la parutiondu Discours, il allait être pris dans toutes sortes de disputes, avec Roberval, Fermât, Gassendi, Voetius, Régius,dont on ne sait au reste si elles lui firent perdre vraiment du temps, étant donné qu'elles contribuèrent à le maintenirdans un constant état d'alerte intellectuelle sur les plus hauts problèmes de son temps.

Sans doute y a -t-iltoujours cette considération du bien des autres qui le préoccupe; mais on peut la concevoir à longue portée etintéressant davantage les générations futures. Précurseur, Descartes l'est dans toute la force du terme.

Il pressent la fécondité ultérieure de ses découvertes: ledestin du Cogito et les progrès de la science lui ont donné parfaitement raison. Le philosophe mesure l'immensité du travail qui reste à faire.

Pourtant il sait que la plus grande difficulté réside dansl'acquisition des principes et dans l'établissement des bases d'où l'on peut partir à la conquête du savoir.Pareillement sont difficiles les débuts d'une fortune qui se constitue ou d'une campagne qui s'ouvre.

C'est qu'il y ades batailles à livrer dans l'ordre spéculatif et dont l'issue plus ou moins heureuse conditionne la solution des autresdifficultés.

Comparaison célèbre et qui invite à saluer Descartes comme un grand capitaine de l'esprit.

Péguy a biensenti le caractère militant de la pensée cartésienne dont le mérite est d'être sans peur plutôt que sans reproche, etd'avoir accepté de se battre.

« Et peut-être sa plus grande invention et sa nouveauté et son plus grand coup degénie et de force est-il d'avoir conduit sa pensée délibérément comme une action».

Et encore : «Le véritablephilosophe sait qu'il n'est point institué en face de son adversaire mais à côté de son adversaire, en face d'une. »

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