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sciences, philosophie des - philosophie.

Publié le 08/05/2013

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philosophie
sciences, philosophie des - philosophie. 1 PRÉSENTATION sciences, philosophie des, branche de la philosophie de la connaissance qui cherche à définir, à comprendre ou à montrer ce que le savoir scientifique et les activités qui lui sont associées ont de distinctif. La philosophie des sciences s'inscrit dans la tradition philosophique occidentale née en Grèce vers le Ve siècle av. J.-C : qu'est-ce que le savoir scientifique ? quel doit-être le rapport entre la science et la politique ? Telles sont les thèmes de réflexion qu'aborde, depuis toujours, la philosophie des sciences. 2 SCIENCE ET PHILOSOPHIE La philosophie, au sens où l'on entend ce terme aujourd'hui, a acquis une apparence d'autonomie par rapport aux sciences surtout à la suite d'une démarcation administrative, et tout particulièrement scolaire. Apparu progressivement, ce clivage s'est accusé au fil des deux derniers siècles. Jusqu'au XIXe siècle, il n'existe pas de distinction vraiment nette entre « savant « et « philosophe «, les appellations de « chercheur « ou de « scientifique « ne s'étant généralisées, en français, que depuis quelques décennies. On ne s'étonnera donc pas de retrouver aujourd'hui les noms de Descartes, Leibniz ou Newton aussi bien dans des manuels de physique ou de mathématiques que dans des livres de philosophie. Un autre indice de la cohésion perdue entre science et philosophie se trouve dans l'appellation « philosophie naturelle «, usitée jusqu'au milieu du XIXe siècle pour qualifier ce que l'on baptise aujourd'hui du terme voisin de « physique « (du grec physis signifiant « nature «). Longtemps la philosophie a eu le statut de mère des sciences. Un indice de cette hiérarchie transparaît encore dans l'ordre des diplômes du monde anglophone : l'équivalent du doctorat y est le « PhD «, un sigle signifiant « doctorat en philosophie « dont on ne précise qu'ensuite la discipline particulière à laquelle il se rapporte : on parle, par exemple, de PhD en économie, en informatique, en littérature française, etc. 3 PHILOSOPHIE DES SCIENCES ET ÉPISTÉMOLOGIE En France, on attribue généralement à André-Marie Ampère (surtout connu pour ses travaux en électricité) l'origine de l'appellation « philosophie des sciences «. Outre-Manche, sur la base du mot épistémé, qui désigne en grec un type de savoir que l'usage traduit par « connaissance « ou « science «, le métaphysicien anglais James Ferrier forge en 1854 le vocable epistemology (épistémologie) pour signifier discours (en grec logos) sur le savoir (épistémé). En langue anglaise, ce terme garde encore aujourd'hui l'acception très générale de théorie de la connaissance, sans restriction à la science ou aux sciences particulières. La traduction du terme anglais epistemology en français (épistémologie) s'accompagne du dépouillement d'une bonne part de l'intérêt porté aux questions d'ordre psychologique que soulève une théorie générale de la connaissance humaine. En 1908, le philosophe Émile Meyerson constate déjà que le mot « épistémologie « tend à désigner la philosophie des sciences, qu'elle s'intéresse à la science en général ou aux problèmes propres à une discipline particulière. Ce sens plus restreint du mot « épistémologie « est caractéristique de la tradition française et n'a pas cours dans les publications internationales, majoritairement anglophones. C'est sans doute en raison de cette suprématie que l'appellation « philosophie des sciences « semble aujourd'hui rivaliser à nouveau avec celle d'« épistémologie «. 4 QUESTIONNEMENT DES PHILOSOPHES DES SCIENCES Il n'y a pas de liste définitive des problèmes abordés par la philosophie des sciences, ne serait-ce qu'en raison de questionnements nouveaux, ou renouvelés, suscités par le progrès scientifique. Ainsi, surtout quand ils sont associés à des disciplines particulières, certains thèmes philosophiques apparaissent, s'estompent ou resurgissent, plus ou moins travestis, au gré des avancées des disciplines scientifiques ou de leurs succès médiatiques. Par exemple, une nouvelle théorie ou péripétie de l'astrophysique pourra réactualiser ou remodeler un ensemble de questions sur l'origine de l'Univers ; une nouvelle découverte paléontologique pourra renouveler les interrogations sur l'identité de l'homme. Parmi la myriade de questions irrésolues posées par la philosophie des sciences, nombre d'entre-elles suscitent encore aujourd'hui ouvrages et articles spécialisés, notamment en raison des enjeux politiques, économiques et sociaux qu'elles impliquent. 4.1 Identification de la science Une question proprement fondamentale porte sur ce qu'est la science. Héritée de philosophes grecs comme Platon ou Aristote, une première réponse consiste à dire que pour identifier quelque chose, il suffit de dégager un ou plusieurs critères essentiels censés en permettre une définition concise et exhaustive. Or, bien que le terme de « science « nous soit familier et qu'on lui associe sans hésitation des faits, des acteurs ou des situations, personne n'est parvenu, à ce jour, à le définir de façon satisfaisante ou faisant l'unanimité. Pourtant, certains termes gravitent autour d'une définition toujours fuyante : « vérité «, « réalité «, « certitude «, « justification «, « méthode «, « rigueur «, « démonstration «, « universalité « ou « généralité «. Mais ces termes eux-mêmes sont ambigus. Platon suggère que la science est un savoir vrai justifié. À moins de croire, comme lui, qu'il n'y a science que lorsque sont révélées des réalités éternelles, on peut objecter que l'histoire abonde d'exemples de vérités considérées comme « scientifiques « qui ont fini par se révéler fausses ou au moins douteuses. De plus, les sciences se contentent souvent de faire le constat de phénomènes naturels sans parvenir, ou même chercher, à les justifier. Certains axiomes mathématiques sont également posés comme vrais sans être ni justifiés, ni même évidents. La définition de Platon ne recouvrirait donc pas l'ensemble de ce que l'on tient aujourd'hui pour scientifique. 4.2 Que cherche la science ? On peut également s'interroger, non pas sur une éventuelle définition de la science, mais sur ce qui en constituerait l'objectif ultime. Ici encore, l'héritage antique pèse de tout son poids. Selon certains penseurs grecs, la science cherche ce qui est à l'origine des phénomènes naturels. Le mot grec pour cette origine est aitia, une racine que l'on retrouve aujourd'hui dans le terme « étiologie «, une terminologie employée surtout en médecine pour désigner ce qui déclenche une maladie. Il existe deux termes plus courants pour désigner cette origine : « cause « ou « raison «. Si l'on privilégie le premier, on dira qu'un phénomène est connu scientifiquement si l'on est en mesure d'en indiquer la cause. Du coup, le but de la science est la recherche des causes. Si l'on insiste plutôt sur le mot « raison «, on dira, par exemple, que la science tente surtout d'expliquer les phénomènes naturels. Bien sûr, si l'on confond « cause « et « raison «, il n'y a plus grande différence entre ces deux approches. Mais alors que la connaissance de la cause d'un effet permet d'en donner une raison, l'inverse pose quelques problèmes car toute raison n'est pas une cause : il serait pour le moins bizarre de dire que la raison pour laquelle le nombre 7 est un nombre premier est la cause du fait que le nombre 7 est un nombre premier. 4.2.1 Controverse sur les causes Certains soutiennent que la recherche des causes des phénomènes naturels constitue bien le fond de l'activité scientifique. Déjà, des mathématiciens pourraient ne pas être d'accord. Mais on peut aussi objecter que la notion de cause, bien qu'utile et d'un usage très banal, est foncièrement obscure. Le philosophe écossais David Hume (1711-1776) prétend ainsi qu'il est impossible de clarifier en quoi consiste la « production « dont il est question dans une expression comme « la cause produit l'effet «. Selon lui, le rapport de cause à effet se réduit, en tout et pour tout, à une « conjonction constante «. Autrement dit, l'association cause-effet n'est pas l'expression d'une quelconque relation naturelle, mais le simple résultat d'une habitude. En réduisant ainsi la causalité à l'habitude, Hume en fait une caractéristique anthropologique, ou sociale, de la connaissance humaine. Cette critique a pour conséquence de déplacer l'objectif des sciences de la nature. Il ne s'agit alors plus de mettre en évidence des causes inconnues, voire même fantomatiques, mais d'observer le monde et de relever tout particulièrement ce qui s'y déroule de façon régulière. Ce genre d'approche est au coeur des courants philosophiques plaçant la notion de loi au centre de toute enquête scientifique. Le plus fameux d'entre eux est certainement le positivisme, une sensibilité caractéristique de la science française de la fin du XVIIIe et du début du XIXe siècle, et dont le représentant et le théoricien le plus célèbre est Auguste Comte. Cette appellation reparaîtra au XXe siècle, avec le positivisme logique, un courant de pensée influencé par les thèses du philosophe et physicien autrichien Ernst Mach. La montée du nazisme entraînera l'émigration de représentants notoires de ce courant vers les États-Unis et l'Angleterre où leur doctrine s'épanouira au milieu du siècle. Les positivistes ont en commun une profonde défiance à l'encontre du concept de cause qui évoque pour eux les brumes d'arrière-mondes métaphysiques auxquels personne ne serait tenu de croire. En revanche, ils privilégient le concept de loi, entendu comme simple régularité constatée expérimentalement et permettant de relier certains phénomènes observables. Cependant, tous les philosophes qui accordent une place centrale aux lois ne sont pas des positivistes dans la mesure où ils estiment qu'il s'agit d'éléments constitutifs de la nature et indépendants des observations humaines. 4.2.2 Réalisme et anti-réalisme Autour de controverses, comme celle sur les causes, s'ordonne un clivage partageant les philosophes des sciences en deux tendances : les réalistes et les anti-réalistes. La pomme de discorde n'est pas tellement les « phénomènes « -- c'est-à-dire, suivant l'étymologie du terme, ce qui apparaît aux yeux des hommes --, mais les entités « théoriques « -- ce dernier terme ayant pour origine le mot grec theoria qui signifie « contemplation « ou « observation «. Dans le vocabulaire scientifique, certains termes renvoient à des objets visibles comme le Soleil ou une cellule vivante observée à l'aide d'un microscope. D'autres termes se rapportent à des entités invisibles : l'électron, la force de gravitation, etc. Le réaliste croit en l'existence des entités théoriques (invisibles), alors que l'anti-réaliste n'y croit pas et estime, par exemple, qu'il ne s'agit que d'expressions commodes permettant de faciliter les échanges car elles seraient des résumés de constats trop longs à détailler. 4.3 Que faire de la science ? Certains philosophes pensent que la science a pour but principal de décrire le monde dans sa totalité : ils privilégient ainsi une attitude théorétique, contemplative. On retrouve une attitude de ce genre surtout dans certains milieux universitaires ou académiques, peu soucieux des interférences techniques ou industrielles et plutôt partisans de « la science pour la science « et de recherche fondamentale désintéressée. À l'inverse, on peut privilégier surtout les aspects pratiques ou politiques de la science. L'un des plus fervents partisans de cette attitude est le philosophe français Auguste Comte, inventeur du mot « sociologie « et d'un système philosophique censé permettre de réorganiser la société française bouleversée par la Révolution. L'une de ses plus fameuses devises était : « Science d'où prévoyance ; prévoyance d'où action «. Un important courant philosophique apparu aux États-Unis à la fin du XIXe siècle insiste lui aussi sur le caractère pratique et collectif de l'activité scientifique : il s'agit du pragmatisme, mouvement dont les pères fondateurs sont Charles Sanders Peirce, William James et John Dewey. Plus que sur les notions de cause ou de loi, les pragmatistes insistent sur l'efficacité croissante de la science pour résoudre des problèmes relatifs à la nature et sur le consensus sur lequel devrait déboucher le développement des sciences. 4.4 Prédiction Le pouvoir de prédiction des théories est un thème capital pour les philosophies privilégiant tout particulièrement l'action scientifique. Il soulève toutefois des problèmes dépassant le seul domaine des applications de la science. Ainsi, même quelqu'un estimant que la science vise seulement une description vraie du monde valorisera au plus haut point la justesse des prédictions. En effet, il y trouvera sans doute une confirmation indirecte de la justesse de la description conduisant à une telle prédiction. Mais quel que soit l'intérêt que l'on accorde aux prédictions, elles ne seront sans doute prises au sérieux que s'il s'agit d'extrapolations à partir de faits établis. Ainsi, on attend d'une loi, ou d'une relation causale, qu'elle soit vraie dans d'autres situations ou qu'elle s'applique à d'autres expériences que celles qui ont permis de l'établir. Sous prétexte que l'on a fait bouillir de l'eau à 100 °C tous les dimanches de l'an 2000, on ne considère pas comme une loi l'énoncé suivant : « Tous les dimanches de l'an 2000, l'eau est entrée en ébullition à 100 °C «. Il serait plus fécond de dire : « Le dimanche, l'eau bout à 100 °C «, ou encore mieux : « L'eau bout à 100 °C «. Cette dernière formulation est jugée plus féconde dans la mesure où sa généralité permet d'anticiper ou de prévoir ce qui va se passer lorsque la température de l'eau atteindra 100 °C. En un sens, en étendant le pouvoir de la connaissance le caractère prédictif l'enrichit et la complète. 4.5 Question de méthode Avec la question de la prédiction, l'opposition entre réalistes et anti-réalistes déborde du domaine de l'abstraction et de la spéculation pour s'étendre à des préoccupations méthodologiques. Est-il bien prudent de parler de connaissance à la fois plus vaste et plus assurée sous prétexte que certaines prédictions sont confirmées ? Disposant d'un ensemble de données présentant telle ou telle caractéristique, qu'est-ce qui garantit la justesse de l'extrapolation que l'on va en faire à des situations jugées comparables ? Rien. C'est du moins la réponse apportée -- notamment par Hume -- au problème posé par le raisonnement inductif (ou induction), opérant par extrapolation, que ce soit en étendant un résultat à un autre cas particulier, en procédant à une généralisation ou encore à une anticipation sur l'avenir. « Qu'est-ce qui me garantit que le Soleil va se lever demain ? «, demande Hume. Rien, si ce n'est -- encore une fois -- l'habitude. Un raisonnement déductif, par exemple de type logico-mathématique, est mal placé pour venir compenser directement les défaillances de l'induction car, à strictement parler, il opère sur des symboles. L'application du calcul à des situations expérimentales demande des règles pratiques -- et non pas logiques ou mathématiques -- dont la détermination des conditions de validité réintroduit, de façon plus ou moins visible, des problèmes de type inductif. Ainsi, les incertitudes de l'induction contaminent toute spéculation sur les causes ou sur les théories explicatives : ce n'est pas parce qu'une théorie ou une explication rend compte de façon satisfaisante d'un ensemble de données ou d'expériences, qu'elle va tout aussi bien rendre compte d'autres expériences ou de nouvelles données. Pour ceux qui pensent que la science a pour but de décrire le monde avec ses principes régulateurs, le problème de l'induction est un obstacle à résoudre ou à éliminer s'ils veulent rendre indiscutable la description proposée. Tolérer que des prédictions soient à la fois scientifiques et incertaines et que le raisonnement inductif ait droit de cité dans les sciences revient à se contenter d'un registre probabiliste. Autrement dit, il faut admettre que les meilleures prédictions ne sont jamais que probables. Quand on songe au problème de l'induction, aux difficultés d'interprétation posées par la mécanique quantique, ou encore à l'importance pratique prise par les méthodes statistiques, on se doute de l'importance prise en philosophie des sciences par la réflexion sur les probabilités. Une tentative célèbre d'élimination du problème de l'induction est associée au philosophe britannique d'origine autrichienne Karl Popper. Selon lui, la démarche proprement scientifique dans la recherche de théories explicatives est de type hypothético-déductive. Elle consiste à formuler des conjectures, des hypothèses, dont sont ensuite déduites des conséquences susceptibles d'être testées expérimentalement. En cas de succès, la conjecture, l'hypothèse ou la théorie est corroborée ; sinon elle est falsifiée. L'une des plus célèbres objections faites à cette approche comme à toutes celles reposant sur le concept d'expérience cruciale -- l'objection dite holistique ou de Duhem-Quine ( voir Quine, Willard) -- stipule qu'un test ne porte jamais sur une hypothèse isolée, mais sur tout un réseau d'hypothèses qu'il est toujours possible de rectifier en un point ou en un autre afin de le rendre compatible avec l'expérience. 4.6 Science et société La philosophie des sciences ne se limite pas à des thèmes aussi généraux et abstraits que les précédents. L'importance des facteurs humains transparaît surtout dans des philosophies croisant l'histoire ou la sociologie. La situation en France en donne un bon exemple pour deux raisons : d'une part, la tradition philosophique française des deux derniers siècles est fortement encline à l'histoire des idées ou au commentaire ; d'autre part, l'épistémologie française a longtemps été peu perméable au positivisme logique que l'on sait souvent radicalement anhistorique. Quelques noms prestigieux -- Pierre Duhem, Gaston Bachelard, Georges Canguilhem, Alexandre Koyré -- peuvent illustrer l'association étroite existant entre une certaine épistémologie à la française et l'histoire des sciences. Dans cette tradition, l'histoire est fréquemment au moins un accessoire méthodologique. Ainsi, la thèse la plus fameuse de Bachelard consiste à dire que ce qu'il appelle « l'esprit scientifique « progresse de manière dialectique, en s'opposant parfois à lui-même et en opérant des ruptures épistémologiques par rapport à des connaissances périmées ou mal placées. Par exemple, il serait urgent de rompre radicalement avec avis et jugements relevant de ce que Bachelard appelle « opinion « ou « sens commun «. Or, c'est en puisant largement dans l'histoire scientifique des derniers siècles qu'il entreprend d'étayer cette thèse. Un regain d'intérêt pour la dimension humaine ou sociale des sciences s'est manifesté également dans la philosophie anglo-saxonne à partir des années 1960 avec le véritable best-seller qu'est encore aujourd'hui la Structure des révolutions scientifiques (1962) de Thomas Kuhn. Les thèses de Kuhn portent surtout sur la dynamique interne de la science. En particulier, elles prétendent que les scientifiques sont engoncés dans de véritables carcans intellectuels -- les fameux « paradigmes « --, à tel point qu'en période de crise ou de polémique, leurs prises de décisions théoriques ne relèvent guère de choix rationnels mais s'apparentent plutôt à de véritables conversions. Cet ouvrage iconoclaste a stimulé une profusion de travaux. Que ce soit dans le sillage de Kuhn, dans celui de l'histoire des idées, ou en réponse aux critiques souvent corrosives d'une sociologie des sciences particulièrement prolifique dans le dernier quart du XXe siècle, de nombreux travaux philosophiques contemporains accordent une place de premier plan à la dimension humaine des sciences, qu'elle soit d'ordre politique, social ou même cognitif. Et en effet, l'essor des sciences cognitives et le regain d'intérêt pour la philosophie de l'esprit ramènent certains courants de la philosophie des sciences vers la théorie générale de la connaissance. En somme, la philosophie des sciences d'aujourd'hui ne se réduit pas à un seul courant dominant mais présente, au contraire, de multiples facettes témoignant de sa vitalité. Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.
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« On peut également s’interroger, non pas sur une éventuelle définition de la science, mais sur ce qui en constituerait l’objectif ultime.

Ici encore, l’héritage antique pèse de tout son poids.

Selon certains penseurs grecs, la science cherche ce qui est à l’origine des phénomènes naturels.

Le mot grec pour cette origine est aitia, une racine que l’on retrouve aujourd’hui dans le terme « étiologie », une terminologie employée surtout en médecine pour désigner ce qui déclenche une maladie.

Il existe deux termes plus courants pour désigner cette origine : « cause » ou « raison ».

Si l’on privilégie le premier, on dira qu’un phénomène est connu scientifiquement si l’on est en mesure d’en indiquer la cause.

Du coup, le but de la science est la recherche des causes.

Si l’on insiste plutôt sur le mot « raison », on dira, par exemple, que la science tente surtout d’expliquer les phénomènes naturels.

Bien sûr, si l’on confond « cause » et « raison », il n’y a plus grande différence entre ces deux approches.

Mais alors que la connaissance de la cause d’un effet permet d’en donner une raison, l’inverse pose quelques problèmes car toute raison n’est pas une cause : il serait pour le moins bizarre de dire que la raison pour laquelle le nombre 7 est un nombre premier est la cause du fait que le nombre 7 est un nombre premier. 4.2. 1 Controverse sur les causes Certains soutiennent que la recherche des causes des phénomènes naturels constitue bien le fond de l’activité scientifique.

Déjà, des mathématiciens pourraient ne pas être d’accord.

Mais on peut aussi objecter que la notion de cause, bien qu’utile et d’un usage très banal, est foncièrement obscure.

Le philosophe écossais David Hume (1711-1776) prétend ainsi qu’il est impossible de clarifier en quoi consiste la « production » dont il est question dans une expression comme « la cause produit l’effet ».

Selon lui, le rapport de cause à effet se réduit, en tout et pour tout, à une « conjonction constante ».

Autrement dit, l’association cause-effet n’est pas l’expression d’une quelconque relation naturelle, mais le simple résultat d’une habitude. En réduisant ainsi la causalité à l’habitude, Hume en fait une caractéristique anthropologique, ou sociale, de la connaissance humaine. Cette critique a pour conséquence de déplacer l’objectif des sciences de la nature.

Il ne s’agit alors plus de mettre en évidence des causes inconnues, voire même fantomatiques, mais d’observer le monde et de relever tout particulièrement ce qui s’y déroule de façon régulière.

Ce genre d’approche est au cœur des courants philosophiques plaçant la notion de loi au centre de toute enquête scientifique.

Le plus fameux d’entre eux est certainement le positivisme, une sensibilité caractéristique de la science française de la fin du XVIII e et du début du XIX e siècle, et dont le représentant et le théoricien le plus célèbre est Auguste Comte.

Cette appellation reparaîtra au XXe siècle, avec le positivisme logique, un courant de pensée influencé par les thèses du philosophe et physicien autrichien Ernst Mach.

La montée du nazisme entraînera l’émigration de représentants notoires de ce courant vers les États-Unis et l’Angleterre où leur doctrine s’épanouira au milieu du siècle.

Les positivistes ont en commun une profonde défiance à l’encontre du concept de cause qui évoque pour eux les brumes d’arrière-mondes métaphysiques auxquels personne ne serait tenu de croire.

En revanche, ils privilégient le concept de loi, entendu comme simple régularité constatée expérimentalement et permettant de relier certains phénomènes observables.

Cependant, tous les philosophes qui accordent une place centrale aux lois ne sont pas des positivistes dans la mesure où ils estiment qu’il s’agit d’éléments constitutifs de la nature et indépendants des observations humaines. 4.2. 2 Réalisme et anti-réalisme Autour de controverses, comme celle sur les causes, s’ordonne un clivage partageant les philosophes des sciences en deux tendances : les réalistes et les anti-réalistes.

La pomme de discorde n’est pas tellement les « phénomènes » — c’est-à-dire, suivant l’étymologie du terme, ce qui apparaît aux yeux des hommes —, mais les entités « théoriques » — ce dernier terme ayant pour origine le mot grec theoria qui signifie « contemplation » ou « observation ».

Dans le vocabulaire scientifique, certains termes renvoient à des objets visibles comme le Soleil ou une cellule vivante observée à l’aide d’un microscope.

D’autres termes se rapportent à des entités invisibles : l’électron, la force de gravitation, etc.

Le réaliste croit en l’existence des entités théoriques (invisibles), alors que l’anti-réaliste n’y croit pas et estime, par exemple, qu’il ne s’agit que d’expressions commodes permettant de faciliter les échanges car elles seraient des résumés de constats trop longs à détailler. 4. 3 Que faire de la science ? Certains philosophes pensent que la science a pour but principal de décrire le monde dans sa totalité : ils privilégient ainsi une attitude théorétique, contemplative.

On retrouve une attitude de ce genre surtout dans certains milieux universitaires ou académiques, peu soucieux des interférences techniques ou industrielles et plutôt partisans de « la science pour la science » et de recherche fondamentale désintéressée. À l’inverse, on peut privilégier surtout les aspects pratiques ou politiques de la science.

L’un des plus fervents partisans de cette attitude est le philosophe français Auguste Comte, inventeur du mot « sociologie » et d’un système philosophique censé permettre de réorganiser la société française bouleversée par la Révolution.

L’une de ses plus fameuses devises était : « Science d’où prévoyance ; prévoyance d’où action ».

Un important courant philosophique apparu aux États-Unis à la fin du XIX e siècle insiste lui aussi sur le caractère pratique et collectif de l’activité scientifique : il s’agit du pragmatisme, mouvement dont les pères fondateurs sont Charles Sanders Peirce, William James et John Dewey.

Plus que sur les notions de cause ou de loi, les pragmatistes insistent sur l’efficacité croissante de la science pour résoudre des problèmes relatifs à la nature et sur le consensus sur lequel devrait déboucher le développement des sciences. 4. 4 Prédiction Le pouvoir de prédiction des théories est un thème capital pour les philosophies privilégiant tout particulièrement l’action scientifique.

Il soulève toutefois des problèmes dépassant le seul domaine des applications de la science.

Ainsi, même quelqu’un estimant que la science vise seulement une description vraie du monde valorisera au plus haut point la justesse des prédictions.

En effet, il y trouvera sans doute une confirmation indirecte de la justesse de la description conduisant à une telle prédiction. Mais quel que soit l’intérêt que l’on accorde aux prédictions, elles ne seront sans doute prises au sérieux que s’il s’agit d’extrapolations à partir de faits établis.

Ainsi, on attend d’une loi, ou d’une relation causale, qu’elle soit vraie dans d’autres situations ou qu’elle s’applique à d’autres expériences que celles qui ont permis de l’établir.

Sous prétexte que l’on a fait bouillir de l’eau à 100 °C tous les dimanches de l’an 2000, on ne considère pas comme une loi l’énoncé suivant : « Tous les dimanches de l’an 2000, l’eau est entrée en ébullition à 100 °C ».

Il serait plus fécond de dire : « Le dimanche, l’eau bout à 100 °C », ou encore mieux : « L’eau bout à 100 °C ».

Cette dernière formulation est jugée plus féconde dans la mesure où sa généralité permet d’anticiper ou de prévoir ce qui va se passer lorsque la température de l’eau atteindra 100 °C.

En un sens, en étendant le pouvoir de la connaissance le caractère prédictif l’enrichit et la complète. 4. 5 Question de méthode Avec la question de la prédiction, l’opposition entre réalistes et anti-réalistes déborde du domaine de l’abstraction et de la spéculation pour s’étendre à des préoccupations méthodologiques.. »

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