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Schopenhauer : le bonheur et le désir Commentaire de texte bac Bac L 2009

Publié le 13/12/2012

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Schopenhauer sur le bonheur et le désir : Annale bac 2009, Série L - France métropolitaine Introduction A travers l'analyse de la notion de désir, elle-même directement liée à l'idée que les hommes se font du bonheur, et dans la mesure où le bonheur serait en quelque sorte la résultante de la satisfaction de ce désir - Schopenhauer, philosophe allemand du 19ème siècle, nous livre une vision pessimiste ou négative de la manière dont sont organisés les désirs humains. Le désir correspond essentiellement, à travers la conception qu'il nous en présente, à un manque que les hommes ne pourraient jamais combler. Pour trouver le bonheur, il faudrait renoncer aux désirs, jamais satisfaits, toujours renouvelés. Le caractère insatiable du désir l'annule en effet comme condition de possibilité du bonheur. Dans le premier moment de ce texte, Schopenhauer explique que le désir est une sorte de moteur à travers lequel, par la satisfaction de ce désir, nous pourrions accéder au bonheur. Mais il n'en est rien, puisque la satisfaction du désir, provoquant la disparition de ce désir, provoque en même temps la disparition du bonheur qui aurait pu résulter de cette satisfaction. Dans un second temps, le philosophe allemand explicite la thèse selon laquelle le désir, orienté vers la "conquête" d'un bien, n'aboutit jamais, contrairement à ce que l'on pouvait espérer, à la possession véritable de ce bien. Le désir est essentiellement défini, dans ce passage du texte, comme "besoin", lequel est lié à une "douleur". Schopenhauer en conclut, dans un troisième moment, que le désir, parce qu'il est fondamentalement lié à un manque, ne peut en aucun cas être lié à un plaisir : il ne représente que le symptôme d'un manque ontologique, c'est-à-dire constitutif de l'essence même de l'homme, lui-même associé à une souffrance. Le seul bonheur que nous puissions espérer, c'est celui que nous procure la cessation des souffrances. Partie I Schopenhauer n'établit pas de distinction véritable entre la satisfaction et le bonheur, et ne semble pas s'embarrasser, par conséquent, de ce qui les différencie. Traditionnellement en effet, dans l'histoire de la philosophie, la satisfaction est un état transitoire, non durable, que procure la réalisation de certains désirs, la concrétisation de certains espoirs, mais qui ne suffisent pas à construire un bonheur véritable, même s'ils peuvent contribuer à ce bonheur. En outre, le bonheur est considéré comme un état durable, auquel seul, d'après Aristote ou d'après Platon, le philosophe pouvait prétendre accéder. Le bonheur est en effet ce "bien suprême" ou ce "Souverain Bien" auquel on ne peut comparer les satisfactions. Spinoza, au 17ème siècle, reprend d'une certaine manière cet héritage lorsque dans l'Ethique, il assimile le bonheur à la béatitude à laquelle parvient celui qui, grâce à l'usage de la raison, est parvenu à la connaissance et donc à la maîtrise de ses passions. La satisfaction, ou le bonheur, selon Schopenhauer, est donc "négatif" et ne contient rien de "positif". Il affirme donc clairement, en ayant explicitement recours à une antonymie, que nous ne devons rien attendre de la satisfaction ou du bonheur. D'emblée, il annonce donc la thèse selon laquelle nous devons renoncer à faire de cette satisfaction ou de ce bonheur une finalité. Le désir est ensuite défini comme "privation" : cette définition du désir est elle-même classique dans l'histoire de la philosophie, notamment dans "Le Banquet", à travers le mythe de la naissance d'Eros ou à travers le mythe d'Aristophane, que retranscrit Platon dans ce dialogue. L'expression selon laquelle le manque ou la "privation", assimilée au "désir" serait "la condition préliminaire de toute jouissance" peut ...
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« C'est pourquoi le désir est n égatif : il r ésulte d'une insatisfaction premi ère. Comment, donc, une satisfaction   pourrait­elle na ître d'une insatisfaction ? C'est en substance la question que pose implicitement   Schopenhauer ­ et la r éponse est  évidemment contenue dans cette question purement rh étorique. Toutefois,   c'est par un autre proc édé que Schopenhauer nous fait comprendre pourquoi le d ésir est essentiellement   n égatif : lorsque nous satisfaisons un d ésir, ce d ésir, naturellement, dispara ît, et donc avec lui la satisfaction   qui en r ésultait. Le proc édé est ici de type apor étique : nous sommes dans une impasse. Nous recherchons   une satisfaction qui s' évanouit aussit ôt que nous l'avons obtenue. La qu ête est inutile. Nous nous  épuisons   dans une recherche sans objet. Le philosophe en arrive  à la conclusion selon laquelle toute satisfaction est la   r ésultante d'une "d élivrance  à l'égard d'une douleur, d'un besoin". Non seulement le d ésir na ît de la douleur,   mais encore il n'est finalement que l'expression d'un "besoin" : ici  également, Schopenhauer ne s'embarrasse   pas de la distinction classique entre "d ésir" et "besoin" ­ le d ésir rel èverait d'une qu ête en quelque sorte   spirituelle, tandis que le besoin, co ïncide avec la partie biologique ou physiologique du fonctionnement de   notre corps. Le besoin est ce qui nous lie  à la partie naturelle animale de nous­m êmes : comme les animaux,   nous avons besoin de manger, de boire, de nous prot éger des dangers ext érieurs, de poss éder un habitat,   pour survivre. Le besoin serait donc li é à la survie, tandis que le d ésir serait li é à la vie, au sens noble du   terme : nous acc édons  à la vie authentique lorsque nous avons satisfait tous nos besoins.  Schopenhauer, pour d éfinir le d ésir, livre  à la fin de ce premier moment du texte une pr écision suppl émentaire   : le d ésir n'est pas seulement une souffrance, il est encore ce qui peut troubler "notre repos"; il peut  être aussi   "l'ennui, qui nous fait de l'existence un fardeau". Le d ésir rev êt donc plusieurs facettes, toutes  également   n égatives. Le d ésir est un tourment, il nous arrache  à la s érénité à laquelle nous pr étendons. Il est un trouble.

  Mais il est aussi, de mani ère presque oppos ée, ce qui nous plonge dans la torpeur. A l'oppos é du trouble en   effet, ou de l'agitation qui menace notre tranquillit é, il y a l'ennui, qui nous installe dans un  état l éthargique.

  Agitation quasi n évrotique d'un c ôté, pourrait­on dire, ou d ésœuvrement pathologique et mortif ère, qui ne   ressemble en rien  à l'"ataraxie" des Epicuriens : voil à quels sont les  états dans lesquels nos d ésirs nous   plongent. Partie II Mais ce n'est pas tout : la poursuite d'un bien est en elle­m ême  épuisante. Nous travaillons vainement  à   acqu érir des biens en eux­m êmes quasiment inaccessibles. Quand bien m ême nous finirions par les   atteindre, ils sont de toute fa çon en eux­m êmes incapables de nous procurer la satisfaction que nous en   attendions. C'est une grande et forte illusion que d énonce Schopenhauer  à travers la critique du d ésir qu'il   é tablisse; l'argumentation qu'il d éveloppe vise  à nous d ébarrasser de cette illusion. Les biens que nous   recherchons ne sont pourtant jamais d éfinis. En effet, de quoi s'agit­il ? Nous l'ignorons. S'agit­il de d ésirer la   gloire, les honneurs, l'argent, la possession d'une femme, la sant é, une maison luxueuse, des mets raffin és,   des boissons exquises ? S'agit­il de d ésirs naturels et n écessaires (ceux qui correspondent  à des "besoins",   et qui doivent  être satisfaits), de d ésirs naturels non n écessaires (boire du vin et non de l'eau, ou manger plus   que notre corps n'en a besoin), ou de d ésirs non naturels et non n écessaires (la richesse et les honneurs) ?   Epicure en effet, dans la "Lettre  à M énécée" hi érarchisait les d ésirs en en  établissant trois sortes ­ afin de   montrer, principalement, que tous les d ésirs n'avaient pas  à être satisfaits ­ qu'il en existait de nobles et de   moins nobles.  Pour Schopenhauer, tous les d ésirs sont n égatifs, pour la simple raison que la r éalisation d'un d ésir ne peut   jamais correspondre  à un avantage ou  à un gain. Nous sommes toujours perdants. Nous revenons toujours  à   "l' état o ù l'on se trouvait avant l'apparition de ce d ésir". Nous savons par avance que tous nos efforts pour   obtenir les biens convoit és seront vains. A quoi bon s'agiter ? Nous en sommes finalement r éduits  à une   seule exp érience,  à un "seul fait imm édiat" : celui du "besoin", c'est­ à­dire de la "douleur". Pour ce qui   concerne leurs contraires, la "satisfaction et la jouissance", nous ne serons jamais en pr ésence d'un "fait   imm édiat", mais tout au contraire d'un fait, en quelque sorte, "m édiat" : c'est en effet "indirectement", c'est­ à­ dire de fa çon m édiate, par l'interm édiaire de quelque chose d'autre, que nous acc édons  à la satisfaction ou  à  . »

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